Mercredi 26 mars au Point kilométrique douze (PK12) de Bangui : 2500 déplacés musulmans survivent en attendant de pouvoir fuir la capitale. La psychose des attaques anti-balaka se lit dans les regards. La peur et la haine sont devenues les ingrédients quotidiens.
« Nous, on a besoin de quitter, pour rester tranquilles, explique un habitant, mais on va revenir pour réclamer notre droit. Ils ont détruit la mosquée, ils ont détruit la Bible, donc on voulait quitter (…) On n’est pas des Seleka. Ils nous ont accusés d’être des Seleka. Ce n’est pas normal. On est parti, et un jour on va retourner, pour défendre le pays, avec des armes, avec des armes lourdes. »
Attaque à la grenade
Vendredi 28 mars au quartier Fatima : la veille une attaque à la grenade a provoqué un bain de sang et une vive émotion dans tout le quartier. La colère des habitants est dirigée contre les musulmans et contre le contingent burundais de la Misca accusé de les protéger.
« Nous voulons nos Forces armées centrafricaines, explique l’un d’entre eux, parce que les Burundais, ils sont venus pour protéger seulement les musulmans. Alors ils laissent l’opportunité aux musulmans de venir jeter la grenade. Aujourd’hui on a trouvé plusieurs morts. » Un autre s'insurge également : « ce que font les musulmans avec notre pays, on en assez, on en a marre. On continue à tuer les gens comme des chiens.»
Chaque drame, chaque bouffée de violence réarme des esprits que les autorités politiques et religieuses tentent pourtant quotidiennement de ramener à la raison.
Au PK5, les musulmans sous la menace des anti-balaka
Ataïrou Balla Dodo maire du troisième arrondissement, le PK5, raconte la dure condition des derniers musulmans de Bangui. Quelques milliers de personnes qui vivent au PK5. Samedi 22 le quartier a été attaqué trois fois. Balla Dodo qui participe régulièrement aux opérations de réconciliation communautaire ne veut pas quitter la RCA.