AFFAIRE DSK : Assassinat politique au Festival de Kahn !



Martyr d’un complot (selon les nouveaux conspirationistes) ou victime par imprudence, Dominique Strauss-Kahn affronte la première grande épreuve mortelle d’un parcours politique parsemé de turpitudes. Innocenté ou coupable, il ne sortira pas forcément indemne de cette addiction sexuelle qui en a fait un prisonnier de luxe depuis plusieurs années déjà.

Prudence, présomption d’innocence, pensée pour la famille et pour les proches de Dominique Strauss-Kahn. Pour la jeune fille de 32 ans qui soutient avoir subi les agressions de DSK, aucune pensée, aucune allusion en tant que victime potentielle. Les époux Badinter, témoins du mariage de Dominique et d’Anne Sinclair, militants historiques des droits de la femme, doivent se poser beaucoup de questions à l’heure qu’il est. Et pour cause.

C’est une grande hypocrisie collective qui est en train d’être jouée par la presse française à propos de ce scandale qui éclabousse DSK. Jusqu’à preuve du contraire, on doit considérer l’encore Directeur général du Fonds monétaire international (FMI) comme un non coupable aux prises avec des accusations aussi gravissimes que précises. Il y a juste quelques jours, cette même presse n’avait pris le moindre recul face aux éléments de communication servis par les Américains concernant l’assaut donné à la résidence d’Oussama Ben Laden. A part Barack Obama, ses conseillers proches, et quelques congressistes du Capitole triés sur le volet, il n’existe pas aujourd’hui un individu en mesure de confirmer la mort – ce jour là – du chef terroriste d’Al Qaeda. Il faut croire la Maison Blanche sur parole, non sur images. Cette page est désormais tournée.

Pour DSK, le problème ne se pose pas en des termes identiques, pour diverses raisons. Parce qu’il est Français, parce qu’il est patron d’une grande institution financière internationale, parce que c’est l’image de la France qui en prend un sale coup, parce que, enfin, il faut laisser la justice américaine faire son travail. Mais un facteur de taille prédomine : alors que la presse anglo-saxonne le qualifie de « pervers », DSK reste le chouchou des journalistes politiques français, le prédestiné-préfabriqué à la succession de « l’ignoble » Nicolas Sarkozy !

Dominique Strauss-Kahn est un monument franco-français d’une fragilité indicible. Ses amis journalistes, des plus célèbres aux plus anonymes, le décrivent volontiers comme un économiste talentueux, moderne, avisé. Il a de qui tenir : pendant plusieurs années, sa femme Anne Sinclair a été la grande prêtresse du 20 heures de Tf1, la chaîne la plus puissante de l’Hexagone. Comme Bernard Henri-Levy (BHL), ce philosophe bizarre adepte du bidonnage, du plagiat, du lobbying, etc., DSK est quasiment inattaquable de front. On ne l’affronte que par ouï-dire, par allusion, par accusation interposée… Une ceinture sanitaire médiatique l’a toujours prémuni contre toute agression vitale à travers la presse française. C’est un demi-dieu qui, suprême privilège, bénéficie de la solidarité sans faille de la communauté juive de France. A l’intérieur du Parti socialiste français, il est l’un des animateurs du Cercle Léon Blum, une officine de pression destinée à encadrer le soutien aveugle du Ps à Israël. DSK est un sioniste intolérant et sans états d’âme, une posture qui l’a poussé à provoquer l’exclusion/démission du Parti socialiste de Pascal Boniface. Cet expert et stratège en relations internationales a simplement eu le courage politique et l’honnêteté intellectuelle de demander un rééquilibrage des positions du Ps sur la question palestinienne !

Sans doute, la justice française a innocenté Dominique Strauss-Kahn dans plusieurs dossiers sales : mise en examen (inculpation) dans les détournements de cotisations de la Mutuelle nationale des étudiants de France (MNEF), un temps dirigé par son actuel bras-droit Jean-Christophe Cambadélis, vers les caisses du Parti socialiste ; implication présumée dans l’affaire Jean-Claude Méry, du nom de ce promoteur immobilier (mort) qui a eu le temps de laisser derrière lui une cassette accusant Jacques Chirac d’être au courant de ses activités de financier occulte pour le RPR, ancêtre de l’UMP… Deux coups durs qui l’ont éloigné de la vie publique pendant quelques années, jusqu’à son retour aux côtés de Jospin pour lequel il a rédigé le programme économique du Ps pour la présidentielle catastrophique de 2002. Mais pour ses aventures et autres histoires de mœurs, DSK reste un crack imbattable. Des hommes politiques qui prennent autant de risques que lui ose en prendre, il n’y en a pas.

Il serait fastidieux de revenir ici sur toutes ces affaires qui le poursuivent et contre lesquelles seule sa notoriété l’empêche de couler politiquement. Ce dandy, séducteur impénitent, amateur insatiable de belles femmes, bon viveur, super sapeur, consultant sans frontières, est un cas pathologique d’addiction sexuelle. Son expertise consacrée, sa bonhomie et son apparence sympathique en font, disent ses fans, un patron ineffable. Sauf qu’il en use pour draguer sans arrêt ses collaboratrices. Tristane Banon, une de ses anciennes collaboratrices, s’apprête à porter plainte contre lui après avoir renoncé à le poursuivre sur pressions d’une maman elle-même responsable au Parti socialiste français ; plus tard, épinglé pour harcèlement sexuel, DSK a été contraint de présenter des excuses à une jeune fille hongroise chargée du service de photocopie au Fmi en contrepartie de son maintien à la tête de l’institution. Chez nous, ici au Sénégal, un confrère de la presse nationale se souvient l’avoir vu au Ngalam, une célèbre boîte de nuit dakaroise très courue par les jets-setteurs, en très galante compagnie…

La justice de l’Etat de New York dessinera donc très bientôt (si ce n’est déjà fait) ce que doit être dorénavant la trajectoire de Dominique Strauss-Kahn. Les sondages le propulsaient déjà à l’Elysée au soir du 6 mai 2012. Ce scénario n’est plus tellement certain. Pour une fois, les pourfendeurs du conspirationisme sur le 11-Septembre et sur l’affaire Ben Laden espèrent aujourd’hui, de toutes leurs forces, que le « coup de tonnerre » tombé sur la tête de DSK se transforme en coup de cœur… électoral pour l’ex maire de Sarcelles. Mais auto-assassinat politique ou complot dûment organisé, l’imbroglio médiatico-sexuel qui enserre présentement l’hyper favori des sondages pour 2012 dans les griffes de la justice américaine sera très certainement le clap de fin du festival de turpitudes qui jalonne sa carrière. Sur la Croisette où a lieu présentement le Festival annuel du cinéma, quelque documentariste culotté penserait déjà à construire un scénario autour des turbulences d’un technicien de l’économie doué mais trop imprudent. Ce sera peut-être pour l’année prochaine. Au Parti socialiste, Martine Aubry, elle qui avait sacrifié toutes ses ambitions présidentielles par un pacte secret avec DSK sous le soleil touristique de Marrakech, a déjà exprimé, de façon très politique, son agacement et sa gêne. A l’entendre, Dominique Strauss-Kahn appartient maintenant au passé. Qui peut lui en vouloir ?

Si la presse française avait été juste avec DSK, si elle lui avait raisonnablement adressé quelques coups de semonce, si elle avait alerté contre son imprudence trop marquée envers l’argent et les femmes, son chouchou aurait pu continuer de rêver à l’Elysée et au code nucléaire…

Momar DIENG

Lundi 16 Mai 2011 19:44


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