Ainsi donc on reprocherait à Macky Sall de blanchir de l'argent sale. Le ministre sénégalais de l'Intérieur cheikh Tidiane Sy dans un communiqué on ne peut plus laconique avait fait état lundi soir de "l'existence d'un réseau de blanchiment d'argent sale impliquant Macky Sall (...) et Abdoulaye Sall, de nationalité sénégalaise résidant au Gabon".
Mais à y regarder de plus près, il n'est pas aisé de trouver fondement sur la loi réprimant le blanchiment de capitaux pour prospérer dans cette entreprise de déstabilisation d'un adversaire politique.
En effet au sens de la loi, n°2004-09 du 6 février 2004 "le blanchiment de capitaux est défini comme l’infraction constituée par un ou plusieurs des agissements énumérées ci-après, commis intentionnellement, à savoir :
• la conversion, le transfert ou la manipulation de biens dont l’auteur sait qu’ils proviennent d’un crime ou d’un délit ou d’une participation à ce crime ou délit dans le but de dissimuler ou de déguiser l’origine illicite desdits biens ou d’aider toute personne impliquée dans la commission de ce crime ou délit à échapper aux conséquences judiciaires de ses actes ;
• la dissimulation, le déguisement de la nature, de l’origine, de l’emplacement, de la disposition, du mouvement ou de la propriété réelle de biens ou de droits y relatifs dont l’auteur sait qu’ils proviennent d’un crime ou d’un délit ou d’une participation à ce crime ou à ce délit ;
• l’acquisition, la détention ou l’utilisation de biens dont l’auteur sait, au moment de la réception desdits biens, qu’ils proviennent d’un crime ou d’un délit ou d’une participation à ce crime ou délit.
Il y a blanchiment de capitaux, même si les faits qui sont à l’origine de l’acquisition, de la détention et du transfert des biens à blanchir, sont commis sur le territoire d’un autre Etat membre ou sur celui d’un Etat tiers."
Donc en clair, pour que Macky Sall puisse être poursuivi du délit de blanchiment de capitaux il faut que le procureur de la république puisse établir au moins deux réalités :
D'abord que Macky Sall a RECU ou manipulé de l'argent ou de biens provenant de faits qualifiés de criminels ou délictuels ;
Ensuite qu'il SAVAIT, lui, que ces sommes ou biens étaient de source délictuelle ou criminelle.
Or si, d'après la presse sénégalaise, on reprocherait à Macky Sall de blanchir de l'argent provenant de relations financières que ce dernier entretiendrait avec des chefs d'Etats africains ou autres, vous conviendrez avec moi que rapporter la preuve de la culpabilité de Macky Sall sera quasi impossible si on applique la loi à la lettre.
Car comment prouver que l'argent qui aurait été reçu par Macky Sall, si tel est le cas, de Chefs D'Etat étrangers est d'origine trouble. Si Bongo donne de l'argent à un citoyen Lambda sénégalais, qui peut prouver que c'est de l'argent provenant d'activités délictuelles ou criminelles qui auraient été le fait d'un chef d'Etat d'un pays souverain ? Personne. D'ailleurs ce n'est pas interdit de recevoir des dons d'un Chef d'Etat étranger à ce que je sache. N'importe qui d'ailleurs, dès l'instant que les objectifs rentrent dans le cadre des lois régissant ce pays, a parfaitement le droit de recourir à des subsides étrangers.
Quel opposant n'a pas reçu un soutien financier ou matériel d'une puissance étrangère ? Qui finançait Wade lui-même, rentré de son exil Parisien en Falcom privé soi disant prêté par un ami, lorsqu'il battait campagne avec véhicules tout terrains et hélicoptère ? D'où Idrisssa Seck a tiré les moyens de faire campagne en Hummer et autres monstres mécaniques ? Lorsque des personnes ont fait le tour des capitales arabes ou autres pour recevoir des dons pour les travaux de l'OCI, s'est-on poser la question de l'origine licite ou non de ces milliards ?
Par ailleurs, comment prouver que Macky Sall savait (dans l'hypothèse qu'il aurait reçu de l'argent de l'étranger) que cet argent était d'origine illicite. Cet élément intentionnel est aussi difficile à établir.
Nous pensons, même si notre intention n'est pas d'absoudre Macky Sall de ses erreurs de gestion à la tête de l'Etat du Sénégal comme bon nombre de ses anciens partisans du reste, que tout ce cirque relève de la cacophonie d'un régime aux abois habitué à nous divertir à la veille de chaque élection. Il s'agit sans faire de jeu de mots de "maquillage" pour éliminer un ancien élève partisan qui a osé se dresser contre le maître. Les sénégalais ne sont plus dupes. Et comme on dit en wolof "lou eup tourou" (trop c'est trop). A trop vouloir tirer sur la corde, elle risque de casser.
Dans cette affaire, qui part d'une accusation grave de la part d'un Ministre de la République qui semble dénouer de fondements matériels (et qui soulève même la question d'actions judiciaires récursoires contre son auteur), tout porte à croire que les adversaires de Macky Sall ont mis encore une fois la Charrue avant les bœufs. Agir d'abord chercher les éléments de preuve ensuite en violation flagrante du principe d'innocence.
Le Sénégal et ses institutions ne sont pas le terrain de jeux politiques des gouvernants actuels. Il faut qu'ils se le tiennent pour dit. La République et le respect des lois et des libertés individuelles doivent prévaloir sur tout. C'est loin d'être le cas malheureusement sous le magistère de Wade.
Et si par extraordinaire, l'Etat sénégalais voulait vraiment faire la lumière sur l'enrichissement subite et éhonté d'ex va-nu-pieds et nouveaux riches qui roulent en carrosse, franchement, il ne faudrait pas chercher bien loin.
Oumar Ndiaye
Socialisme et République Sénégal
http://www.socialisme-republiquesn.org/
Mais à y regarder de plus près, il n'est pas aisé de trouver fondement sur la loi réprimant le blanchiment de capitaux pour prospérer dans cette entreprise de déstabilisation d'un adversaire politique.
En effet au sens de la loi, n°2004-09 du 6 février 2004 "le blanchiment de capitaux est défini comme l’infraction constituée par un ou plusieurs des agissements énumérées ci-après, commis intentionnellement, à savoir :
• la conversion, le transfert ou la manipulation de biens dont l’auteur sait qu’ils proviennent d’un crime ou d’un délit ou d’une participation à ce crime ou délit dans le but de dissimuler ou de déguiser l’origine illicite desdits biens ou d’aider toute personne impliquée dans la commission de ce crime ou délit à échapper aux conséquences judiciaires de ses actes ;
• la dissimulation, le déguisement de la nature, de l’origine, de l’emplacement, de la disposition, du mouvement ou de la propriété réelle de biens ou de droits y relatifs dont l’auteur sait qu’ils proviennent d’un crime ou d’un délit ou d’une participation à ce crime ou à ce délit ;
• l’acquisition, la détention ou l’utilisation de biens dont l’auteur sait, au moment de la réception desdits biens, qu’ils proviennent d’un crime ou d’un délit ou d’une participation à ce crime ou délit.
Il y a blanchiment de capitaux, même si les faits qui sont à l’origine de l’acquisition, de la détention et du transfert des biens à blanchir, sont commis sur le territoire d’un autre Etat membre ou sur celui d’un Etat tiers."
Donc en clair, pour que Macky Sall puisse être poursuivi du délit de blanchiment de capitaux il faut que le procureur de la république puisse établir au moins deux réalités :
D'abord que Macky Sall a RECU ou manipulé de l'argent ou de biens provenant de faits qualifiés de criminels ou délictuels ;
Ensuite qu'il SAVAIT, lui, que ces sommes ou biens étaient de source délictuelle ou criminelle.
Or si, d'après la presse sénégalaise, on reprocherait à Macky Sall de blanchir de l'argent provenant de relations financières que ce dernier entretiendrait avec des chefs d'Etats africains ou autres, vous conviendrez avec moi que rapporter la preuve de la culpabilité de Macky Sall sera quasi impossible si on applique la loi à la lettre.
Car comment prouver que l'argent qui aurait été reçu par Macky Sall, si tel est le cas, de Chefs D'Etat étrangers est d'origine trouble. Si Bongo donne de l'argent à un citoyen Lambda sénégalais, qui peut prouver que c'est de l'argent provenant d'activités délictuelles ou criminelles qui auraient été le fait d'un chef d'Etat d'un pays souverain ? Personne. D'ailleurs ce n'est pas interdit de recevoir des dons d'un Chef d'Etat étranger à ce que je sache. N'importe qui d'ailleurs, dès l'instant que les objectifs rentrent dans le cadre des lois régissant ce pays, a parfaitement le droit de recourir à des subsides étrangers.
Quel opposant n'a pas reçu un soutien financier ou matériel d'une puissance étrangère ? Qui finançait Wade lui-même, rentré de son exil Parisien en Falcom privé soi disant prêté par un ami, lorsqu'il battait campagne avec véhicules tout terrains et hélicoptère ? D'où Idrisssa Seck a tiré les moyens de faire campagne en Hummer et autres monstres mécaniques ? Lorsque des personnes ont fait le tour des capitales arabes ou autres pour recevoir des dons pour les travaux de l'OCI, s'est-on poser la question de l'origine licite ou non de ces milliards ?
Par ailleurs, comment prouver que Macky Sall savait (dans l'hypothèse qu'il aurait reçu de l'argent de l'étranger) que cet argent était d'origine illicite. Cet élément intentionnel est aussi difficile à établir.
Nous pensons, même si notre intention n'est pas d'absoudre Macky Sall de ses erreurs de gestion à la tête de l'Etat du Sénégal comme bon nombre de ses anciens partisans du reste, que tout ce cirque relève de la cacophonie d'un régime aux abois habitué à nous divertir à la veille de chaque élection. Il s'agit sans faire de jeu de mots de "maquillage" pour éliminer un ancien élève partisan qui a osé se dresser contre le maître. Les sénégalais ne sont plus dupes. Et comme on dit en wolof "lou eup tourou" (trop c'est trop). A trop vouloir tirer sur la corde, elle risque de casser.
Dans cette affaire, qui part d'une accusation grave de la part d'un Ministre de la République qui semble dénouer de fondements matériels (et qui soulève même la question d'actions judiciaires récursoires contre son auteur), tout porte à croire que les adversaires de Macky Sall ont mis encore une fois la Charrue avant les bœufs. Agir d'abord chercher les éléments de preuve ensuite en violation flagrante du principe d'innocence.
Le Sénégal et ses institutions ne sont pas le terrain de jeux politiques des gouvernants actuels. Il faut qu'ils se le tiennent pour dit. La République et le respect des lois et des libertés individuelles doivent prévaloir sur tout. C'est loin d'être le cas malheureusement sous le magistère de Wade.
Et si par extraordinaire, l'Etat sénégalais voulait vraiment faire la lumière sur l'enrichissement subite et éhonté d'ex va-nu-pieds et nouveaux riches qui roulent en carrosse, franchement, il ne faudrait pas chercher bien loin.
Oumar Ndiaye
Socialisme et République Sénégal
http://www.socialisme-republiquesn.org/