La fête de l'Aïd-el-Kebir, communément appelée Tabaski, a été célébrée hier lundi dans l’émoi et la consternation à la Cité religieuse Medina Gounass. Des affrontements ont éclaté entre les deux communautés dans ladite cité. Il s’agit de celle dirigée par le khalife général des Futankés, Thierno Amadou Tidiane Ba et celle du khalife général du Fuladu, Thierno Mounirou Baldé.
Après avoir sorti un communiqué hier lundi pour faire part de la situation, le cadre des disciples de Thierno Mouhamadou Saibou Ba a fait face à la presse pour « rétablir la vérité » sur cette affaire qui connaît déjà plusieurs versions.
Seydou Ba, ancien maire de la commune de Médina Gounass qui a parlé au nom du cadre des disciples de Thierno Mouhamadou Saidou Ba, a souligné qu’un tel acte barbare n’a jamais été commis sur un guide religieux au Sénégal et a interpellé l’Etat.
« Tout le monde a appris, pas seulement au Sénégal, le monde entier a appris que le khalife général de Médina Gounass Thierno Amadou Tidiane Bâ a été victime d’une agression sauvage perpétrée sur sa personne alors qu’il revenait de la prière de la tabaski. Son véhicule a été caillassé. Pour la première fois au Sénégal, un khalife Général est victime d’une agression barbare dans sa propre ville. Voilà pourquoi nous sommes aujourd’hui devant vous parce qu’il y a beaucoup de versions. Donc on est là pour rétablir la vérité. Comme nous l'a appris notre khalife, notre guide, il faut toujours dire la vérité quelles que soient les circonstances parce que la vérité triomphe », a souligné Seydou Ba.
L’ancien maire qui est revenu un plus en détail sur les causes de cet incident à expliquer que : « le khalife revenait de la mosquée, c’est vrai, les gens vont se poser des questions, de savoir où étaient les forces de l’ordre ? La gendarmerie était là, en cours de route, à 150 mètres de la mosquée, parce qu’habituellement les prières de la fête ne se font pas au niveau de la grande mosquée mais dans un site dédié à ces prières. Quand il revenait de là, les gendarmes lui ont demandé de patienter un peu. Quand ils ont ouvert la voie arrivée à un certain niveau, c'est là que la voiture a été caillassée. Et Dieu merci parce que ça pouvait se passer autrement », a-t-il expliqué.
Et d'ajouter que malgré les provocations, le Khalife connu pour être un homme de paix a notifié ces disciples de rester calme face à la situation. « Vous savez que le khalife est un homme de paix. Il a demandé à la population de se calmer. Mais n’empêche, les hostilités ont continué, je dirais même ont triplé. Vous avez vu que partout il y a eu des dégâts. Des magasins complètement vandalisés, des voitures caillassés, dont la voiture du khalife. Heureusement que les vitres sont blindées sinon aujourd’hui on ne serait pas là à parler. La voiture de son frère Thierno Ibn Oumar Ba et tous les véhicules qui étaient dans le convoi ont été caillassés. Voilà pourquoi nous nous sommes indignés », a ajouté Seydou Ba.
M. Ba qui s’indigne de cette situation a fait savoir que même ce mardi, au même moment où ils tiennent cette conférence de presse, le calme n’est toujours pas revenu dans la cité. Ce, malgré la présence sur les lieux du ministre de l'Intérieur et sa délégation, qui selon lui n’ont pas échappé à ces hostilités car ils ont aussi été caillassés. « Medina Gounass, a été créée en 1945 par feu El Hadj Mahoumed Ba. Si maintenant aujourd’hui en tant que khalife on lui refuse le droit de passage sur une voie. Même s’il n’était pas Khalife, et qu’il n’était qu’un simple citoyen, on n’a pas le droit de lui interdire de passer sur une route. A fortiori, c’est un khalife. Au Sénégal, on a le droit de circuler donc comment le khalife dans sa propre ville? Au moment où nous faisons cette déclaration de presse, les choses s’empirent. Actuellement le ministre de l’intérieur est à Médina Gounass. Le défi est allé plus loin. Même avec la présence du ministre. Le ministre de l’intérieur en personne a été caillassé. Ils lui ont jeté des pierres. Maintenant on se demande dans quel pays on est ? j’espère que le ministre de l’Intérieur une fois rentré à Dakar prendra toutes les mesures nécessaires par rapport à ça ».
Parlant de la délégation du ministre venu s’enquérir de la situation en vue d’apporter une solution à ce conflit, le porte-parole du jour du Cadre des disciples de Thierno M S Ba, ne semble pas très emballé et fustige la venue dans leur cité précisément chez leur Khalife d’un membre de la délégation qui pour eux ne serait pas le bienvenu. Il s’agit de Seydina Oumar Touré plus connu sous Capitaine Touré.
« Le ministre est venu avec une délégation. Et dans cette délégation, il est venu avec quelqu’un en qui nous n’avons pas entièrement confiance. Qui est venu à plusieurs reprises à Gounass et qui n’a jamais mis les pieds chez le Khalife. Et aujourd’hui qui vient accompagner cette délégation qui vient dire qu’il vient pour la paix. Alors qu’il s’est affiché pour un clan bien déterminé je veux nommer le capitaine Touré que vous connaissez tous, qui a fait la une des journaux. Qu’est ce qu’il avait à faire dans cette délégation? Nous sommes en droit de nous poser des questions ».
Ainsi, intrigué du fait que le capitaine Touré soit allé cette fois- ci jusque dans la demeure du Khalife alors qu’il ne l’avait jamais fait auparavant. Même ayant l’occasion à plusieurs reprises, les Foutanké se sont posé pas mal de question arrivant même à se dire que ces affrontements cachaient quelques choses.
« Qu’est ce qui s’est passé ? Qui est derrière ? Ou bien qui sont derrière ces gens ? Parce que se sont de petits groupes. Nous sommes sûr et certain que ce n’est pas de gaieté de cœur, que même ceux qui ont agi, ne l’ont pas fait de gaieté de cœur. On ne peut pas indexer une personne, mais on peut indexer un noyau de personnes qui est là. Qui depuis un certain temps, pour des intérêts personnels, des intérêts politiques veulent déstabiliser la cité. Donc nous appelons l’Etat à situer les responsabilités. Si dans votre propre maison, dans votre cité vous ne pouvez pas avoir la paix, à tout moment on peut vous agresser, tuer sans qu’il ne se passe rien, nous sommes en droit de nous demander où va notre pays ? Nous lançons un cri de cœur aux sénégalais, à la diaspora», a conclu l'ancien maire de Médina Gounass.