La problématique des APE (accords de partenariat économique) proposés par l’union européenne à l’Afrique occupe les débats actuels à l’échelle continentale, mais la manière dont la polémique est enclenchée n’est guère rassurante : les chefs d’État africains n’ont jusqu’à présent pas élaboré un plan alternatif propre à l’union africaine et porté par des voies diplomatiquement autorisées et mandatées par l’UA. Le retour à la colonisation est le moindre risque encouru par l’Afrique avec ces APE : aux anciennes colonies ayant une apparence politique vont succéder des colonies exclusivement économiques. Si cette crainte est fondée c’est bien parce que l’histoire a suffisamment montré que ce qui fait surtout défaut à l’Afrique, en tant qu’entité géopolitique et aire économique, c’est précisément la prédisposition à la prospection et à la planification. Par les APE, l’Afrique sera, tout au plus, un grand supermarché, car il faut vraiment rêver ou être dupe pour croire qu’il y a, pour le moment, dans le Continent des entreprises suffisamment compétitives (techniquement, financièrement et institutionnellement) pour faire face aux entreprises européennes déjà plus expérimentées et profitant de garanties institutionnelles qu’aucun État africain ne pourrait donner à ses entreprises.
De l’esclavage à la colonisation et de celle-ci à la mondialisation, nous sommes en face de la même logique : décider pour les Africains (et d’une manière toujours conforme aux intérêts de l’Europe) la manière dont ils doivent exister face au reste du monde. La seule différence entre hier et aujourd’hui réside dans la nature des gadgets avec lesquels la lucidité de l’Africain est assommée : aux pacotilles ont succédé les « attestations » de leadership délivrées par l’Europe à des chefs d’État africains qui se disputent sans gêne la reconnaissance de l’homme blanc et de son système politico-économique. Ce qu’il y a surtout à redouter aujourd’hui au sujet de ces APE et de la lecture qu’en fait l’Afrique c’est essentiellement une stratégie de déconstruction des zones économiques et monétaires ou tout bonnement une décomposition de l’UA.
Il est temps que les Africains songent à imposer à l’Europe de changer le regard qu’elle porte sur eux et qui détermine celui qu’ils portent sur eux-mêmes. Il y a quelques années l’Assemblée nationale française a osé légiférer sur de prétendus aspects positifs de la colonisation chez les colonisés ; et à part l’Algérie et la diaspora, principalement celle antillaise, les Africains ont passivement encaissé la plus grande injure que l’on a pu adresser au Continent ! La révolte est d’abord psychologique avant d’être politique et économique, et pour que la révolte économique et politique ait un sens et soit sérieuse et durable il faut lui donner une dimension panafricaniste et panafricaine.
Notre conviction est que si un ou deux pays signent les APE c’est déjà un échec pour l’Afrique et ce sera la voie ouverte à un pillage institutionnalisé que rien ne pourra plus arrêter, mais surtout encore, un nouveau bail vers une dépendance éternelle. Pourtant les APD proposés à l’époque par Me Wade règlent pour l’Afrique et pour l’Europe plusieurs problèmes qui leur sont communs : l’insuffisance de l’aide directe au développement ; l’émigration clandestine qui est en train de ravager psychologiquement et économiquement l’Afrique ; l’inexistence d’infrastructures de base dans le Continent ; l’intégration économique et politique de l’Afrique ; la constitution de vrais marchés économiques africains pour tous les pays du monde, et principalement l’Europe ; la rédemption symbolique des crimes que l’Europe commis contre l’Afrique et les Africains ; etc. Signer les APE c’est donc, dans tous les cas de figure, s’aventurer dans une voie labyrinthique que des années de réflexion et de débat ne pourront délabyrinther.
L’Afrique n’a absolument rien à gagner dans les APE : la Côte d’Ivoire a beau espérer vendre son cacao, mais elle doit savoir qu’elle ne maîtrise guère ses cours mondiaux et la technologie de transformation dont elle dispose est tellement rudimentaire que sa matière première pourrait lui être achetée et revendue moins chère. Le Sénégal n’a que son huile d’arachide que personne ne veut plus consommer en Europe et dont le cours a été fortement déprécié par les autres huiles. Le bois brut gabonais ne peut nullement contrebalancer la perte de devises qu’entraînerait l’ouverture des frontières gabonaises à l’UE. De toute façon la question que soulèvent les APE n’est pas fondamentalement une simple question économique : c’est une question de justice, d’équité et de morale universelle, et pour cette raison, c’est un combat que l’Afrique peut et doit mener avec tous les autres hommes et toutes les autres régions économiques de cette planète.
Il reste à souhaiter que cette question vitale des APE inspire les Africains à créer des instituts de recherches stratégiques et de prospection pour réduire le gap qui sépare l’Afrique des autres continents dans ce domaine : les gouvernants gouverneraient mieux et plus lucidement si l’expertise des universitaires était constamment disponible et utilisable.
De l’esclavage à la colonisation et de celle-ci à la mondialisation, nous sommes en face de la même logique : décider pour les Africains (et d’une manière toujours conforme aux intérêts de l’Europe) la manière dont ils doivent exister face au reste du monde. La seule différence entre hier et aujourd’hui réside dans la nature des gadgets avec lesquels la lucidité de l’Africain est assommée : aux pacotilles ont succédé les « attestations » de leadership délivrées par l’Europe à des chefs d’État africains qui se disputent sans gêne la reconnaissance de l’homme blanc et de son système politico-économique. Ce qu’il y a surtout à redouter aujourd’hui au sujet de ces APE et de la lecture qu’en fait l’Afrique c’est essentiellement une stratégie de déconstruction des zones économiques et monétaires ou tout bonnement une décomposition de l’UA.
Il est temps que les Africains songent à imposer à l’Europe de changer le regard qu’elle porte sur eux et qui détermine celui qu’ils portent sur eux-mêmes. Il y a quelques années l’Assemblée nationale française a osé légiférer sur de prétendus aspects positifs de la colonisation chez les colonisés ; et à part l’Algérie et la diaspora, principalement celle antillaise, les Africains ont passivement encaissé la plus grande injure que l’on a pu adresser au Continent ! La révolte est d’abord psychologique avant d’être politique et économique, et pour que la révolte économique et politique ait un sens et soit sérieuse et durable il faut lui donner une dimension panafricaniste et panafricaine.
Notre conviction est que si un ou deux pays signent les APE c’est déjà un échec pour l’Afrique et ce sera la voie ouverte à un pillage institutionnalisé que rien ne pourra plus arrêter, mais surtout encore, un nouveau bail vers une dépendance éternelle. Pourtant les APD proposés à l’époque par Me Wade règlent pour l’Afrique et pour l’Europe plusieurs problèmes qui leur sont communs : l’insuffisance de l’aide directe au développement ; l’émigration clandestine qui est en train de ravager psychologiquement et économiquement l’Afrique ; l’inexistence d’infrastructures de base dans le Continent ; l’intégration économique et politique de l’Afrique ; la constitution de vrais marchés économiques africains pour tous les pays du monde, et principalement l’Europe ; la rédemption symbolique des crimes que l’Europe commis contre l’Afrique et les Africains ; etc. Signer les APE c’est donc, dans tous les cas de figure, s’aventurer dans une voie labyrinthique que des années de réflexion et de débat ne pourront délabyrinther.
L’Afrique n’a absolument rien à gagner dans les APE : la Côte d’Ivoire a beau espérer vendre son cacao, mais elle doit savoir qu’elle ne maîtrise guère ses cours mondiaux et la technologie de transformation dont elle dispose est tellement rudimentaire que sa matière première pourrait lui être achetée et revendue moins chère. Le Sénégal n’a que son huile d’arachide que personne ne veut plus consommer en Europe et dont le cours a été fortement déprécié par les autres huiles. Le bois brut gabonais ne peut nullement contrebalancer la perte de devises qu’entraînerait l’ouverture des frontières gabonaises à l’UE. De toute façon la question que soulèvent les APE n’est pas fondamentalement une simple question économique : c’est une question de justice, d’équité et de morale universelle, et pour cette raison, c’est un combat que l’Afrique peut et doit mener avec tous les autres hommes et toutes les autres régions économiques de cette planète.
Il reste à souhaiter que cette question vitale des APE inspire les Africains à créer des instituts de recherches stratégiques et de prospection pour réduire le gap qui sépare l’Afrique des autres continents dans ce domaine : les gouvernants gouverneraient mieux et plus lucidement si l’expertise des universitaires était constamment disponible et utilisable.
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