Actes et comportements du régime de Wade: "le Sénégal est dans une phase de déconstruction"

Le Sénégal est en proie de beaucoup de difficultés au plan institutionnel, économique et des valeurs. C’est ce qui a certainement conduit le journaliste de Jeune Afrique, Cheikh Yérim Seck et le professeur de droit, Pape Demba Sy a estimé que le Sénégal est «dans une phase de déconstruction». Invités de l’émission «Remue Ménage» de la RFM, ces deux intellectuels ont passé en revue l’actualité marquée par le projet de loi constitutionnelle portant création du poste de vice-président, le remaniement «prolongé ou continu», entre autres.



Le sénégal à la croisée des chemins (photo montage)
Les actes posés par le président Abdoulaye Wade et son gouvernement ces derniers temps inquiètent beaucoup d’observateurs de la scène politique. Le remaniement du gouvernement le 30 avril dernier et le projet de loi constitutionnelle portant création du poste de Vice-président ont accentué, ravivé ces inquiétudes.

«Pour avoir observé un certain nombre de pays en Afrique, je me dis que nous sommes à une phase de déconstruction de notre pays», s’est désolé le journaliste sénégalais de Jeune Afrique, Cheikh Yérim Seck. Selon lui, «les gens ne s’en rendent pas compte, mais tout est en train d’être déconstruit dans notre pays». Le journaliste est d’avis que «la Constitution ne vaut plus rien dans ce pays. La Constitution sénégalaise de 2001 est la plus révisée au cours de ces dernières années. Même dans les pays en guerre comme la Côte d’Ivoire, comme d’autres pays d’Afrique on n’a pas autant révisé la constitution». Cheikh Yérim Seck a estimé que ce n’est pas seulement la Constitution. «Il y a aussi notre Assemblée nationale, l’architecture même institutionnelle. Il y a des institutions qui existent pour disparaître le lendemain tel que le CRAES (Conseil de la République pour les Affaires Economiques et Sociales). L’économie, n’en parlons même pas, tous les fleurons de notre économie ont disparue. Les ICS (Industries Chimiques du Sénégal), la SAR (Société de Africaine de Raffinage), la Sunéor ont tous disparue, la Sonatel est en train d’être bradée», a affirmé Cheikh Yérim Seck ce dimanche 10 mai sur la RFM.

A ce effet, a-t-il argumenté, «il faut que les sénégalais se disent que le vrai débat, aujourd’hui, ce ne sont pas les querelles d’appareils, mais c’est comment sauver notre pays de cette spirale de déconstruction car c’est fondamental».

Cet avis de Cheikh Yérim Seck est largement partagé par le professeur de Droit constitutionnel, et par ailleurs, leader de l’UDF-Mboloo mi, Pape Demba Sy. «Le Président de la République a un rapport ludique avec les institutions, c’est dire qu’il s’amuse avec les institutions. Un beau jour on dit : «bon on n’a plus besoin d’une telle institution on supprime». Trois jours après on crée une autre institution à peu près pareille, on revient là-dessus», a indiqué cet allié du chef de l’Etat.

Le constitutionnaliste a, ainsi, expliqué que «si le Sénégal se regardait dans un miroir, il ne se reconnaitrait pas de façon générale. Parce que ce qu’il est en train de faire c’est incompréhensible. Même les gens de son propre camp ne peuvent pas le défendre, parce que c’est indéfendable. Et actuellement, il y a beaucoup de gens de son camp qui l’interpellent pour lui demander de revenir sur ce projet de vice présidence».

Ces deux invités de l’émission «Remue Ménage» ont décrié le fait que toutes les valeurs soient aujourd’hui réduites à l’argent.

Papa Mamadou Diéry Diallo

Dimanche 10 Mai 2009 16:12


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