A VOS ARMES, CITOYENS !



Peuple de Sénégal,

Et moi aussi je viens mêler mon sanglot au tien !

Depuis plusieurs hivernages maintenant, par le biais de fictions et de chroniques, je combats sans prétention les tares de notre société, ses « plaies » béantes, en me penchant sur leur « hideur désertée ».
Aujourd’hui, alors que la nation est en péril, alors que les lois sont violées par ceux qui en avaient la garde, alors que l’Etat, détenteur de la violence légitime, s’est mué en brigand, tout silence serait criminel.

Peuple de Sénégal,

Je te sais meurtri par tant d’arrogance dans le mensonge, tant de désinvolture dans la forfaiture. Chaque Sénégalais, dans son for intérieur, a conscience qu’une ignominieuse conspiration contre la démocratie, la république et la nation dans son intégralité, est en cours d’exécution.
Enivrés par tant de privilèges immérités, les membres du Conseil constitutionnel se sont fourvoyés dans la plus abjecte compromission en validant la candidature du plus vieux président au monde. Les voilà d’ores et déjà houspillés par leur conscience si tant est qu’il leur en reste une. Mais qu’ils se le tiennent pour dit, ils seront traduits devant la justice du peuple lorsque celui-ci aura recouvré sa souveraineté.
Quant à Abdoulaye Wade, il est et restera dans la mémoire des Sénégalais comme l’homme politique qui se sera le plus illustré dans le banditisme politique. Bientôt nonagénaire et valétudinaire, il ne perçoit guère la réalité que lui voile cette tourbe de courtisans rapaces, concussionnaires et concupiscents, il n’entend point sourdre du fond des chaumières le courroux du peuple, l’indignation d’une nation abusée.
Point n’est donc besoin de tenir palabres avec une telle engeance, leur vice est inscrit dans leur ADN. Pour eux, la morale, l’éthique et la justice sont des mots vides de sens. Ils ont construit leur vie de ratés et de ratures dans la félonie permanente, la dépravation et le crime. Pour eux, la vie est un bal masqué.
Ils ne partiront jamais de leur propre gré, car ils savent ce qui les attend. Ils n’ont d’autre avenir que la déchéance, la ruine et le bagne. Ils mènent une lutte acharnée afin de sauvegarder leurs vils intérêts, leur fortune amassée sur le dos des plus démunis.

Peuple de Sénégal,

Nous voilà sommés de mettre un terme à ce bal des médiocres, à la sordide danse des plus vils rejetons de ce pays.
Voilà que depuis plusieurs pluies, les meilleurs d’entre nous ont déserté les marécages insalubres de la politique sénégalaise, laissant le champ libre aux médiocres pernicieux qui se sont empressé d’occuper les organes décisionnels et d’y assouvir leurs fantasmes les plus lugubres dont leur illicite enrichissement au grand dam de la collectivité qu’ils avaient la mission de servir.

Peuple de Sénégal,

Séchons nos larmes et saisissons-nous de nos armes. Parmi celles-ci, la plus fatale est le courage. Nous disposons déjà du bouclier le plus solide, le sentiment d’être du côté des justes.
Sachez que c’est de combattre qu’il s’agit et non de débattre. Le vieil usurpateur n’a cure des bramements, des suppliques et complaintes. Il ne connaît malheureusement qu’un seul langage, celui de la force.
Si aujourd’hui nous laissons passer cette ultime offense, rien ne lui interdira demain de demander à son fils d’exercer sur nos sœurs son droit de cuissage.
Nous n’avons pas le droit de léguer à notre progéniture une démocratie de pacotille aux institutions fantoches dirigées par des baudruches aux mains sales.
Par ces soleils historiques, tout nous commande à l’engagement. Sinon, assignés à la barre de l’histoire, nous aurons maille à partir avec les admonestations des générations futures.
Commençons par déclarer nul et non avenu le scrutin du 26 février dont les règles du jeu sont déjà faussées, les dés pipés, les croupiers dépravés. Quel que soit le candidat qui en sortira vainqueur, il sera un souverain illégitime.
Organisons-nous dans les foyers, quartiers, arrondissements villes et villages. Sur les champs, les chantiers, et dans les bureaux et dans les usines, dans les écoles et facultés, et au pays et à l’étranger, que des comités se forment. Qu’on se tienne prêt à l’assaut final. Déjouer le complot des ennemis de la nation.

Mettre au monde une nouvelle république, celle des valeurs et des valeureux, dans laquelle la démocratie sera confortablement installée, tel est notre sacerdoce.
Et y seront exclus les usurpateurs !
Et y seront bannis les jouisseurs !
Et seront honnis les spoliateurs !

Debout peuple de Sénégal ! Voici venir le jour de gloire !

Nul n’osera plus entraver ta marche triomphale vers les cimes merveilleuses de la démocratie.

Vive la nation ! Vive la république ! Vive le Sénégal !


Par l’écrivain Sémou MaMa DIOP


Samedi 18 Février 2012 11:31


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