On retiendra une image de ce strict huis clos, une image : celle de l’arrivée théâtrale du colonel Kadhafi. Le président libyen a pénétré dans la salle, escorté par une dizaine de rois traditionnels en tenue d’apparat.
Dans ce groupe de têtes couronnées, le roi du royaume d’Allada au Bénin, un casque d’or sur la tête et un sceptre à la main, habillé d’une longue toge rouge, a été mitraillé par une nuée de photographes. Une princesse du Khasai (République démocratique du Congo) semblait bien seule au milieu de cette assemblée masculine.
Les rois, invités par le colonel Kadhafi et escortés par des agents du protocole libyen n’ont pas pu tous pénétrer dans la salle. Seuls quelques-uns ont finalement été admis après de longues tractations avec les services de sécurité éthiopiens.
Visiblement le style Kadhafi ne suscite pas l’enthousiasme des délégués. Le colonel libyen devrait cependant être élu, lundi, président de l’Union africaine. C’est le seul candidat de l’Afrique du nord. Et au nom de la règle géographique, la présidence de l’union échoit au Maghreb.
Selon plusieurs diplomates, ce sommet s’ouvre dans une atmosphère de malaise. Un malaise qui explique peut-être la relative affluence. Seule une vingtaine de chefs d’Etat sur les 53 membres que compte l'organisation, ont fait le voyage d’Addis Abeba.
Il faut dire que le thème de cette journée spéciale, concédé au colonel Kadhafi lors du dernier sommet de Charm el-Cheikh (Egypte) et consacré au gouvernement de l’Union, ne fait pas l’unanimité.
Une Afrique divisée.
D’un côté, les partisans des Etats-Unis d’Afrique, « les maximalistes », emmenés par le colonel Kadhafi sont plus ou moins ouvertement soutenus par les Etats membres de la CENSAD, (la Communauté des Etats sahélo-sahariens). Cette organisation est contrôlée et financée par la Libye.
De l’autre, les « gradualistes », adeptes du statu quo, à savoir la consolidation des organisations sous-régionales existantes, CEDAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) ou SADEC (Communauté des Etats d’Afrique australe). Ce groupe est dirigé par l’Ouganda et l’Ethiopie.
Ni vainqueurs, ni perdants
A l’issue de sept heures de débat à huis clos, il n’y a eu ni vainqueurs, ni perdants. Le gouvernement panafricain ne sera pas constitué dans l’immédiat. pas plus qu'il n'y aura de ministres représentant le continent. Pas de gouvernement, car le mot fait peur, mais plutôt une autorité. Et à la place de ministres, là aussi le terme agace, on nommera des secrétaires.
Ce compromis n’a pas encore été formellement entériné dimanche soir, puisque les ministres doivent le travailler et le présenter aux chefs d’Etat avant la fin du sommet.
Un plan en trois phases
En fait ce sont les propositions, teintées de prudence de la commission de l’Union africaine qui ont finalement servi de base à ce compromis. Ce plan s’articule autour de trois phases.
La première prévoit la transformation des structures actuelles des institutions de l’Union africaine. Elle s’étalera jusqu’en 2012. La seconde prévoit la mise en place d’un exécutif continental. Elle s'achèvera en 2016. Enfin la troisième, fixée en 2017, prévoit l’organisation d’une conférence qui jettera les bases des Etats-Unis d’Afrique.
Le colonel Kadhafi a malgré tout essayé de donner la parole aux chefs traditionnels qui l’accompagnaient. Il a essuyé un refus net du président de séance, le Tanzanien Jakaya Kikwete, qui laissera demain, lundi son fauteuil de président de l’Union africaine au colonel libyen.
L'ordre du jour du sommet
Lundi, les chefs d’Etat et de gouvernement présents devront se prononcer sur une série de résolutions adoptées lors du Conseil des ministres.
Depuis quelques mois, les dirigeants africains fustigent le principe de compétence universelle en matière judiciaire.
Après un débat animé en Conseil des ministres, une résolution « déplore le mandat d’arrêt émis contre Rose Kabuyé », la chef du protocole du président rwandais, Paul Kagamé, arrêtée en Allemagne à la suite de la procédure lancée par le juge français, Jean-Louis Bruguière, dans le cadre de l’enquête sur l’attentat contre l’avion de l’ex-président rwandais, Juvénal Habyarimana.
Ces mandats d’arrêt créent, précise le texte « une situation de tension entre l’UA et l’UE ».
Ce document lance un appel « à tous les membres des Nations unies, en particulier à l’Union Européenne, afin qu’ils suspendent l’exécution des mandats émis ».
Quant à l’autre grande affaire judiciaire qui préoccupe les dirigeants africains, à savoir la procédure engagée par Luis Moreno Ocampo (le procureur de la CPI) contre le président soudanais, Omar el-Bachir, un projet de résolution exprime sa « profonde préoccupation » et demande au Conseil de sécurité des Nations unies, conformément aux dispositions de l’article 16, de « reporter le processus initié par la Cour pénale internationale ».
Le texte annonce aussi la mise sur pied d’un « panel de haut niveau sous la présidence de Thabo Mbeki (ancien président sud-africain), pour examiner la situation et soumettre des recommandations aux responsables de l’Union africaine ».
Enfin, à la suite des deux coups d’Etat en six mois (Mauritanie et Guinée), un projet de résolution qualifie l’accession des militaires au pouvoir de « régression politique » et de « grave recul processus démocratique ».
Source: RFI
Dans ce groupe de têtes couronnées, le roi du royaume d’Allada au Bénin, un casque d’or sur la tête et un sceptre à la main, habillé d’une longue toge rouge, a été mitraillé par une nuée de photographes. Une princesse du Khasai (République démocratique du Congo) semblait bien seule au milieu de cette assemblée masculine.
Les rois, invités par le colonel Kadhafi et escortés par des agents du protocole libyen n’ont pas pu tous pénétrer dans la salle. Seuls quelques-uns ont finalement été admis après de longues tractations avec les services de sécurité éthiopiens.
Visiblement le style Kadhafi ne suscite pas l’enthousiasme des délégués. Le colonel libyen devrait cependant être élu, lundi, président de l’Union africaine. C’est le seul candidat de l’Afrique du nord. Et au nom de la règle géographique, la présidence de l’union échoit au Maghreb.
Selon plusieurs diplomates, ce sommet s’ouvre dans une atmosphère de malaise. Un malaise qui explique peut-être la relative affluence. Seule une vingtaine de chefs d’Etat sur les 53 membres que compte l'organisation, ont fait le voyage d’Addis Abeba.
Il faut dire que le thème de cette journée spéciale, concédé au colonel Kadhafi lors du dernier sommet de Charm el-Cheikh (Egypte) et consacré au gouvernement de l’Union, ne fait pas l’unanimité.
Une Afrique divisée.
D’un côté, les partisans des Etats-Unis d’Afrique, « les maximalistes », emmenés par le colonel Kadhafi sont plus ou moins ouvertement soutenus par les Etats membres de la CENSAD, (la Communauté des Etats sahélo-sahariens). Cette organisation est contrôlée et financée par la Libye.
De l’autre, les « gradualistes », adeptes du statu quo, à savoir la consolidation des organisations sous-régionales existantes, CEDAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) ou SADEC (Communauté des Etats d’Afrique australe). Ce groupe est dirigé par l’Ouganda et l’Ethiopie.
Ni vainqueurs, ni perdants
A l’issue de sept heures de débat à huis clos, il n’y a eu ni vainqueurs, ni perdants. Le gouvernement panafricain ne sera pas constitué dans l’immédiat. pas plus qu'il n'y aura de ministres représentant le continent. Pas de gouvernement, car le mot fait peur, mais plutôt une autorité. Et à la place de ministres, là aussi le terme agace, on nommera des secrétaires.
Ce compromis n’a pas encore été formellement entériné dimanche soir, puisque les ministres doivent le travailler et le présenter aux chefs d’Etat avant la fin du sommet.
Un plan en trois phases
En fait ce sont les propositions, teintées de prudence de la commission de l’Union africaine qui ont finalement servi de base à ce compromis. Ce plan s’articule autour de trois phases.
La première prévoit la transformation des structures actuelles des institutions de l’Union africaine. Elle s’étalera jusqu’en 2012. La seconde prévoit la mise en place d’un exécutif continental. Elle s'achèvera en 2016. Enfin la troisième, fixée en 2017, prévoit l’organisation d’une conférence qui jettera les bases des Etats-Unis d’Afrique.
Le colonel Kadhafi a malgré tout essayé de donner la parole aux chefs traditionnels qui l’accompagnaient. Il a essuyé un refus net du président de séance, le Tanzanien Jakaya Kikwete, qui laissera demain, lundi son fauteuil de président de l’Union africaine au colonel libyen.
L'ordre du jour du sommet
Lundi, les chefs d’Etat et de gouvernement présents devront se prononcer sur une série de résolutions adoptées lors du Conseil des ministres.
Depuis quelques mois, les dirigeants africains fustigent le principe de compétence universelle en matière judiciaire.
Après un débat animé en Conseil des ministres, une résolution « déplore le mandat d’arrêt émis contre Rose Kabuyé », la chef du protocole du président rwandais, Paul Kagamé, arrêtée en Allemagne à la suite de la procédure lancée par le juge français, Jean-Louis Bruguière, dans le cadre de l’enquête sur l’attentat contre l’avion de l’ex-président rwandais, Juvénal Habyarimana.
Ces mandats d’arrêt créent, précise le texte « une situation de tension entre l’UA et l’UE ».
Ce document lance un appel « à tous les membres des Nations unies, en particulier à l’Union Européenne, afin qu’ils suspendent l’exécution des mandats émis ».
Quant à l’autre grande affaire judiciaire qui préoccupe les dirigeants africains, à savoir la procédure engagée par Luis Moreno Ocampo (le procureur de la CPI) contre le président soudanais, Omar el-Bachir, un projet de résolution exprime sa « profonde préoccupation » et demande au Conseil de sécurité des Nations unies, conformément aux dispositions de l’article 16, de « reporter le processus initié par la Cour pénale internationale ».
Le texte annonce aussi la mise sur pied d’un « panel de haut niveau sous la présidence de Thabo Mbeki (ancien président sud-africain), pour examiner la situation et soumettre des recommandations aux responsables de l’Union africaine ».
Enfin, à la suite des deux coups d’Etat en six mois (Mauritanie et Guinée), un projet de résolution qualifie l’accession des militaires au pouvoir de « régression politique » et de « grave recul processus démocratique ».
Source: RFI