Un meeting de soirée en plein air, des chants et des drapeaux bleu-blanc-rouges : la visite de François Hollande à Mayotte a comme un air de campagne électorale. Jusqu’à François Hollande lui-même qui a retrouvé à la tribune des accents de candidat. « Qu’est-ce que ça veut dire, être un département de la République, martelle le président. Cela veut dire être à égalité de droits et de devoirs. Le SMIC sera au premier janvier de l’année prochaine, à Mayotte, au même niveau que partout en France. »
Mayotte reste minée par le chômage et le manque de perspectives économiques. Autant dire que ce type d’annonce a plutôt été vue d’un bon œil. Sourire jusqu’aux oreilles, dans le sillage du président, la ministre de l'Outre-mer Georges Pau Langevin l’avoue sans fard : à Mayotte, la République reprend des couleurs. « Ici, c’est un projet commun, c’est un projet apaisé et heureux, c’est réconfortant. »
Reste que certains sujets délicats demeurent, comme l'immigration illégale. Un sujet largement lié à la question de l’identité de l’île. À qui appartient ce bout de territoire français, officiellement devenu le 101e département en 2011 ? Pour l’Union des Comores et pour l’ONU, il s’agit toujours en effet de la quatrième île de l’archipel. Et beaucoup aux Comores ne comprennent pas la politique de la France, en matière d’immigration. Depuis des années, en effet, la moitié des reconduites à la frontière en France se font vers les Comores, et 40% - un chiffre avancé par l'Elysée- de la population serait sans-papiers à Mayotte.
Le plus grand cimetière marin du monde
Président d’une association humanitaire comorienne, Hachim Saïd Hassane espère que le sujet sera abordé entre les chefs d’Etat français et comorien. « Nous attendons de notre président monsieur Dhoinine, qu’il regarde le président Hollande les yeux dans les yeux, et lui demander d’abroger le visa Balladur. » Depuis 1995, cette démarche administrative interdit la circulation des Comoriens de l’Union vers le département français, provoquant un drame humanitaire, avec des tentatives de traversées clandestines. « Le bras de mer qui sépare les trois îles et Mayotte est devenu le plus grand cimetière marin du monde, et la France ferme les yeux », s’insurge Hachim Saïd Hassane. « C’est inadmissible. Je pense que la France ne peut pas continuer à mépriser le droit international. La France doit respecter une tangibilité des frontières des Comores, héritières de la colonisation. Elle doit accepter de négocier intelligemment. »
Au ministère de l’Outre-mer, on préfère évacuer cette question de la souveraineté, et on insiste : pas question de considérer ce sujet sensible comme un problème de sécurité uniquement. Il faut coopérer, développer la zone pour y remédier, dit le chef de l’Etat. Cela passe par exemple par l’amélioration des structures sanitaires aux Comores, mais aussi par le développement des dessertes aériennes dans la zone. Plus rapide, plus directes, moins chères aussi : des annonces sont attendues ce samedi.
Source : Rfi.fr
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