"Saisi d’une soudaine démangeaison des testicules, le Grand Saumon, au soir de sa vie, retourne à grand peine sur son lieu de naissance. Pour ce faire, il va parcourir des milliers de kilomètres, remonter le courant de son torrent natal, franchir des cascades de plusieurs mètres- parfois même des barrages - en donnant d’énormes coups de queue dont la plupart de mes congénères de génotype XY sont bien incapables, quoi qu’ils disent.
Une fois arrivé en haut, il se reproduit, change d’aspect et meurt en quelques jours.
Chez mes congénères, le processus de vieillissement est ralenti (nous vivons plusieurs dizaines d’années après la phase de reproduction), mais la logique reste la même : après avoir dupliqué notre patrimoine génétique, nous nous épuisons à élever notre progéniture, puis nous mourrons. On ne redescend plus jamais la rivière".
Ce tableau très coloré, saisissant de vie et de réalité de Thierry Klein dans "Humeur" du 7 Décembre 2007 (mais quand même assez cru) rappelle bien quelque chose aux Sénégalais : sans être irrévérencieux (le ministre Jacques Baudin aurait parlé d'outrecuidance), il nous renvoie à notre vénéré président. Arrivé tard au pouvoir, quasiment au soir de sa vie, il s'est reproduit en essayant de ralentir le processus de vieillissement par un mimétisme vieux de plus quarante ans en singeant éhontément Senghor. Sans l'inviter officiellement au dernier banquet de l'universel qu'était le clone, troisième du genre, de la rencontre internationale du donner et du recevoir qu'était le Festival mondial des Arts Nègres (Fesman).
Abdoulaye Wade devrait avoir l'élégance de Senghor jusqu'au bout : il avait pris les Sénégalais à témoin en jurant qu'il ne ferait pas moins que Abdou Diouf ; mais il devrait faire mieux sinon plus : Abdou Diouf est parti sur une défaite cinglante qu'il lui a infligée avec la victoire historique du 19 Mars 2000 ; le premier président sénégalais est sorti dignement, librement, du moins officiellement.
Entré vivant dans la légende, celui qui préfère le Maître face à l'Immortel en mettant le règne de Diouf entre parenthèses doit en sortir plus grand, plus vivant encore : moins que le complexe du saumon qui semble marquer les différentes étapes de sa vie, retraçant là sa fidélité à l'amitié dont la mort est un signe évident de vie, il finira son règne avec la trilogie sur Senghor : il s'en ira du pouvoir volontairement, sans coup férir. Il aura ainsi bouclé la boucle ; il avait repris le flambeau des réalisations culturelles essoufflées : Place du Souvenir pour la Place de l'Indépendance, le théâtre National face à Sorano, le Monument de la Renaissance africaine face au Monument de l'Indépendance, d'une part ; l'organisation du Festival mondial des Arts nègres, rencontre du troisième type, enfin départ volontaire du pouvoir en toute liberté, en toute indépendance, en toute lucidité baliseront d'autre part une voie qui laissera la trace du bâtisseur d'infrastructures venues animer un règne des plus aléatoires d'un père tranquille bousculé par ses fils d'emprunt, putatifs, biologiques,...
Partisan et artisan du toujours plus haut, toujours plus fort, toujours plus loin, toujours plus grand, en densité physique et morale, il a semé son curriculum de ce souci d'ouvrir la vie politique et sociale à tous ; ce faisant, il commençait déjà à tracer le parallèle entre Senghor et lui en suivant publiquement un combat entamé avec la libération et la dignité de l'homme noir avec une présence remarquée à la rencontre historique des intellectuels de la diaspora en 1956 à Paris : sur le plan politique, il s'est attaqué au monopole de l'Union progressiste sénégalaise dès les années 70 avec l'ouverture démocratique qui permettra un timide loi des quatre courants ; sur le plan des libertés syndicales, il brisera le règne sans partage de la Confédération nationale des Travailleurs sénégalais adepte de la participation responsable en aidant à la naissance de l'Union des Travailleurs libres du Sénégal avec le tonitruant et fort regretté Puritain Fall ; sur le plan de la densité mentale, il ouvrira la voie au pluralisme communicationnel avec son groupe de presse qui fera dans le professionnalisme (Demain l'Afrique et Takusaan), dans l'éveil social (Le Citoyen) et la propagande (Le Démocrate et Sopi).
Il lui reste à gérer une horloge biologique avec cette hantise d'une immortalité qui a rattrapé Senghor au début des années 80 ; depuis le lundi 24 juillet 2006 lors de la rencontre avec le comité de suivi du Pacte républicain, Me Wade a ajouté à la confusion générale en évoquant publiquement, en tout cas devant témoins, un état de santé qui rend caduque toute velléité de prolongation de son propre mandat ; c'était dans la perspective de 2007.
Senghor n'a jamais montré de signe de faiblesse morale, intellectuelle et physique tout au long de ses 20 ans à la tête du Sénégal ; certes, un animateur un peu trop "éthéré" l'a donné mort une semaine avant sa disparition réelle. Me Wade est dans la même lignée : entre maladies réelles et supposées, entre une mort annoncée et non réelle, il navigue avec la crédulité du Sénégal et des Sénégalais, comme en ce début février 2011; et certains journaux s'étaient spécialisés es-Santé pour suivre, poursuivre et informer sur l'état du président de la République (1).
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(1)-Le journal « L'Observateur » semble se spécialiser dans ce domaine : il évoque la santé du président (n° 1190 du 05/09/07, page 5) et poursuit Wade à Paris le 14 novembre suivant pour l'attendre pendant 4 heures de temps devant chez son médecin (n° 1249). Si on sait que la rumeur l'avait donné pour mort il y a quelques années, on comprend l'agitation extrême des Sénégalais et les tentatives du chef de l'Etat de rassurer sur l'état de sa santé, ce qu'il a encore fait le 04 décembre, toujours en 2007, lors d'un entretien avec la chaîne "France 24". Et il est encore là !
Une fois arrivé en haut, il se reproduit, change d’aspect et meurt en quelques jours.
Chez mes congénères, le processus de vieillissement est ralenti (nous vivons plusieurs dizaines d’années après la phase de reproduction), mais la logique reste la même : après avoir dupliqué notre patrimoine génétique, nous nous épuisons à élever notre progéniture, puis nous mourrons. On ne redescend plus jamais la rivière".
Ce tableau très coloré, saisissant de vie et de réalité de Thierry Klein dans "Humeur" du 7 Décembre 2007 (mais quand même assez cru) rappelle bien quelque chose aux Sénégalais : sans être irrévérencieux (le ministre Jacques Baudin aurait parlé d'outrecuidance), il nous renvoie à notre vénéré président. Arrivé tard au pouvoir, quasiment au soir de sa vie, il s'est reproduit en essayant de ralentir le processus de vieillissement par un mimétisme vieux de plus quarante ans en singeant éhontément Senghor. Sans l'inviter officiellement au dernier banquet de l'universel qu'était le clone, troisième du genre, de la rencontre internationale du donner et du recevoir qu'était le Festival mondial des Arts Nègres (Fesman).
Abdoulaye Wade devrait avoir l'élégance de Senghor jusqu'au bout : il avait pris les Sénégalais à témoin en jurant qu'il ne ferait pas moins que Abdou Diouf ; mais il devrait faire mieux sinon plus : Abdou Diouf est parti sur une défaite cinglante qu'il lui a infligée avec la victoire historique du 19 Mars 2000 ; le premier président sénégalais est sorti dignement, librement, du moins officiellement.
Entré vivant dans la légende, celui qui préfère le Maître face à l'Immortel en mettant le règne de Diouf entre parenthèses doit en sortir plus grand, plus vivant encore : moins que le complexe du saumon qui semble marquer les différentes étapes de sa vie, retraçant là sa fidélité à l'amitié dont la mort est un signe évident de vie, il finira son règne avec la trilogie sur Senghor : il s'en ira du pouvoir volontairement, sans coup férir. Il aura ainsi bouclé la boucle ; il avait repris le flambeau des réalisations culturelles essoufflées : Place du Souvenir pour la Place de l'Indépendance, le théâtre National face à Sorano, le Monument de la Renaissance africaine face au Monument de l'Indépendance, d'une part ; l'organisation du Festival mondial des Arts nègres, rencontre du troisième type, enfin départ volontaire du pouvoir en toute liberté, en toute indépendance, en toute lucidité baliseront d'autre part une voie qui laissera la trace du bâtisseur d'infrastructures venues animer un règne des plus aléatoires d'un père tranquille bousculé par ses fils d'emprunt, putatifs, biologiques,...
Partisan et artisan du toujours plus haut, toujours plus fort, toujours plus loin, toujours plus grand, en densité physique et morale, il a semé son curriculum de ce souci d'ouvrir la vie politique et sociale à tous ; ce faisant, il commençait déjà à tracer le parallèle entre Senghor et lui en suivant publiquement un combat entamé avec la libération et la dignité de l'homme noir avec une présence remarquée à la rencontre historique des intellectuels de la diaspora en 1956 à Paris : sur le plan politique, il s'est attaqué au monopole de l'Union progressiste sénégalaise dès les années 70 avec l'ouverture démocratique qui permettra un timide loi des quatre courants ; sur le plan des libertés syndicales, il brisera le règne sans partage de la Confédération nationale des Travailleurs sénégalais adepte de la participation responsable en aidant à la naissance de l'Union des Travailleurs libres du Sénégal avec le tonitruant et fort regretté Puritain Fall ; sur le plan de la densité mentale, il ouvrira la voie au pluralisme communicationnel avec son groupe de presse qui fera dans le professionnalisme (Demain l'Afrique et Takusaan), dans l'éveil social (Le Citoyen) et la propagande (Le Démocrate et Sopi).
Il lui reste à gérer une horloge biologique avec cette hantise d'une immortalité qui a rattrapé Senghor au début des années 80 ; depuis le lundi 24 juillet 2006 lors de la rencontre avec le comité de suivi du Pacte républicain, Me Wade a ajouté à la confusion générale en évoquant publiquement, en tout cas devant témoins, un état de santé qui rend caduque toute velléité de prolongation de son propre mandat ; c'était dans la perspective de 2007.
Senghor n'a jamais montré de signe de faiblesse morale, intellectuelle et physique tout au long de ses 20 ans à la tête du Sénégal ; certes, un animateur un peu trop "éthéré" l'a donné mort une semaine avant sa disparition réelle. Me Wade est dans la même lignée : entre maladies réelles et supposées, entre une mort annoncée et non réelle, il navigue avec la crédulité du Sénégal et des Sénégalais, comme en ce début février 2011; et certains journaux s'étaient spécialisés es-Santé pour suivre, poursuivre et informer sur l'état du président de la République (1).
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(1)-Le journal « L'Observateur » semble se spécialiser dans ce domaine : il évoque la santé du président (n° 1190 du 05/09/07, page 5) et poursuit Wade à Paris le 14 novembre suivant pour l'attendre pendant 4 heures de temps devant chez son médecin (n° 1249). Si on sait que la rumeur l'avait donné pour mort il y a quelques années, on comprend l'agitation extrême des Sénégalais et les tentatives du chef de l'Etat de rassurer sur l'état de sa santé, ce qu'il a encore fait le 04 décembre, toujours en 2007, lors d'un entretien avec la chaîne "France 24". Et il est encore là !