Affaire Hisséne Habré: Sens et Essence d’un procès



A ce ‘’jeu’’ que Déby n’aurait dû jamais jouer!
A ce procès que Macky n’aurait dû jamais organiser!
 
 
                 «Je me refuse à me prononcer sur le bien fondé ou non des accusations portées sur sa personne. Je m’en tiens, exclusivement, à la sacralité du droit d’asile ancré dans les profondeurs de mon âme negro africaine et musulmane». Amadou Tidiane Wone, Écrivain, ancien Ministre, ancien Ambassadeur
 
 
 A ce ‘’jeu’’ que le président IdrissDéby n’aurait dû jamais jouer, c’est de réclamer solennellement le procès du président Hisséne Habré  tout en pensant et en croyant au plus profond de lui, que ce procès n’aura jamais eu lieu pour diverses raisons…
 
A ce procès que le président Macky Sall n’aurait dû jamais organiser en terre sénégalaise, c’est celui d’un ex chef d’Etat  africain à qui un asile politique ait été accordé depuis 21 ans. En livrant le président Hissène Habré à ‘’ses chambres extraordinaires’’ dit-on ‘’africaines’’ et au vu et au su de comment la procédure préliminaire s’est déroulée, il est fort légitime de se douter que les chambres d’exception du président Macky Sall n’hésiteront pas à fouler au pied, les principes sacro-saints de toute Justice légale: la neutralité et la fidélité au Droit.
 
Excellence Président de la République, l’affaire Hissène Habré n’est pas seulement une question de Sens (politique et juridique), mais elle aussi une question d’Essence (culturel, ontologique et gnoséologique).
 
Du point de vue de Sens, ce procès ne risque t-il pas, au-delà de Hissène Habré, de se retourner contre le président  Idriss Déby? Pour cause, le président François Hollande a toujours imputé au président Déby, la responsabilité de la disparition de l’ex opposant N°1 du régime actuel de Ndjamena et par ailleurs son ami, le socialiste Ibny Omar Mahamat Saleh, à la suite des évènements du push manqué de Février 2008 (977 morts, 1758 blessés, 32 viols déclarés, 380 détenus enregistrés selon la FIDH).
Ensuite, lors de cette rebellion, les lobbys occidentaux de ‘’Droits de l’homme’’ avaient travaillé dur l’oreille de Nicolas Sarkozy, alors Président de la France, en lui demandant de n’intervenir pour sauver le régime d’Idriss Déby d’une rébellion qui avait presque fini de le renverser, qu’à la seule condition de son implication politique et financière pour la tenue du procès du président Hisséne Habré.
 
Mais entre temps, ‘’Sarko’’ le libéral est parti du pouvoir et François le socialiste est arrivé au pouvoir. Et depuis qu’il est aux affaires, l’occasion se présente pour le président François Hollande, par le biais de ce procès, de régler ses comptes à celui qu’il tient pour responsable de la disparition de son ami et camarade, Ibni Omar Mahamat Saleh. Et comme l’actuel président du Tchad, Idriss Déby, fut le bras droit de Hisséne Habré durant toute cette période, ce procès est parti pour révéler des secrets  terribles et de créer des dommages collatéraux immenses, de Dakar à Ndjaména.
 
Et c’est dommage et regrettable que Dakar ait accepté d’être ’’utilisé’’ dans ce qui ressemble plus à un règlement de compte entre Paris et Ndjaména et entre les lobbys de  ‘’Droits de l’Homme’’ contre le président Habré. Ni pour réparer une bourde politique commise en 2012 en apportant publiquement son soutient en tant que Chef d’Etat, au candidat Sarkozy lors du 2eme tour de la présidentielle française, et qui sera battu par la suite par François; ni vouloir se mettre sous l’aile protectrice de la France socialiste de Hollande, de se racheter et de s’amender d’une faute lourde, d’une bévue politique et d’une erreur stratégique, ni pour remercier Obama et les USA (sous influence de puissants lobbys), respectivement de sa visite et de ses aides (USAID, MCA, AGOA), ne sauraient justifier votre attitude Monsieur le Président Macky Sall, dans cette ‘’affaire Habré’’ qui sent déjà une parodie de justice.
 
Du point de vue d’Essence, Excellence Président de la République, vous et votre gouvernement, en faisant preuve d’un activisme débordant pour tenir coûte que coûte, vaille que vaille, ce procès, vous vous attaquez aussi aux valeurs et codes diffus et sacrés, immuables et profonds, de ce que nous avons de plus beau en Nous: la Téranga sénégalaise (sceau de notre identité nationale) et  l’Ubuntu africain (la valeur cardinale de l’Africain).
 
Monsieur le Président de la République, livrer  Hissène Habré à ‘’vos chambres africaines’’, après qu’il ait été parmi les nôtres pendant 21 ans, qu’il ait épousé une de nos sœurs, heurte les valeurs et les vertus de ‘’l’Homo Senegalensis’’, les vertus et valeurs de notre noblesse d’épée, de notre noblesse de sang, de notre noblesse du savoir, de notre noblesse d’érudition et de notre noblesse du verbe et des maîtres de la parole.
 
Excellence Président de la République, permettez-nous de vous rappeler que le contrat politique qui vous lie avec les Sénégalaises et les Sénégalais dans leur écrasante majorité, est de transformer votre légitimité des urnes en une légitimité de la gouvernance, en relevant les défis sociaux, économiques et institutionnels qui se posent quotidiennement à nous. Pas à juger ni à faire juger le Président Hissène Habré en terre sénégalaise.
 

Mohamadou SY ‘’Siré’’ / siresy@gmail.com 
CEO ‘’Epsilone Consulting’’, strategie & management
Casablanca, Maroc

Mohamadou SY ‘’Siré’’

Mardi 9 Juillet 2013 18:10


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