C’est un verdict allégé qui a été rendu par la justice congolaise à l’issue de ce procès en appel pour le meurtre du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya et de son chauffeur, en 2010. En première instance, deux des accusés avaient été condamnés à mort et trois avaient été acquittés. Dans le verdict rendu ce jeudi, un policier a été condamné à 15 ans et quatre autres ont été acquittés.
« Banalisation du crime », selon les parties civiles
Un « verdict incompréhensible ». Une décision « innommable ». « Banalisation du crime ». Les avocats des parties civiles ne cachaient pas leur colère, ce jeudi après-midi à la sortie de l’audience. Les familles des deux victimes, elles, étaient comme sonnées. « Je suis déçue », a lâché la grande sœur de l’activiste des droits de l’homme, Floribert Chebeya. Sur son t-shirt, le portrait de son petit frère et de son chauffeur - tous deux disparus en juin 2010 - et cette phrase : « Je demande justice ».
Car, pour les avocats des familles, justice n’a pas été rendue. Interloqués que le juge reconnaisse le principal accusé, le n°2 de la police à l’époque, coupable d’« assassinats », de « préméditation » et d’« intention de donner la mort » pour, finalement, lui accorder des circonstances atténuantes et le condamner à 15 ans de prison seulement.
Daniel Mukalay, seul condamné
Du côté des accusés, par contre, on ne cachait pas sa joie. Les quatre acquittés se sont pris en photo, tout sourire, aux côtés de leurs avocats. Quant au seul condamné en appel, Daniel Mukalay, il a vu sa peine réduite. Mais pour son avocat, faute de preuves suffisantes, selon lui, le juge aurait dû aller plus loin.
Enfin, une question reste toujours posée à l’issue de ce procès-fleuve : aux ordres de qui obéissait cet homme pour commettre ce meurtre ? « On me fait porter le chapeau » a lâché à plusieurs reprises le principal accusé dans ce procès, sans que jamais son supérieur hiérarchique, le général Numbi, ne soit appelé à comparaître. Les avocats des parties civiles ont d’ores et déjà annoncé vouloir se pourvoir en cassation pour casser ce verdict.