Assises dans une cour près d’une radio qui crépite, quatre femmes bavardent. Dans ces quelques maisons en bois construites près de la route, elles sont 13 à avoir été violées en novembre 2012, quand l’armée en déroute a semé la terreur sur son passage. Installées à l’ombre, elles n’ont pas suivi le verdict prononcé à Goma où seulement deux condamnations pour viol ont été prononcées.
Micheline, 18 ans, n’en revient pas. « Je suis vraiment sous le choc. Je commençais à me dire : l’Etat s’implique et on va sanctionner ces militaires. Deux condamnations pour viol seulement. Cela montre que dans notre pays, les femmes n’ont pas le droit à la justice, lâche la jeune femme. Qu’on nous dise alors où on peut trouver la justice ?! »
Le choc est rude et l’incompréhension totale. Car le plus dur pour ces femmes est de vaincre la peur. Celle des représailles, de la vengeance. Jeannette (pseudonyme) milite depuis des années pour que les femmes portent plainte. Aujourd’hui, elle craint le pire. « Je me dis maintenant : quand je vais aller dans les collines pour sensibiliser les femmes violées à témoigner, comment je vais être reçue ? Elles vont être en colère. Comment leur dire d’avoir du courage et de parler après ce verdict ? Notre travail a-t-il encore un sens ? », s’interroge-t-elle.
Dans les collines de Minova, l’amertume est palpable. À quelques mètres de là, une maison accueille des femmes victimes de viol. En ce moment, elles sont 30, la plupart enceintes. Elles se cachent là le temps d’accoucher. Elles sont la preuve vivante que la lutte contre les violences sexuelles est un combat quotidien dans l’est de la République du Congo.
Source : Rfi.fr