« Le déficit dans le financement des infrastructures est tel, a-t-il déclaré au palais de l’Elysée, que les seules finances publiques ne peuvent plus suffire à le combler. »
Or, de solides infrastructures, une intégration régionale plus poussée et des institutions plus fortes (ce que le président Kaberuka appelle les “trois I“) sont un préalable incontournable pour accomplir des progrès économiques et sociaux à même de transformer la vie des populations.
Car les chiffres ne doivent pas leurrer : si l’Afrique fait des jaloux, avec ses 5–% de croissance, celle-ci est obérée par une croissance démographique de l’ordre de 3–%. « Ce ne sont donc pas ces 5–% qui permettront de créer des emplois et de la richesse », redoute Donald Kaberuka, qui préconise une croissance d’au moins 7–%.
Mais pour que cette croissance soit durable, qu’elle profite réellement à l’Afrique, il importe qu’elle soit le plus largement partagée par tous, sans laisser subsister, comme cela a été souvent le cas jusqu’ici, des poches d’exclusion.
Les nouvelles découvertes de ressources naturelles pourraient contribuer de façon significative au financement du développement des infrastructures et du capital humain dont l’Afrique a tant besoin, lorsque l’on songe que la Tanzanie et le Mozambique auront d’ici peu, à eux deux, plus de gaz que le Qatar.
Si ces découvertes attirent les grandes multinationales, le président Kaberuka est persuadé que l’Afrique recèle d’immenses réservoirs de richesses encore inexploitées. « Nous devons trouver des moyens innovants pour convaincre le capital privé africain – un énorme réservoir de richesses – d’investir dans des projets structurants, commercialement viables, à même de transformer l’Afrique », a-t-il suggéré à l’Elysée.
Ainsi la Banque africaine de développement a-t-elle créé un tel véhicule, le fonds Africa50. Avec une mise de départ de 10 milliards de dollars EU, celui-ci entend lever 100 milliards de dollars EU de capitaux privés voués à des projets d’infrastructures rentables.
Avec quelque 90% de sa population vivant dans 24 pays stables qui affichent une croissance certaine, l’Afrique n’est plus cet épouvantail brandi dans l’opinion publique comme une image d’Epinal. « L’heure de l’Afrique a sonné », a d’ailleurs lancé le président de la République française, François Hollande, au premier jour des événements qui ont rythmé toute une semaine qu’aura duré le Sommet de l’Elysée.
Et si l’heure de l’Afrique a sonné, analyse le président de la BAD, c’est parce qu’elle recèle d’immenses opportunités, avec sa population d’un milliard, jeune et urbanisée, et un marché émergent extrêmement dynamique, dans des secteurs tels que les technologies de l’information notamment.
Et de souligner le rôle majeur que la BAD a joué dans l’accompagnement de cette Afrique nouvelle, à travers une stratégie décennale qui mise clairement sur une croissance pour tous et la transition vers la croissance verte.
« Ma récente visite au Sahel avec le Secrétaire général de l’ONU, le président de la Banque mondiale et la présidente de la Commission de l’Union africaine, nous a clairement persuadés que paix, sécurité, développement économique et environnement sont inextricablement liés », a témoigné Donald Kaberuka.
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