Une nouvelle hospitalisation sous le sceau du secret. De l'entrée à la sortie du chef de l'Etat algérien de la clinique Alembert, la santé d'Abdelaziz Bouteflika est restée un mystère. Journalistes et curieux ont été maintenus éloignés par des dizaines de CRS et des barrières. Seuls les rideaux tirés au 6e étage du bâtiment laissaient penser que le président algérien était bien là. Pour sa sortie, le président aurait été emmené vers 13h30 à bord d'une ambulance aux vitres teintées, escortée par des motards de la police. Le convoi d'une demi-douzaine de véhicules s'est rendu à l'aéroport de Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, à environ 40 kilomètres de Grenoble, où attendait un avion de la présidence algérienne.
Silence total du côté du pouvoir algérien
L'appareil a décollé vers 14h45, mettant fin à un séjour de 48 heures très mystérieux. La clinique Alembert de Grenoble s'est refusée à tout commentaire. Quant au pouvoir algérien, il a maintenu un silence total. Les autorités avaient pourtant un temps promis un communiqué mais il n'est jamais venu.
Adnan Mehdi, rédacteur en chef au quotidien El Watan, n'est pas surpris par cette omerta. « La présidence algérienne sait très bien qu’elle n’a aucun compte à rendre, ni à l’opinion, ni aux partis politiques, ni aux médias concernant ces absences. C’est géré comme si l’état de santé d’un chef d’Etat est une affaire privée et personne n’a droit de se poser des questions sur la santé du président.» D'ailleurs ajoute le journaliste, « la presse s’est presque habituée à ce genre d’absence de communication ».
L'opposition veut destituer Abdelaziz Bouteflika
Pour lui, la question de la santé présidentielle est d'autant plus sensible que plusieurs partis d'opposition jugent le président incapable de gérer le pays. Ils exigent l'application de l'article 88 de la constitution pour qu'Abdelaziz Bouteflika soit destitué pour raison de santé. « C’est pour cela qu’ils [l'Etat algérien] ne veulent pas communiquer autour de cette question » insiste Adnan Mehdi.
« Nous nous retrouvons aujourd’hui face à un problème majeur avec la maladie du président » renchérit Ahmed Ben Bitour, sénateur et ancien Premier ministre. Mais selon lui, au-delà des questions de personnes, c'est la nature même du régime qui pose problème. « Au niveau de l’Etat, ce sont quelques personnes qui prennent les décisions à la place des institutions. Il n’y a donc ni préparation, ni une vision prospective, s’agissant de l’avenir du pays.Notre but est de trouver une transition démocratique. Sinon, c’est la rue qui se chargerait du changement dans la violence et personne ne pourra envisager l’état du pays après l’explosion de la rue ».