La crise politique sénégalaise se résume en un point simple : Ousmane Sonko et ses partisans se battent pour conserver ses droits politiques face au Président Macky Sall et ses partisans qui veulent, coûte que coûte, les lui ôter. Les autres sont bien placés pour arbitrer. Cependant, tous devraient partager le souci d’un Sénégal en paix.
Des constats
Cette volonté d'éliminer Sonko n'est presque plus dissimulée. Le déroulé de toutes ses épisodes judiciaires le démontre, de même que leur traitement par les collaborateurs du Président. La dernière sortie du ministre de la Justice, qui semble particulièrement intéressé par le sort politique de Sonko, en est un exemple patent. Il a péniblement tenté lors d'une conférence de presse d'expliquer la perte, selon lui, des droits politiques de Sonko, malgré l'unanimité des juristes s'étant exprimés sur la question et qui affirment tous la conservation de ces droits, par suite de son arrestation et son acte de non-acquiescement de son précédent jugement. On comprend la motivation d'éliminer le candidat Sonko quand on sait qu'il part favori aux prochaines élections présidentielles. Aucun observateur assidu de la politique sénégalaise n'a eu besoin des sondages révélés par Confidentiel Afrique le 22 juin 2023 qui donne Sonko vainqueur au premier tour pour s'en convaincre. Dans cette crise, tout est question des droits politiques de Sonko et par conséquent de sa participation aux élections présidentielles de 2024. Malgré plusieurs tentatives de confiscation depuis 2021, ces droits restent intacts aujourd'hui, au prix de luttes qui ont fait trop de pertes en vies humaines. Au Sénégal, parce que Sonko draine les foules, toute manifestation politique est interdite à ses partisans par les préfets, et tout manifestant parmi eux est réprimé et mis en prison. Des cas de tortures sont même mis à nu par un reportage du média Le Monde Afrique publié le 28 juillet 2023. On dénombre plus de 700 prisonniers politiques, dont certains n'ont eu pour tort que d'exprimer leur opinion politique dans les réseaux sociaux. Les médias sénégalais eux-aussi subissent la répression. Ils se sont pour la plupart résignés à ne plus traiter impartialement ou en profondeur ces sujets politiques du pays, de peur de subir les mêmes affres que Walf TV qui a vu plusieurs fois son signal coupé pour avoir soi-disant couvert des manifestations. Quoi de plus normal pour une chaîne de télévision ? Toute cette répression n'a fait que grandir la colère et par conséquent la violence des manifestants. N'aurait-il pas été plus clairvoyant de permettre des manifestations libres et encadrées ? Où un opposant ne mérite-t-il pas autant de ferveur populaire ? Aujourd'hui les manifestants, parce qu'ils ont été violents à certains égards sont qualifiés de "terroristes", voire inculpés pour terrorisme à l'instar de Sonko. La manifestation est le propre des citoyens qui veulent faire entendre leur voix sur une question ponctuelle de quelque ordre, entre deux échéances électorales. Celle des populations de Ngor en mai 2023 par exemple était d’ordre foncier. Ces dernières ont estimé urgent de manifester, et même violemment, pour conserver un terrain de leur localité. Elles n'ont pas, elles, été traitées de "terroristes". Même l’avocat français de Sonko, Juan Branco, a fait les frais de cette diabolisation. Ce dernier, lui aussi accusé de terrorisme, a été mis en examen et puis mis en liberté. A contrario, Sonko, mis en examen, est envoyé en prison. Qu’est ce qui explique cette différence de traitement ? La libération indispensable de Branco n’était-elle pas une brèche pour également libérer Sonko et les autres détenus politiques pour la stabilité du pays ? Aujourd’hui, la grève de la faim de Sonko entamée dès le début de sa détention, l’a amené aux urgences. Et son état sanitaire est critique d’après ses avocats. Il devient de plus en plus urgent d’agir.
Des pistes
Dans l’immédiat, il est crucial de libérer Sonko, pour l’apaisement de la situation. Le maintenir en prison n’a d’ailleurs aucun intérêt ni pour ses adversaires, ni pour la stabilité du pays. Par ailleurs, pour apporter une solution définitive à la crise, il suffit que le Président Sall arrête les tentatives d'élimination du candidat Sonko, aucun autre scénario n'étant à même de dissoudre, même au fil des années, la colère pendante de ces millions de concitoyens dont il faut se garder d'arracher la figure de l'espoir politique. Aussitôt, le climat sera apaisé. Et Sonko participera aux élections de même que tous les autres candidats, y compris celui que le Président Sall soutiendra, étant donné qu'il a renoncé le 03 juillet 2023 à briguer un troisième mandat. Quoi de plus normal ? Le Sénégal ne mérite-t-il pas autant de démocratie ? Les favoris ont toujours existé, mais chacun tente malgré tout sa chance dans les règles de l'art. Les peuples ont-ils perdu le droit de s'autodéterminer, à l'instar des Nigériens aujourd’hui ? L'ont-ils jamais eu ? Pourquoi l'Exécutif sénégalais et la CEDEAO s'empressent-ils de brandir l'intervention militaire à Niamey, à l'instar de la France soucieux de ses intérêts énergétiques dans la zone ? N'aurait-il pas fallu demander l'avis de l’Assemblée nationale au Sénégal ? Le Niger est inéluctablement un pays frère. Il n'y a pas besoin de sondage pour savoir que le peuple sénégalais n'a nullement envie d'en découdre, ni avec le Niger, ni avec le Mali, ni avec le Burkina Faso. Ces peuples partagent plutôt l'intérêt commun d'une Afrique unie et forte sur l'échiquier politique mondial. Revenant à la question première de la crise politique sénégalaise, elle est résolument facile à éteindre. On se demande ce que cela coûte hormis un peu d'orgueil. Tout est entre les mains du Président. Certes, il s'agit soit de le convaincre, soit de le contraindre. Sonko et ses partisans sont dans leur rôle quand ils essayent de le contraindre. Ne pouvant pas croire qu'il soit complètement "sourd", il existe assurément des personnes ressources capables le convaincre. Ont-elles perdu leur statut d'arbitre, pour avoir laissé passer toutes ces tentatives ? En tout état de cause, il n'est jamais trop tard pour bien faire. Nous prions à chacun d’agir tant qu'il est temps. Et la réussite est au bout de l'effort. Ceci est un appel pour un Sénégal serein, pour une Afrique unie.
Alassane Samba
Citoyen sénégalais
Des constats
Cette volonté d'éliminer Sonko n'est presque plus dissimulée. Le déroulé de toutes ses épisodes judiciaires le démontre, de même que leur traitement par les collaborateurs du Président. La dernière sortie du ministre de la Justice, qui semble particulièrement intéressé par le sort politique de Sonko, en est un exemple patent. Il a péniblement tenté lors d'une conférence de presse d'expliquer la perte, selon lui, des droits politiques de Sonko, malgré l'unanimité des juristes s'étant exprimés sur la question et qui affirment tous la conservation de ces droits, par suite de son arrestation et son acte de non-acquiescement de son précédent jugement. On comprend la motivation d'éliminer le candidat Sonko quand on sait qu'il part favori aux prochaines élections présidentielles. Aucun observateur assidu de la politique sénégalaise n'a eu besoin des sondages révélés par Confidentiel Afrique le 22 juin 2023 qui donne Sonko vainqueur au premier tour pour s'en convaincre. Dans cette crise, tout est question des droits politiques de Sonko et par conséquent de sa participation aux élections présidentielles de 2024. Malgré plusieurs tentatives de confiscation depuis 2021, ces droits restent intacts aujourd'hui, au prix de luttes qui ont fait trop de pertes en vies humaines. Au Sénégal, parce que Sonko draine les foules, toute manifestation politique est interdite à ses partisans par les préfets, et tout manifestant parmi eux est réprimé et mis en prison. Des cas de tortures sont même mis à nu par un reportage du média Le Monde Afrique publié le 28 juillet 2023. On dénombre plus de 700 prisonniers politiques, dont certains n'ont eu pour tort que d'exprimer leur opinion politique dans les réseaux sociaux. Les médias sénégalais eux-aussi subissent la répression. Ils se sont pour la plupart résignés à ne plus traiter impartialement ou en profondeur ces sujets politiques du pays, de peur de subir les mêmes affres que Walf TV qui a vu plusieurs fois son signal coupé pour avoir soi-disant couvert des manifestations. Quoi de plus normal pour une chaîne de télévision ? Toute cette répression n'a fait que grandir la colère et par conséquent la violence des manifestants. N'aurait-il pas été plus clairvoyant de permettre des manifestations libres et encadrées ? Où un opposant ne mérite-t-il pas autant de ferveur populaire ? Aujourd'hui les manifestants, parce qu'ils ont été violents à certains égards sont qualifiés de "terroristes", voire inculpés pour terrorisme à l'instar de Sonko. La manifestation est le propre des citoyens qui veulent faire entendre leur voix sur une question ponctuelle de quelque ordre, entre deux échéances électorales. Celle des populations de Ngor en mai 2023 par exemple était d’ordre foncier. Ces dernières ont estimé urgent de manifester, et même violemment, pour conserver un terrain de leur localité. Elles n'ont pas, elles, été traitées de "terroristes". Même l’avocat français de Sonko, Juan Branco, a fait les frais de cette diabolisation. Ce dernier, lui aussi accusé de terrorisme, a été mis en examen et puis mis en liberté. A contrario, Sonko, mis en examen, est envoyé en prison. Qu’est ce qui explique cette différence de traitement ? La libération indispensable de Branco n’était-elle pas une brèche pour également libérer Sonko et les autres détenus politiques pour la stabilité du pays ? Aujourd’hui, la grève de la faim de Sonko entamée dès le début de sa détention, l’a amené aux urgences. Et son état sanitaire est critique d’après ses avocats. Il devient de plus en plus urgent d’agir.
Des pistes
Dans l’immédiat, il est crucial de libérer Sonko, pour l’apaisement de la situation. Le maintenir en prison n’a d’ailleurs aucun intérêt ni pour ses adversaires, ni pour la stabilité du pays. Par ailleurs, pour apporter une solution définitive à la crise, il suffit que le Président Sall arrête les tentatives d'élimination du candidat Sonko, aucun autre scénario n'étant à même de dissoudre, même au fil des années, la colère pendante de ces millions de concitoyens dont il faut se garder d'arracher la figure de l'espoir politique. Aussitôt, le climat sera apaisé. Et Sonko participera aux élections de même que tous les autres candidats, y compris celui que le Président Sall soutiendra, étant donné qu'il a renoncé le 03 juillet 2023 à briguer un troisième mandat. Quoi de plus normal ? Le Sénégal ne mérite-t-il pas autant de démocratie ? Les favoris ont toujours existé, mais chacun tente malgré tout sa chance dans les règles de l'art. Les peuples ont-ils perdu le droit de s'autodéterminer, à l'instar des Nigériens aujourd’hui ? L'ont-ils jamais eu ? Pourquoi l'Exécutif sénégalais et la CEDEAO s'empressent-ils de brandir l'intervention militaire à Niamey, à l'instar de la France soucieux de ses intérêts énergétiques dans la zone ? N'aurait-il pas fallu demander l'avis de l’Assemblée nationale au Sénégal ? Le Niger est inéluctablement un pays frère. Il n'y a pas besoin de sondage pour savoir que le peuple sénégalais n'a nullement envie d'en découdre, ni avec le Niger, ni avec le Mali, ni avec le Burkina Faso. Ces peuples partagent plutôt l'intérêt commun d'une Afrique unie et forte sur l'échiquier politique mondial. Revenant à la question première de la crise politique sénégalaise, elle est résolument facile à éteindre. On se demande ce que cela coûte hormis un peu d'orgueil. Tout est entre les mains du Président. Certes, il s'agit soit de le convaincre, soit de le contraindre. Sonko et ses partisans sont dans leur rôle quand ils essayent de le contraindre. Ne pouvant pas croire qu'il soit complètement "sourd", il existe assurément des personnes ressources capables le convaincre. Ont-elles perdu leur statut d'arbitre, pour avoir laissé passer toutes ces tentatives ? En tout état de cause, il n'est jamais trop tard pour bien faire. Nous prions à chacun d’agir tant qu'il est temps. Et la réussite est au bout de l'effort. Ceci est un appel pour un Sénégal serein, pour une Afrique unie.
Alassane Samba
Citoyen sénégalais