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À la Une: la peur va-t-elle changer de camp au Sahel?



La violence frappe désormais quasiment tous les jours dans le Sahel : attaques contre des postes ou des convois militaires et massacres de civils... Dernier en date, déplore WakatSéra : « Des dizaines de personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées, hier mercredi, dans une attaque armée contre un convoi minier à l’Est du Burkina. Selon nos sources, poursuit le site burkinabé, après que la tête du convoi a sauté sur une mine, des individus armés non encore identifiés ont tiré à bout portant sur les personnes qui étaient convoyées.
 
Le gouverneur de la région de l’Est rassure qu’"un ratissage des forces de défense et de sécurité est en cours dans la zone". »
 
Nouvelles stratégies…
 
Alors, acte de terrorisme ? Acte de banditisme ? On ne sait pas encore…
 
En tout cas, l’attaque du camp d’Indelimane vendredi dernier au Mali, qui fait une cinquantaine de morts dans les rangs de l’armée malienne, cette attaque a fait réagir les pays impliqués ainsi que la France.
 
En effet, pointe Le Pays à Ouagadougou, « du côté du G5 Sahel, de nouvelles mesures sont annoncées pour s’adapter à la recrudescence du terrorisme. En plus de la restructuration du Secrétariat permanent pour l’adapter aux défis sécuritaires, il est prévu un redéploiement des bataillons sur les différents fuseaux, pour rendre plus performante la force conjointe. Par ailleurs, on annonce l’arrivée très prochaine de nouveaux partenaires techniques et financiers dont les Turcs, avec déjà une contribution estimée à 5 millions de dollars d’équipements, des pays du monde arabe avec lesquels le G5 Sahel souhaite discuter sans intermédiaires et des Russes. »
 
Et puis, sur le plan national, relève encore Le Pays, « les armées ne sont pas en reste. Au Mali, par exemple, les autorités annoncent un changement de stratégie. Il est dit que les FAMA vont passer de l’option de la défensive à celle de l’offensive. Toutes ces mesures, si elles vont au-delà de l’effet d’annonce, devraient faire bouger les lignes sur le front. »
 
Et le quotidien burkinabé de s’interroger : « suffiront-elles à faire changer la peur de camp ? Une chose est certaine, les populations n’attendent que cela, car la situation devient intenable. »
 
Risque de dérives communautaires ?
 
Outre les solutions militaires, des citoyens s’engagent… C’est le thème d’un reportage du Monde Afrique au Burkina Faso.
 
Un reportage qui met en avant notamment l’action d’Aly Nana, « originaire de la commune de Kongoussi, dans la région du Centre-Nord, où plusieurs dizaines de milliers de Burkinabé ont trouvé refuge ces derniers mois. Aly Nana a décidé de passer à l’action, pointe le journal. De se "sacrifier", précise-t-il pompeusement. Ce juriste de 45 ans a lancé le mois dernier son "mouvement de résistance populaire". L’idée ? Former des "comités de surveillance et de défense" dans chaque province du pays pour "assurer la protection des populations en appui aux forces de l’ordre" et en collaboration avec les koglweogos, un groupe d’autodéfense local initialement créé pour lutter contre les voleurs de bétails et les bandits. »
 
Toutefois, tempère Le Monde Afrique, « l’initiative inquiète au Burkina Faso, où les tensions communautaires se sont aggravées cette année. "Les populations se sentent de plus en plus abandonnées par l’État et tentent de s’organiser, mais la multiplication de ce genre de groupes pourrait conduire à de graves dérives, alerte le politologue Kassem Salam Sourwema. On risque d’en perdre le contrôle et d’assister à la constitution de milices communautaires, et alors, il faut s’attendre au pire". »
 
Les mêmes erreurs qu’en Afghanistan ?
 
Plus largement, attention à ne pas commettre au Sahel les mêmes erreurs que la communauté internationale a commises en Afghanistan… Avertissement à lire dans Le Point Afrique.
 
« Le risque d’enlisement des forces antiterroristes est aujourd’hui réel au Mali, prévient Le Point Afrique. À la place des talibans, on a des djihadistes déterminés. [...] Aujourd’hui, poursuit-il, tant l’Afghanistan que le Mali sont des échecs de luttes anti-insurrectionnelles, pour lesquelles la polarisation des identités empêche un règlement solide et durable des conflits. Après 18 ans de guerre, les talibans semblent plus puissants que jamais, tandis que les tensions intercommunautaires déchirent toujours plus le Mali. »
 
Ce qui fait dire au quotidien burkinabé Aujourd’hui que « la victoire dans le Sahel ne sera totale et vraie que si les pays concernés parviennent à prendre leur sécurité en main. C’est une lutte qui sera éreintante, longue, et les Sahéliens doivent s’y préparer car les supplétifs kadhafiens qui ont déferlé dans la bande sahélo-saharienne après la mort de Kadhafi, les grands bandits et tous les djihadistes qui ont pignon sur sable n’en démordront pas facilement. Mais leur défaite sera à l’aune de la résilience des populations. »

RFI

Jeudi 7 Novembre 2019 - 08:37


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