Pouvez-vous nous parler de la vision d’African Women in Media et de ce qui vous a motivée à fonder cette organisation ?
Dr Yemisi Akinbobola : African Women in Media (AWiM) a vu le jour en 2016. A l’origine, un groupe Facebook, après plusieurs années où je gérais ma propre organisation médiatique. À ce moment-là, je cherchais à me connecter avec d'autres femmes ayant des expériences similaires. Il ne s'agissait pas encore d'un projet bien défini, mais plutôt un projet en phase de réflexion. J'ai commencé à m'intéresser au féminisme africain et à la manière dont les expériences des femmes devaient façonner notre vision du féminisme dans le contexte africain.
Ce groupe a évolué petit à petit, avec l'idée de créer un blog, "Her Media Diary", où je pourrais partager mes pensées et inviter d'autres femmes à faire de même. Mais l'idée a grandi pour devenir African Women in Media. En 2016, après que mon équipe et moi ayons remporté un prix prestigieux pour un reportage, cela m’a poussée à formaliser davantage le groupe. C'était un moment décisif où j'ai commencé à voir l'impact potentiel de l'organisation.
Comment mesurez-vous l’impact des actions d’AWiM concernant la représentativité des femmes dans les médias africains et à l’international ?
Dr Yemisi Akinbobola : L'impact d'AWiM s'est mesuré à travers plusieurs initiatives clés. Par exemple, après la première conférence, nous avons constaté que les participantes exprimaient le besoin d'événements plus ambitieux. Cette demande a conduit à l'organisation de conférences de plus en plus importantes, comme celle tenue au Nigéria, qui a rassemblé des professionnels des médias, des bailleurs de fonds et des leaders d'opinion. Nous avons également mis en place une plateforme de pitch pour aider les femmes à accéder à des financements pour leurs projets. L'événement de 2019 à Nairobi a constitué un véritable tournant, attirant l'attention de l'ONU et de l'Union africaine. Grâce à des partenariats stratégiques, nous avons renforcé notre influence. Par ailleurs, la pandémie nous a permis d'élargir notre audience à l'échelle mondiale grâce à la transition vers des conférences en ligne, atteignant un public plus diversifié, avec une répartition de genre plus équilibrée. Cela nous a donné l'opportunité de continuer à valoriser les voix des femmes, non seulement en tant que journalistes, mais aussi en tant qu'expertes dans leurs domaines respectifs.
Quels sont les principaux défis auxquels les femmes africaines dans les médias sont confrontées aujourd’hui, et comment AWiM aide-t-elle à surmonter ces obstacles ?
Dr Yemisi Akinbobola : Les femmes dans les médias sont confrontées à plusieurs défis, notamment le manque d'accès aux financements et aux opportunités économiques. AWiM a mis en place une "zone de pitch" lors de nos conférences pour permettre aux femmes de rencontrer des rédacteurs en chef et des bailleurs de fonds, facilitant ainsi l’autonomisation économique. Nous avons également lancé un programme de formation avec le soutien de l'UNESCO pour améliorer les compétences des journalistes féminines, notamment pendant la pandémie. Ce programme a permis à 200 journalistes de l'Afrique de l'Est de se perfectionner et de renforcer leur expertise. La tragique disparition de Holden Neleah, une journaliste somalienne que j'avais interviewée avant sa mort, a renforcé ma conviction sur l'importance de partager ces voix, même après la perte, et d’assurer une représentation des femmes dans les médias de manière visible et pérenne.
Les médias africains peuvent-ils trouver un équilibre entre la rentabilité et leur mission sociale, notamment en matière de représentation des voix féminines ?
Dr Yemisi Akinbobola : Oui, il est tout à fait possible d'équilibrer rentabilité et mission sociale. Les femmes constituent plus de 50 % de la population, et il est essentiel que les médias les intègrent pleinement dans leurs modèles commerciaux. Par exemple, au Nigéria, la station Women FM prouve qu’il existe un marché viable pour des médias spécifiquement orientés vers les femmes. Les médias ne doivent pas uniquement se concentrer sur des questions sociales, mais aussi comprendre que l'égalité des genres et la représentation des femmes dans les médias sont des enjeux économiques importants. Les politiques féministes, comme celles mises en place en Norvège, peuvent aussi servir de modèle pour d'autres pays. L'intégration des femmes dans les médias doit être vue non seulement comme un impératif social, mais aussi comme une stratégie économique bénéfique pour les organisations médiatiques.
Comment AWiM encourage-t-elle les médias africains à aborder et à soutenir les ODD dans leurs contenus ?
Dr Yemisi Akinbobola : Le rôle des médias dans la société est crucial pour informer et garantir que les citoyens disposent des informations nécessaires pour faire des choix éclairés sur leur vie. Cela implique un engagement actif vis-à-vis des Objectifs de Développement Durable (ODD), particulièrement concernant l'accompagnement des politiques publiques. En Afrique, de nombreux pays ont ratifié des protocoles comme le Protocole Maputo ou la Convention OIT-190, mais l'implémentation de ces engagements reste souvent faible. Les médias doivent donc jouer un rôle de surveillance pour s'assurer que les gouvernements respectent leurs engagements.
Les médias doivent questionner et tenir les gouvernements responsables de l'implémentation des ODD. Cela ne se limite pas à la couverture des actions extérieures, mais aussi à la remise en question des pratiques internes des organisations, y compris les médias eux-mêmes. Il est essentiel que les médias intègrent des principes tels que les droits humains et l'égalité des sexes dans leurs politiques internes et leurs opérations, pour que leur impact ne soit pas seulement social mais également exemplaire.
Avez-vous des exemples de médias africains qui ont intégré les ODD dans leurs lignes éditoriales ou leurs pratiques ? Quel impact cela a-t-il eu ?
Dr Yemisi Akinbobola : Il existe des exemples inspirants à travers le continent. Par exemple, en Afrique du Sud, des médias ont adopté des politiques de genre qui ont conduit à une représentation plus équilibrée des sexes dans les rédactions. Toutefois, l'impact réel sur le leadership féminin dans les médias reste limité, notamment en raison de la dimension raciale et ethnique du pays. Au Rwanda, un projet de recherche sur le harcèlement sexuel dans les médias a conduit à la création d'une politique nationale anti-harcèlement, soutenue par plus de 20 organisations médiatiques. Cette initiative a démontré qu'un changement de politique nationale, couplé à l'engagement des médias, peut produire des résultats significatifs.
Ces efforts montrent qu'il est non seulement possible mais nécessaire de lier la politique nationale, les pratiques industrielles et les actions des médias pour promouvoir des environnements de travail plus sûrs et égalitaires pour les femmes. L'implémentation de ces politiques et l'engagement continu de tous les acteurs sont essentiels pour transformer les bonnes intentions en actions concrètes et durables.
Avec l'émergence de technologies comme l'intelligence artificielle (IA) et l'information, comment voyez-vous les médias se développer dans les prochaines années ?
Dr Yemisi Akinbobola : L'intelligence artificielle est déjà utilisée de manière significative dans certains pays africains, comme l'Afrique de l'Est et l'Afrique du Sud, et elle est intégrée non seulement dans les médias d'actualité, mais aussi dans d'autres domaines comme la communication et les relations publiques. Par exemple, en Tanzanie, une salle de rédaction utilise un lecteur d'actualités alimenté par l'IA avec une voix féminine spécifique. Cela représente une évolution intéressante du rôle de l'IA dans les médias, bien que des questions sur la représentation des femmes et les biais dans l'IA émergent. L'IA peut offrir des avantages comme la gestion massive de données et la réduction du temps de travail, mais il est crucial de veiller à ce qu’elle ne renforce pas les stéréotypes existants.
Une autre problématique est l'utilisation ad-hoc de l'IA dans les salles de rédaction. Bien que de nombreux journalistes utilisent des outils d'IA comme ChatGPT pour réécrire des articles ou rechercher des informations, peu de médias ont mis en place des politiques internes pour encadrer l'utilisation éthique de l'IA. L'avenir des médias passera par une adoption plus structurée et éthique de l'IA, en veillant à ce que l'IA reste un outil au service du journaliste et non une substitution à leur travail.
Pourquoi avoir choisi le thème "Médias et Durabilité" pour la Conférence 2024 ? Quelle importance revêt ce sujet pour les médias africains ?
Dr Yemisi Akinbobola : Le thème "Médias et Durabilité" est crucial car il répond à la nécessité d'adopter des pratiques médiatiques qui non seulement informent, mais contribuent activement à des objectifs de durabilité sociale, environnementale et économique. Pour les médias africains, cela signifie une responsabilité accrue vis-à-vis des enjeux de durabilité qui affectent directement les communautés locales, comme le changement climatique, les inégalités sociales et la justice environnementale. Les médias jouent un rôle central dans la sensibilisation et la mobilisation autour de ces enjeux, mais aussi dans la manière dont ils façonnent l'agenda public en matière de durabilité.
Pourquoi avez-vous choisi Dakar comme lieu de la conférence cette année ? Qu’est-ce que le contexte sénégalais apporte à cette discussion sur les médias et la durabilité ?
Dr Yemisi Akinbobola : Le choix de Dakar pour la conférence repose sur plusieurs facteurs géographiques et stratégiques. Le Sénégal, situé en Afrique de l'Ouest, offre une accessibilité facile pour les délégués de la région. De plus, Dakar, avec ses nouveaux gouvernements et ses réformes en cours, représente un terrain fertile pour discuter de la viabilité et de l'évolution des médias en Afrique. Le Sénégal est également reconnu pour sa stabilité politique et son environnement accueillant, ce qui en fait un cadre propice pour des discussions sur la durabilité dans le domaine médiatique. La conférence à Dakar permet ainsi de mieux comprendre comment les médias peuvent jouer un rôle dans les défis contemporains du pays tout en favorisant un échange culturel et une meilleure coopération entre les pays africains.
Comment voyez-vous le rôle des femmes africaines dans la transformation de l’écosystème médiatique en Afrique ? Quel message souhaitez-vous leur adresser à l’aube de cette conférence ?
Dr Yemisi Akinbobola : Les femmes africaines ont toujours joué un rôle clé dans la transformation de l'écosystème médiatique, malgré des défis structurels. Le message clé que je souhaite adresser à elles est que la conférence AWiM est une plateforme où elles pourront rencontrer des femmes partageant les mêmes expériences, apprendre les meilleures pratiques et se connecter avec des alliés masculins soutenant l'égalité des genres dans les médias. Il est important que les femmes puissent voir la conférence comme un espace pour renforcer leur réseau, partager leurs réussites et trouver des solutions pour surmonter les obstacles. L'égalité des genres dans les médias n’est pas seulement une question de justice sociale, mais aussi un impératif économique. Les médias doivent reconnaître la rentabilité d'une approche inclusive, ce qui sera mis en évidence lors de la conférence.
Dr Yemisi Akinbobola : African Women in Media (AWiM) a vu le jour en 2016. A l’origine, un groupe Facebook, après plusieurs années où je gérais ma propre organisation médiatique. À ce moment-là, je cherchais à me connecter avec d'autres femmes ayant des expériences similaires. Il ne s'agissait pas encore d'un projet bien défini, mais plutôt un projet en phase de réflexion. J'ai commencé à m'intéresser au féminisme africain et à la manière dont les expériences des femmes devaient façonner notre vision du féminisme dans le contexte africain.
Ce groupe a évolué petit à petit, avec l'idée de créer un blog, "Her Media Diary", où je pourrais partager mes pensées et inviter d'autres femmes à faire de même. Mais l'idée a grandi pour devenir African Women in Media. En 2016, après que mon équipe et moi ayons remporté un prix prestigieux pour un reportage, cela m’a poussée à formaliser davantage le groupe. C'était un moment décisif où j'ai commencé à voir l'impact potentiel de l'organisation.
Comment mesurez-vous l’impact des actions d’AWiM concernant la représentativité des femmes dans les médias africains et à l’international ?
Dr Yemisi Akinbobola : L'impact d'AWiM s'est mesuré à travers plusieurs initiatives clés. Par exemple, après la première conférence, nous avons constaté que les participantes exprimaient le besoin d'événements plus ambitieux. Cette demande a conduit à l'organisation de conférences de plus en plus importantes, comme celle tenue au Nigéria, qui a rassemblé des professionnels des médias, des bailleurs de fonds et des leaders d'opinion. Nous avons également mis en place une plateforme de pitch pour aider les femmes à accéder à des financements pour leurs projets. L'événement de 2019 à Nairobi a constitué un véritable tournant, attirant l'attention de l'ONU et de l'Union africaine. Grâce à des partenariats stratégiques, nous avons renforcé notre influence. Par ailleurs, la pandémie nous a permis d'élargir notre audience à l'échelle mondiale grâce à la transition vers des conférences en ligne, atteignant un public plus diversifié, avec une répartition de genre plus équilibrée. Cela nous a donné l'opportunité de continuer à valoriser les voix des femmes, non seulement en tant que journalistes, mais aussi en tant qu'expertes dans leurs domaines respectifs.
Quels sont les principaux défis auxquels les femmes africaines dans les médias sont confrontées aujourd’hui, et comment AWiM aide-t-elle à surmonter ces obstacles ?
Dr Yemisi Akinbobola : Les femmes dans les médias sont confrontées à plusieurs défis, notamment le manque d'accès aux financements et aux opportunités économiques. AWiM a mis en place une "zone de pitch" lors de nos conférences pour permettre aux femmes de rencontrer des rédacteurs en chef et des bailleurs de fonds, facilitant ainsi l’autonomisation économique. Nous avons également lancé un programme de formation avec le soutien de l'UNESCO pour améliorer les compétences des journalistes féminines, notamment pendant la pandémie. Ce programme a permis à 200 journalistes de l'Afrique de l'Est de se perfectionner et de renforcer leur expertise. La tragique disparition de Holden Neleah, une journaliste somalienne que j'avais interviewée avant sa mort, a renforcé ma conviction sur l'importance de partager ces voix, même après la perte, et d’assurer une représentation des femmes dans les médias de manière visible et pérenne.
Les médias africains peuvent-ils trouver un équilibre entre la rentabilité et leur mission sociale, notamment en matière de représentation des voix féminines ?
Dr Yemisi Akinbobola : Oui, il est tout à fait possible d'équilibrer rentabilité et mission sociale. Les femmes constituent plus de 50 % de la population, et il est essentiel que les médias les intègrent pleinement dans leurs modèles commerciaux. Par exemple, au Nigéria, la station Women FM prouve qu’il existe un marché viable pour des médias spécifiquement orientés vers les femmes. Les médias ne doivent pas uniquement se concentrer sur des questions sociales, mais aussi comprendre que l'égalité des genres et la représentation des femmes dans les médias sont des enjeux économiques importants. Les politiques féministes, comme celles mises en place en Norvège, peuvent aussi servir de modèle pour d'autres pays. L'intégration des femmes dans les médias doit être vue non seulement comme un impératif social, mais aussi comme une stratégie économique bénéfique pour les organisations médiatiques.
Comment AWiM encourage-t-elle les médias africains à aborder et à soutenir les ODD dans leurs contenus ?
Dr Yemisi Akinbobola : Le rôle des médias dans la société est crucial pour informer et garantir que les citoyens disposent des informations nécessaires pour faire des choix éclairés sur leur vie. Cela implique un engagement actif vis-à-vis des Objectifs de Développement Durable (ODD), particulièrement concernant l'accompagnement des politiques publiques. En Afrique, de nombreux pays ont ratifié des protocoles comme le Protocole Maputo ou la Convention OIT-190, mais l'implémentation de ces engagements reste souvent faible. Les médias doivent donc jouer un rôle de surveillance pour s'assurer que les gouvernements respectent leurs engagements.
Les médias doivent questionner et tenir les gouvernements responsables de l'implémentation des ODD. Cela ne se limite pas à la couverture des actions extérieures, mais aussi à la remise en question des pratiques internes des organisations, y compris les médias eux-mêmes. Il est essentiel que les médias intègrent des principes tels que les droits humains et l'égalité des sexes dans leurs politiques internes et leurs opérations, pour que leur impact ne soit pas seulement social mais également exemplaire.
Avez-vous des exemples de médias africains qui ont intégré les ODD dans leurs lignes éditoriales ou leurs pratiques ? Quel impact cela a-t-il eu ?
Dr Yemisi Akinbobola : Il existe des exemples inspirants à travers le continent. Par exemple, en Afrique du Sud, des médias ont adopté des politiques de genre qui ont conduit à une représentation plus équilibrée des sexes dans les rédactions. Toutefois, l'impact réel sur le leadership féminin dans les médias reste limité, notamment en raison de la dimension raciale et ethnique du pays. Au Rwanda, un projet de recherche sur le harcèlement sexuel dans les médias a conduit à la création d'une politique nationale anti-harcèlement, soutenue par plus de 20 organisations médiatiques. Cette initiative a démontré qu'un changement de politique nationale, couplé à l'engagement des médias, peut produire des résultats significatifs.
Ces efforts montrent qu'il est non seulement possible mais nécessaire de lier la politique nationale, les pratiques industrielles et les actions des médias pour promouvoir des environnements de travail plus sûrs et égalitaires pour les femmes. L'implémentation de ces politiques et l'engagement continu de tous les acteurs sont essentiels pour transformer les bonnes intentions en actions concrètes et durables.
Avec l'émergence de technologies comme l'intelligence artificielle (IA) et l'information, comment voyez-vous les médias se développer dans les prochaines années ?
Dr Yemisi Akinbobola : L'intelligence artificielle est déjà utilisée de manière significative dans certains pays africains, comme l'Afrique de l'Est et l'Afrique du Sud, et elle est intégrée non seulement dans les médias d'actualité, mais aussi dans d'autres domaines comme la communication et les relations publiques. Par exemple, en Tanzanie, une salle de rédaction utilise un lecteur d'actualités alimenté par l'IA avec une voix féminine spécifique. Cela représente une évolution intéressante du rôle de l'IA dans les médias, bien que des questions sur la représentation des femmes et les biais dans l'IA émergent. L'IA peut offrir des avantages comme la gestion massive de données et la réduction du temps de travail, mais il est crucial de veiller à ce qu’elle ne renforce pas les stéréotypes existants.
Une autre problématique est l'utilisation ad-hoc de l'IA dans les salles de rédaction. Bien que de nombreux journalistes utilisent des outils d'IA comme ChatGPT pour réécrire des articles ou rechercher des informations, peu de médias ont mis en place des politiques internes pour encadrer l'utilisation éthique de l'IA. L'avenir des médias passera par une adoption plus structurée et éthique de l'IA, en veillant à ce que l'IA reste un outil au service du journaliste et non une substitution à leur travail.
Pourquoi avoir choisi le thème "Médias et Durabilité" pour la Conférence 2024 ? Quelle importance revêt ce sujet pour les médias africains ?
Dr Yemisi Akinbobola : Le thème "Médias et Durabilité" est crucial car il répond à la nécessité d'adopter des pratiques médiatiques qui non seulement informent, mais contribuent activement à des objectifs de durabilité sociale, environnementale et économique. Pour les médias africains, cela signifie une responsabilité accrue vis-à-vis des enjeux de durabilité qui affectent directement les communautés locales, comme le changement climatique, les inégalités sociales et la justice environnementale. Les médias jouent un rôle central dans la sensibilisation et la mobilisation autour de ces enjeux, mais aussi dans la manière dont ils façonnent l'agenda public en matière de durabilité.
Pourquoi avez-vous choisi Dakar comme lieu de la conférence cette année ? Qu’est-ce que le contexte sénégalais apporte à cette discussion sur les médias et la durabilité ?
Dr Yemisi Akinbobola : Le choix de Dakar pour la conférence repose sur plusieurs facteurs géographiques et stratégiques. Le Sénégal, situé en Afrique de l'Ouest, offre une accessibilité facile pour les délégués de la région. De plus, Dakar, avec ses nouveaux gouvernements et ses réformes en cours, représente un terrain fertile pour discuter de la viabilité et de l'évolution des médias en Afrique. Le Sénégal est également reconnu pour sa stabilité politique et son environnement accueillant, ce qui en fait un cadre propice pour des discussions sur la durabilité dans le domaine médiatique. La conférence à Dakar permet ainsi de mieux comprendre comment les médias peuvent jouer un rôle dans les défis contemporains du pays tout en favorisant un échange culturel et une meilleure coopération entre les pays africains.
Comment voyez-vous le rôle des femmes africaines dans la transformation de l’écosystème médiatique en Afrique ? Quel message souhaitez-vous leur adresser à l’aube de cette conférence ?
Dr Yemisi Akinbobola : Les femmes africaines ont toujours joué un rôle clé dans la transformation de l'écosystème médiatique, malgré des défis structurels. Le message clé que je souhaite adresser à elles est que la conférence AWiM est une plateforme où elles pourront rencontrer des femmes partageant les mêmes expériences, apprendre les meilleures pratiques et se connecter avec des alliés masculins soutenant l'égalité des genres dans les médias. Il est important que les femmes puissent voir la conférence comme un espace pour renforcer leur réseau, partager leurs réussites et trouver des solutions pour surmonter les obstacles. L'égalité des genres dans les médias n’est pas seulement une question de justice sociale, mais aussi un impératif économique. Les médias doivent reconnaître la rentabilité d'une approche inclusive, ce qui sera mis en évidence lors de la conférence.