Il y a d'abord eu les propos du président du Sénat : « aujourd'hui, les policiers tirent au niveau des jambes pour ne pas tuer alors qu'on leur lance des grenades. Le jour où on va leur dire "travailler", ne venez pas pleurer », a-t-il déclaré la semaine dernière.
Lundi, le 2 novembre, c'est le président lui-même qui a lancé un ultimatum. Il a donné cinq jours aux « insurgés » pour déposer les armes. Si ce n'est pas fait, Pierre Nkurunziza a demandé aux forces de l'ordre d’ « utiliser toutes les techniques pour mener à bien ce travail ».
Et depuis mercredi 4 novembre, le 1er vice-président et cinq ministres parcourent la capitale avec un mot d'ordre : « la récréation est finie ». « Si on attrape quelqu'un avec une arme », précise le ministre de la Défense, qu'il ne vienne pas se lamenter ». Et ceux « qui vont pleurer ou crier seront considérés comme des complices », explique-t-il.
Ces propos font échos à l'ultimatum lancé lundi par le président Nkurunziza. Mais depuis le ton s'est encore durci. Désormais, le ministre de la Sécurité publique n’exclut pas de faire appel à la population civile pour venir à bout des détracteurs du régime. « Même si le forces de l'ordre ne parvenaient pas à ramener la sécurité, on a une population de 9 millions de personnes à qui il suffit de faire signe », assure-t-il. « En quelques minutes, ils seraient ici... Qui survivrait alors parmi ceux qui n'accepteraient pas d'aller au même pas ? », interroge le ministre
Des discours qui poussent certains habitants à fuir les quartiers dits contestataires comme Mutakura et Cibitoke, raconte ce témoin. « Nous avons entendu le discours du président, nous avons aussi écouté le discours du président du Sénat puis du vice-président. La plupart ont décidé de quitter le quartier, puisque chaque jour il y a toujours des morts et nous pensons qu’il faut quitter les lieux pour essayer de sauver nos enfants. Il y a ceux qui quittent définitivement et ceux qui se mettent à l’abri quelques jours. »
A propos de ces quartiers dits contestataires, le président du Sénat avait également déclaré que si les forces de l'ordre devaient recevoir l'ordre de « travailler », « des parcelles » pourraient alors devenir « disponibles ».
Source : Rfi.fr