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Attentat Habyarimana : le Rwanda satisfait de la nouvelle orientation de l’enquête française

Kigali se félicite des nouvelles conclusions de l'enquête française sur les tirs qui ont abattu l'avion du président Habyarimana au Rwanda en 1994. Un attentat considéré comme un élément déclencheur du génocide. Selon le gouvernement ce rapport « rend justice » à la position soutenue par le Rwanda. Presque 18 ans après les faits, un rapport d'expertise conclut donc que les tirs de missiles venaient du camp militaire de Kanombé tenu par les loyalistes de l'époque. Une version qui contredit la thèse du juge Bruguière, le premier juge français en charge de l'affaire. Une version surtout qui exonère les proches de l'actuel président Paul Kagamé, des proches qui étaient jusque là inculpés.



Attentat Habyarimana : le Rwanda satisfait de la nouvelle orientation de l’enquête française
« C'est une journée historique», clamait le 10 janvier Maître Maingain, avocat des personnalités rwandaises poursuivies pour cet attentat depuis l'enquête du juge Bruguières.
Maître Bernard Maingain

Avocat des personnalités proches du président rwandais Paul Kagamé

Toute la thèse qui avait été construite visant à accuser nos clients est entrain de s'effondrer totalement.

En 2006, sur la base de témoignages, et sans jamais s'être rendu au Rwanda, Jean-Louis Bruguière concluait que l'attentat contre l'avion du président Juvénal Habyarimana en 1994 était le fait de rebelles du FPR infiltrés sur la colline de Massaka surplombant l'aéroport à Kigali.

Ce que disent aujourd'hui les géomètres et experts en balistique, acoustique, explosifs et incendie, désignés il y a 20 mois par les juges qui ont repris le dossier, c'est que les missiles sont partis d'une autre colline, la colline de Kanombé, qui abritait une importante base de l'armée du régime Habyarimana.

Voilà qui fragilise un peu plus le dossier Bruguière, alors que plusieurs témoins à charge s'étaient rétractés. D'où la satisfaction des avocats des sept proches du président rwandais Paul Kagamé poursuivis par la justice française. Pour eux, ce rapport exonère totalement leurs clients et appuie la thèse d'un attentat perpétré par les extrémistes hutus.

L'avocat de la veuve Habyarimana lui se veut plus prudent sur les conclusions à tirer quant aux auteurs de l'attentat. Maître Philippe Meilhac assure que l'armée rwandaise n'a jamais été entraînée au tir de missiles soviétiques utilisés dans l'attentat.

Maître Philippe Meilhac

Avocat de la veuve Habyarimana

Conclure que le rapport exonère le camp du FPR est un raccourci.

Le rapport ne se prononce pas sur le fond : les auteurs des tirs

Le rapport d'expertise français a été accueilli avec une grande satisfaction à Kigali. Pour la Ministre rwandaise des Affaires étrangères « il est clair pour tous désormais que l'attentat contre l'avion était un coup d'Etat mené par des extrémistes hutu et leurs conseillers ». Les autorités de Kigali ont -elles raison pour autant de crier victoire?

Kigali n'a pas tort de se réjouir des conclusions du rapport puisqu'elles font tomber les accusations des témoins de l'enquête du juge Jean-Louis Bruguière. Ces témoins affirmaient que le missile qui a détruit l’avion du président Habyarimana avait été tiré de la colline de Massaka par des rebelles du FPR qui avaient pu s'y infiltrer.

Les experts français en balistique contredisent ces accusations en révélant que le missile a été lancé d'un autre endroit de Kanombé, un camp militaire des forces armées rwandaises.

En revanche, Kigali a tort d'en déduire que le rapport des experts l'exonère totalement. Les deux juges francais Trevidic et Poux ne vont pas jusque là et pour cause. Le rapport d'expertise n'avait pas pour objet d'identifier les auteurs du tir de missiles mais seulement de localiser l'endroit d'où ils ont été tirés.

Certes, Kanombé était un camp militaire tenu par les FAR, les Forces armées rwandaises mais ce camp est très vaste. Etait-il impénétrable? Etait-il impossible de s'y infiltrer à l'époque en 1994? Ni les experts ni les juges français qui se sont rendus sur les lieux 16 ans après les faits, ne sont en mesure de le dire aujourd'hui.

L'enquête de la justice française va donc se poursuivre. Plusieurs témoins ont déjà été ré-entendus par les deux juges français.
Source: RFI


Mercredi 11 Janvier 2012 - 11:23


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