Le restant des articles du dossier
Retour sur un quartier qui a payé un lourd tribut
Les raisons profondes qui mènent au "suicide"
Pourquoi les piroguiers lébou* ne font la traversée suicidaire
Reportage vidéo sur l'alibi des jeunes - Du despoir au suicide
L'urgence d’une organisation transversale (Droit de l'homme)
Frontex ou le mur au front des côtes sénégalaises
Cap sur Rufisque. Une des quatre communes françaises au Sénégal, en période coloniale. Dans cette vieille ville, particulièrement au quartier Ndiokoul Ndiayenne, quasiment tous les foyers ont enregistré un ou des candidats à l’émigration clandestine. Si certains ont pu échapper aux mailles des garde-côtes ou de la police de l’hexagone, cela n’a pas été le cas pour la majorité qui a été refoulée et quelquefois interceptée dans les eaux sénégalaises ou africaines (Mauritanie ou Maroc).
Cette cité, dont l’activité favorite des habitants est la pêche, a une population très jeune. Cette jeunesse est, en majorité, frappée par le désœuvrement alors que le poisson devient de plus en plus rare sur les 700 km de côte sénégalaise. Ainsi, la chaîne de profession de pêcheurs de père en fils, s’est brisée. D’où la résolution des jeunes de ne plus aller sous la mer, mais de voguer au-dessus pour aller chercher leur gagne-pain en Europe.
Pape Amadou Ndiaye, un jeune de 25 ans, a réussi à faire le voyage jusqu’à Ténériffe où il a, exactement, fait 42 jours avant d’être rapatrié en septembre 2006 sur Saint-Louis. Ce bonhomme du haut de ses 1,80m, a vécu l’enfer. Il a navigué à bord d’une pirogue qui s’est un peu fracassée à hauteur de Saint-Louis avec 75 personnes dont deux femmes. Si ce voyage a pu aboutir, c’est parce qu’ils se sont divisés en deux équipes pour vider l’eau qui pénétrait dans leur embarcation.
Ils faisaient ce travail à tour de rôle. «Ce fut très difficile. C’est comme huit jours passés en enfer, mais on était motivé par le fait qu’on était de jour en jour, tout près de notre but», témoigne Pape Amadou Ndiaye. Pendant qu’un groupe s’échinait à empêcher que le bateau soit englouti par la mer, l’autre dormait d’un seul œil. «Il y en a qui n’ont pas dormi une seule fois. Ils avaient les yeux ouverts tout au long du périple. Ils étaient vraiment terrifiés», confesse-t-il. Mais, poursuit le bonhomme, on a essayé de dissiper cette atmosphère de peur et de terreur par des contes et parfois des chants. Ce qui a permis non seulement de détendre les plus pessimistes, mais aussi de doper l’équipage.
C’est au bout de huit (8) jours de navigation dans une mer relativement calme, que Pape Amadou Ndiaye et les siens ont débarqué au port de Ténériffe. «Nous avons été accueillis par la police qui nous a conduit au commissariat pour nous entendre et prendre nos filiations avant de nous convoyer deux jours après dans un centre où on va passer 40 jours avant d’être rapatriés», explique-t-il. Pape Amadou Ndiaye n’a pas eu à débourser un franc pour ce voyage. Il a été amené par son grand frère Pape Sène qui était membre de l’équipage et qui a tout coordonné.
Cette cité, dont l’activité favorite des habitants est la pêche, a une population très jeune. Cette jeunesse est, en majorité, frappée par le désœuvrement alors que le poisson devient de plus en plus rare sur les 700 km de côte sénégalaise. Ainsi, la chaîne de profession de pêcheurs de père en fils, s’est brisée. D’où la résolution des jeunes de ne plus aller sous la mer, mais de voguer au-dessus pour aller chercher leur gagne-pain en Europe.
Pape Amadou Ndiaye, un jeune de 25 ans, a réussi à faire le voyage jusqu’à Ténériffe où il a, exactement, fait 42 jours avant d’être rapatrié en septembre 2006 sur Saint-Louis. Ce bonhomme du haut de ses 1,80m, a vécu l’enfer. Il a navigué à bord d’une pirogue qui s’est un peu fracassée à hauteur de Saint-Louis avec 75 personnes dont deux femmes. Si ce voyage a pu aboutir, c’est parce qu’ils se sont divisés en deux équipes pour vider l’eau qui pénétrait dans leur embarcation.
Ils faisaient ce travail à tour de rôle. «Ce fut très difficile. C’est comme huit jours passés en enfer, mais on était motivé par le fait qu’on était de jour en jour, tout près de notre but», témoigne Pape Amadou Ndiaye. Pendant qu’un groupe s’échinait à empêcher que le bateau soit englouti par la mer, l’autre dormait d’un seul œil. «Il y en a qui n’ont pas dormi une seule fois. Ils avaient les yeux ouverts tout au long du périple. Ils étaient vraiment terrifiés», confesse-t-il. Mais, poursuit le bonhomme, on a essayé de dissiper cette atmosphère de peur et de terreur par des contes et parfois des chants. Ce qui a permis non seulement de détendre les plus pessimistes, mais aussi de doper l’équipage.
C’est au bout de huit (8) jours de navigation dans une mer relativement calme, que Pape Amadou Ndiaye et les siens ont débarqué au port de Ténériffe. «Nous avons été accueillis par la police qui nous a conduit au commissariat pour nous entendre et prendre nos filiations avant de nous convoyer deux jours après dans un centre où on va passer 40 jours avant d’être rapatriés», explique-t-il. Pape Amadou Ndiaye n’a pas eu à débourser un franc pour ce voyage. Il a été amené par son grand frère Pape Sène qui était membre de l’équipage et qui a tout coordonné.
L'enfer : récit d'une épouse meurtrie
Dans ce quartier de Ndiouckoul Ndiayenne, les gens abordent ce sujet avec circonspection. C’est pas parce qu’ils ont enregistré des morts dans l’émigration clandestine, mais qu’ils ont été fréquemment inquiétés par la police.
Entre l’arrestation des passeurs et l’interpellation de jeunes candidats frustrés par le rappariement qui marchaient contre le régime, ces habitants rechignent à aborder cette question surtout avec des inconnus. Avec l’aide d’une connaissance, on a pu obtenir les témoignages d’une épouse d’un convoyeur. Fatou Ndiaye a vécu des nuits blanches. En 12 jours, cette jeune femme âgée seulement de 30 ans a failli pousser des cheveux blancs. Son époux dont elle refuse de révéler le nom avait tenté avec sa frêle embarcation de faire la traversée Dakar-Barcelone. «Le prix du voyage était évalué entre 300 et 400.000 jusqu’à 500 000 francs Cfa. Et c’est avec cet argent qu’il a acheté du ravitaillement aussi bien en nourriture qu’en carburant pour la durée du périple. Il avait aussi fait appel à d’autres pêcheurs du terroir pour former l’équipage qui s’alterner», raconte la femme du capitaine du «navire».
Les conditions ainsi réunies, les adeptes du slogan «Barça ou Barcaq» peuvent ainsi braver les vagues et les houles de l’océan atlantique. Cependant, ce voyage ne sera pas de tout repos. «La pirogue était trop étroite. Non seulement, ils dormaient en quinconce ou encore tête-bêche, mais à tour de rôle. Ils mangeaient bien et étaient tout heureux parce qu’ils chantaient parfois ou faisaient des contes. Mais, au dixième jour, ce bonheur laissait place à l’angoisse. Leur eau était presque finie et la mer commençait à se faire menaçante», raconte Fatou Ndiaye.
A quelques miles de l’Espagne, la mer devient subitement très agitée. L’équipage est contraint de marquer une pause en plein milieu de l’océan. L’embarcation va s’arrêter trois jours en haute mer espérant que la mer se calme. Dommage pour ces candidats à l’émigration clandestine qui commencent à broyer du noir. Au même moment, des soupçons d’anthropophagie polluent davantage le climat.
Une bagarre a failli éclater entre l’époux de Fatou Ndiaye et la personne sur qui pesaient les soupçons. Les membres de l’équipage interviennent. Ils sont ainsi séparés. Ils vont, par ailleurs, tous calmer leurs ardeurs pour le reste de l’étape. «Les houles devenaient de plus en plus dangereux. Il n’y avait presque plus d’eau. Ce qui restait ne servait que pour le rafraîchissement. Pour les autres besoins en eau, il faut puiser dans la mer. Au douzième jour, l’équipage se résignait et décidait de rebrousser chemin sans être en Espagne. S’ils avaient continué, ils allaient être à cours de nourriture», explique-t-elle sur un air mélancolique.
Entre l’arrestation des passeurs et l’interpellation de jeunes candidats frustrés par le rappariement qui marchaient contre le régime, ces habitants rechignent à aborder cette question surtout avec des inconnus. Avec l’aide d’une connaissance, on a pu obtenir les témoignages d’une épouse d’un convoyeur. Fatou Ndiaye a vécu des nuits blanches. En 12 jours, cette jeune femme âgée seulement de 30 ans a failli pousser des cheveux blancs. Son époux dont elle refuse de révéler le nom avait tenté avec sa frêle embarcation de faire la traversée Dakar-Barcelone. «Le prix du voyage était évalué entre 300 et 400.000 jusqu’à 500 000 francs Cfa. Et c’est avec cet argent qu’il a acheté du ravitaillement aussi bien en nourriture qu’en carburant pour la durée du périple. Il avait aussi fait appel à d’autres pêcheurs du terroir pour former l’équipage qui s’alterner», raconte la femme du capitaine du «navire».
Les conditions ainsi réunies, les adeptes du slogan «Barça ou Barcaq» peuvent ainsi braver les vagues et les houles de l’océan atlantique. Cependant, ce voyage ne sera pas de tout repos. «La pirogue était trop étroite. Non seulement, ils dormaient en quinconce ou encore tête-bêche, mais à tour de rôle. Ils mangeaient bien et étaient tout heureux parce qu’ils chantaient parfois ou faisaient des contes. Mais, au dixième jour, ce bonheur laissait place à l’angoisse. Leur eau était presque finie et la mer commençait à se faire menaçante», raconte Fatou Ndiaye.
A quelques miles de l’Espagne, la mer devient subitement très agitée. L’équipage est contraint de marquer une pause en plein milieu de l’océan. L’embarcation va s’arrêter trois jours en haute mer espérant que la mer se calme. Dommage pour ces candidats à l’émigration clandestine qui commencent à broyer du noir. Au même moment, des soupçons d’anthropophagie polluent davantage le climat.
Une bagarre a failli éclater entre l’époux de Fatou Ndiaye et la personne sur qui pesaient les soupçons. Les membres de l’équipage interviennent. Ils sont ainsi séparés. Ils vont, par ailleurs, tous calmer leurs ardeurs pour le reste de l’étape. «Les houles devenaient de plus en plus dangereux. Il n’y avait presque plus d’eau. Ce qui restait ne servait que pour le rafraîchissement. Pour les autres besoins en eau, il faut puiser dans la mer. Au douzième jour, l’équipage se résignait et décidait de rebrousser chemin sans être en Espagne. S’ils avaient continué, ils allaient être à cours de nourriture», explique-t-elle sur un air mélancolique.
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