A six jours du référendum constitutionnel prévu dimanche prochain, les opposants à cette consultation sont plus mobilisés que jamais. Mardi soir, Pascal Tsaty Mabiala, secrétaire général de l'Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), le premier parti de l'opposition congolaise, a de nouveau appelé à une « insurrection pacifique populaire » pour empêcher la tenue d’un référendum que ses contempteurs qualifient de « coup d’Etat constitutionnel ». Les opposants au référendum avaient donné jusqu’à lundi soir au président Denis Sassou-Nguesso pour renoncer au référendum du 25 octobre, promettant qu’à l’expiration de cet ultimatum ils ne reconnaîtraient plus la légitimité du président congolais.
Au moins quatre morts, selon les autorités
Finalement, pour ce qui concerne Brazzaville, les manifestations anti-référendum ont rapidement tourné court, et viré à l’affrontement avec la police. La journée a été particulièrement tendue dans la capitale congolaise. Au moins deux personnes ont été tuées par balle, de sources hospitalières, et on comptait plusieurs blessées.
Dans la soirée, Raymond Mboulou, ministre congolais de l'Intérieur, est intervenu à la télévision publique pour dresser le bilan « provisoire » de ce qu'il a qualifié d'« insurrection organisée et coordonnée » : « Quatre morts, dont trois à Brazzaville et un à Pointe-Noire [et] sept blessés admis dans les hôpitaux de Brazzaville et trois éléments de la force publique grièvement blessés. » Cinq maisons de responsable politiques ont été incendiées ou saccagées dans le pays. Selon les autorités, seize personnes ont été interpellées à Brazzaville et seront prochainement présentées à la justice « pour répondre de leurs actes ». Dans le communiqué lu à la télévision, le ministre pointe l'attitude de jeunes gens qui, selon lui, s'en sont pris aux forces de sécurité et ont visé des commissariats de police et des brigades de gendarmerie.
Provocations de la police, selon l'opposition
Dès l’aube, les premiers opposants au référendum ont commencé à se rassembler dans les quartiers de Bacongo et Makélékélé. Mais très vite ils en ont été empêchés par les forces de l’ordre. « Je me suis réveillé en sursaut. Il y avait des cris, des détonations, des bombes lacrymogènes », raconte un habitant. « Je ne pouvais pas rester sur place », lâche-t-il. Mais quand il tente de fuir, « les bombes lacrymogènes ont commencé à exploser partout et ça nous a empêchés de continuer la marche ».
Selon des témoins sur place, les violences ont duré plusieurs heures, au cours desquelles les manifestants ont incendié trois commissariats. En fin d’après-midi, la police continuait d’ailleurs à patrouiller dans les rues de ces quartiers, désertes, mais où l’on pouvait apercevoir encore éclats de bombes lacrymogènes et pneus brûlés.
Mais si le gouvernement accuse les militants de l’opposition d’être à l’origine des violences, pour l'opposant Mathias Dzon, président de l'Alliance pour la République et la démocratie (ARD) la provocation vient au contraire de la police. « Nous avions toutes les autorisations possibles. Mais à la veille du meeting, on nous dit vous ne pouvez plus faire le meeting », accuse-t-il. « Nous avons prévu des endroits de rassemblements pour nos militants. Mais à l’heure fixée, au moment où nos militants devaient s’y rendre, surprise : la police avait déjà quadrillé toute la ville, s’est mise à lancer des bombes lacrymogènes sur nos militants. Et nos militants n’ont eu d’autre choix que, dans certains quartiers, de mettre des barricades », affirme l’opposant joint par RFI. « Il y a eu une provocation de la police. Il n’est pas justifiable que l’on ait tiré des bombes lacrymogènes, tiré à balles réelles sur la population, sur nos militants. »
source:rfi.fr