Afrique du Sud: trois anciens policiers jugés pour le meurtre d'un militant contre l'apartheid



Trois anciens policiers sous le régime d’apartheid comparaissent à partir de ce vendredi 18 novembre pour un crime commis il y a 27 ans. Ils sont accusés d’avoir tué un responsable syndicaliste noir, connu pour ses critiques du régime de ségrégation en place jusqu’en 1994. Ils comparaissent devant un tribunal de Benoni, à l’est de Johannesburg. Ce procès fait partie des rares affaires réouvertes par la justice sud-africaine plusieurs décennies après les faits.

Les trois anciens policiers ont brièvement comparu lundi 18 novembre dans la matinée au tribunal de Benoni, à l'est de Johannesburg. L'audience reprendra ce mardi.

L’affaire remonte au 23 août 1987. Trois anciens policiers sud-africains sont accusés d’avoir fait irruption, en pleine nuit, chez un jeune syndicaliste, Caiphus Nyoka, et de l’avoir abattu. Alors âgé de 23 ans, il était connu dans l'est de l'agglomération de Johannesburg pour ses critiques publiques contre l'apartheid.

Jugés pour le meurtre de Caiphus Nyoka
Le chef de cette unité antiterroriste, Johan Marais, a lui déjà été jugé et reconnu coupable le 12 novembre. « Johan Marais et plusieurs membres » de la police sécuritaire « se sont rencontrés pour discuter d'un plan pour tuer Nyoka », rappelle le parquet. Ils ont décidé d'organiser « un raid à son domicile ». Vers 02h30 du matin, ces hommes ont fait irruption chez lui, en se dirigeant vers la chambre qu'il partageait avec trois camarades. « Après l'avoir identifié, ils ont fait sortir ses amis de la pièce et ont tiré neuf fois », le tuant sur le coup.

Après avoir plaidé coupable, il avait été libéré sous caution et enjoint à ne pas communiquer avec les trois autres accusés. Sa peine sera prononcée à une date ultérieure. 

Ces procès font partie des rares dossiers de l’apartheid qui ont été rouverts par la justice sud-africaine. Après l’apartheid, la commission Vérité et réconciliation a été mise sur pied pour tenter d’obtenir les aveux des coupables en échange d’une amnistie. Cette commission avait transmis plus de 300 affaires, les plus graves, au ministère public qui devait ouvrir des enquêtes et poursuivre les responsables. Il n'y en a quasiment pas eu.

25 ans plus tard, à l'impulsion des familles de victimes, on assiste à une réouverture de ces affaires. Parfois, les familles payent elles-mêmes pour qu'une enquête privée soit ouverte et déposent ensuite le dossier auprès de la justice. La plus connue est celle du militant anti-apartheid Ahmed Timol. Son procès n'a pu aboutir à la suite du décès du dernier suspect, João Rodrigues, en septembre 2021.

Rfi

Lundi 18 Novembre 2024 14:57


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