7 heures du matin, à 200 km à l'ouest de la capitale malgache. L'hélicoptère survole un nuage noir de 3 km de long sur 500 m de large : des criquets. L'hélicoptère déverse 400 litres de Chlorpyrifos, le pesticide. Vu du sol, on dirait un canadair dans la fumée qui éteint un incendie.
« L’hélicoptère a été retenu par rapport à sa mobilité et à sa souplesse d'emploi parce qu'ici les infrastructures sont pratiquent inexistantes et les pistes en très mauvais état », explique Jean-Marie Legrand, consultant aéronautique pour la FAO.
L'hélicoptère atterrit pour recharger ses cuves. Tsitohaina Andriamaroahina, acridologue, supervise l'opération : « Comme son nom l'indique, c'est un pesticide, mais il est spécialisé pour la lutte anti acridienne. Il y a un effet moins nocif pour l'environnement. »
Plus d'un million d'hectares traités
A une demi-heure de piste, l'essaim est là, des millions de criquets volent, à la surface des rizières, parfaitement silencieux. Ils sont capables d'avaler plus de 100 000 tonnes de végétation verte par jour et par essaim dans un pays ou le riz est l'alimentation de base. Treize millions de Malgaches seraient menacés par la famine, à cause de ces criquets. Ranaivo est venu malgré tout cultiver son champ, des pois de bambara. « Les criquets nous font souffrir parce que le riz c'est toute notre vie, souligne-t-il. Si cela est détruit, on est perdus. Si on mange seulement du manioc, cela ne nous donne pas assez de force et on ne peut pas travailler ».
Ces millions de criquets mettront vingt-quatre heures à mourir. En moins de six mois, grâce à trois hélicoptères et un avion, la FAO a traité plus d'un million d'hectares dans tout Madagascar, soit la surface d'un pays comme Chypre, ou le Liban. L'opération doit durer jusqu'en 2016. Vingt millions d'euros ont déjà été réunis, mais il manque encore 10 millions d'euros pour clore cette opération.
Source : Rfi.fr