Quatre prévenus ont été reconnus coupables de tentative de meurtre : le tireur – que le général Faustin Kayumba Nyamwasa a identifié lors de l’attaque à son domicile –, l’accusé numéro un – un Rwandais qui a été contacté initialement pour éliminer le général –, ainsi que deux de ses complices, deux Tanzaniens. Pour le juge, il n’y a aucun doute : les quatre hommes ont préparé ensemble cette tentative d’assassinat, dont les motivations étaient « politiques » et qui émanait selon lui « d'un certain groupe de personnes du Rwanda ».
Une petite phrase qui n'a pas plu à Kigali : « Le juge entretient une suspicion, alors que son rôle était de juger sur la base de preuves », s'indigne un officiel rwandais. « Celui qui était présenté comme le cerveau présumé est acquitté, et on continue de parler, sans preuves, de conspiration politique », ajoute-t-il.
Photos du général
Pascal Kanyendekwe, l'homme d’affaires belgo-rwandais qui était soupçonné d’être l’organisateur de cette tentative d’assassinat, a en effet été acquitté. Il était pourtant l’accusé principal. La police avait retrouvé dans ses affaires des photos du général et une clé qui donnait accès au garage de ce dernier.
Mais le juge a estimé que même si cet homme était très probablement au courant de la tentative d’assassinat, il n’y avait pas suffisamment de preuves pour démontrer qu’il y avait participé. Il a donc été jugé non coupable, un verdict qui en a surpris plus d’un dans la salle.
Également acquitté par manque de preuves : le chauffeur du général, Richard Bachisha. Il était soupçonné d’avoir été en contact avec le reste du groupe et d’avoir facilité l’accès au domicile du général.
Tentative politiquement motivée
Le général Kayumba était présent dans la salle. À l’annonce du verdict, il a semblé très contrarié, discutant avec ses proches. Mais quelques minutes après, lors d’une conférence de presse, il s’est ressaisi : il a indiqué que le plus important n’était pas que tel ou tel individu soit condamné, mais plutôt que le juge ait reconnu qu’il y avait tentative de meurtre et surtout, que celle-ci était politiquement motivée.
Le juge a en effet estimé que les quatre coupables ne connaissaient pas l’identité du général, et donc qu’il s’agissait d’une tentative « politiquement motivée » qui provenait d’individus au Rwanda.
Pour le général, c’est donc ce messageenvoyé notamment à Kigali qui compte. Il a dit espérer « que l’Afrique du Sud fasse pression sur le Rwanda, pour que Kigali arrête de s’en prendre aux opposants politiques à l’étranger ».
Série d'attaques contre des opposants en exil
Pour Carina Tersakian, chercheuse à Human Rights Watch, l'affirmation du juge n'a rien de surprenant dans cette affaire, comme dans d'autres vivant des opposants rwandais. Suite à l'assassinat le 31 décembre dernier de l'ancien chef des renseignements Patrick Karegeya, l'organisation de défense des droits de l'homme avait récapitulé dans un rapport intitulé Une répression transfrontalière la série d'attaques menée contre des opposants en exil depuis près de 20 ans, et appelé à la fin de l'impunité.
C'est également suite à cet assassinat que pour la première fois, Washington s'était dit « troublé par une succession de meurtres d'exilés rwandais qui semblent avoir une motivation politique ». La même déclaration avait ensuite été faite, quelques mois plus tard, quasiment mot pour mot, par un porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères.
Entre les deux, il y avait eu une nouvelle attaque contre la résidence du général Kayumba Nyamwasa en Afrique du Sud, et l'expulsion par Pretoria de diplomates rwandais accusés d'être liés au meurtre de Patrick Karegeya et à ce qui était qualifié de « nouvelle tentative d'assassinat » contre le général Nyamwasa. Kigali avait répliqué en expulsant à son tour des diplomates sud-africains, accusant Pretoria de donner l'asile à des terroristes.
La justice sud-africaine « satisfaite »
Le porte-parole du parquet sud-africain, Nathi Mncube, s'est déclaré satisfait du verdict.
« En tant que bureau du procureur de la République, nous estimons qu’il est de notre devoir que l’Afrique du Sud ne soit pas utilisée comme un lieu où l’on peut venir commettre des crimes », a déclaré le porte-parole, ajoutant que le parquet demanderait des peines « très sévères ». Après le verdict de ce vendredi, les sentences seront annoncées le 8 septembre.
Source : Rfi.fr
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