2013 a été décrété l’année Césaire. Aimé Césaire qui s’est éteint en 2008, aurait eu cent ans cette année. L’homme qui chanta la négritude est né le 26 juin 1913, à Basse-Pointe, au nord de la Martinique. Issu d’une famille de classe moyenne antillaise (son père était comptable et sa mère couturière), Césaire a grandi dans son île natale caribéenne avant de venir poursuivre ses études à Paris où il va se nourrir de la pensée humaniste et s’inventer poète et pourfendeur de l’ordre colonial. Ses écrits - poésie, théâtre et essais - s’inspirent de la modernité d’un Baudelaire et d’un Rimbaud, et chantent les heurs et malheurs de l’homme noir, aliéné par de longs siècles de servitude.
L’ami des surréalistes et des communistes
Césaire fut l’ami des surréalistes et des communistes, participa à la décolonisation des terres et des esprits, avant de s’engager corps et âme dans le développement politique et social de sa terre natale. Elu député de la Martinique au sortir de la Seconde-Guerre mondiale, puis maire de Fort-de-France, l'homme fut un combattant total, qui a su mettre son action politique et poétique au service de l’« utopie », qui est le fondement et l’horizon indépassable de sa pensée.
L’œuvre littéraire de Césaire qui commence par l’emblématique Cahier d’un retour au pays natal, publié pour la première fois en 1939. Il a écrit de poésie, du théâtre, mais aussi des essais. Cette oeuvre qui se caractérise d'une part par la lucidité de la réflexion politique qui la porte et par sa force poétique d'autre part, a eu un retentissement mondial à cause de ses thèmes universels de liberté, de quête et de réinvention de soi au temps d’impérialisme finissant. Elle a été traduite dans de nombreuses langues.
Le Centenaire de la naissance de Césaire suscite des célébrations dans le monde entier depuis le début de l’année. Pour mieux faire connaître l’homme et son œuvre, ses admirateurs du poète organisent des colloques, des expositions et autres manifestations culturelles. Après Dakar où s'est déroulé en mars dernier le symposium proposé par l’Organisation internationale de la Francophonie à Dakar (Sénégal) en mars, c’est l’île natale du poète qui va accueillir un grand colloque sur le thème de « Aimé Césaire : œuvre et héritage ». Cette rencontre internationale se déroulera du 24 au 28 mars, et accueillera des intervenants du monde entier, dont le grand poète de Sainte-Lucie Derek Walcott, prix Nobel de littérature 1993. Une exposition de photos et d’arts plastiques multi-sites consacrée au Grand cri nègre » accompagnera les débats martiniquais, placés sous les signes de la mémoire et de l’héritage.
L’année Césaire sera ponctuée par un dernier grand événement : le prestigieux colloque de Cerisy, organisé sous la houlette d’Anne-Douaire Banny et le biographe de Césaire, Romuald Fonkoua. Ce colloque réunira spécialistes et « nouvelles pousses », doctorantes et doctorants qui, espèrent les organisateurs, permettront d’éclairer d’une lumière nouvelle la pensée du poète rebelle.
Des maux aux mots
A moitié consumée, l’année du Centenaire d’Aimé Césaire s’avère déjà riche en publications. Citons au hasard : Aimé Césaire, frère volcan, de Daniel Maximin, Aimé Césaire. Liturgie et poésie charnelle sous la signature d’André Lucrèce, Aimé Césaire et le PCF, de l’engagement à la rupture, par David Alliot. Témoignage, essai littéraire et biographie. Lilian Kesteloot, la grande spécialiste de l’œuvre d’Aimé Césaire, propose pour sa part des lectures critiques de Ferrementset Moi, laminaire, deux recueils de poésie de Césaire un peu oubliés du grand public. Ces études s'intitulent : Du fond d’un pays de silence, édition critique de Ferrements et Introduction à Moi, laminaire… d’Aimé Césaire.
En matière de nouvelles publications, l’événement a été créé cette année par la parution d’une biobibliographie commentée intitulée simplement Les Ecrits d’Aimé Césaire. Cet ouvrage, qui établit avec rigueur et minutie le parcours littéraire et politique du poète, est destiné à devenir l’outil de travail indispensable de tout chercheur dans le champ césairien. Leurs auteurs sont Thomas A. Hale, professeur de littérature africaine, française et comparée aux Etats-Unis, et Kora Véron, professeur de lettres à Paris. C’est cette dernière qui est la véritable cheville ouvrière de cette somme monumentale de 900 pages en 2 volumes, comportant 1025 notices et 565 éléments contextuels.
Kora Véron qui aime se définir comme « chercheur indépendant », a travaillé pendant sept ans dans les bibliothèques spécialisées à Paris, mais aussi en Martinique où, grâce au parrainage de Césaire en personne qu’elle connut de près pendant ses dernières années, elle a pu accéder à des archives privées. En fournissant aux lecteurs les éléments matériels et historiques nécessaires à la compréhension de la complexe œuvre, cette biobibliographie commentée, impressionnante d’érudition, répond, comme l’ont expliqué leurs auteurs dans leur préface, à la grande inquiétude de Césaire d’avoir été et d’être mal-compris.
L'ouvrage se terminent en citant l’épitaphe gravée sur le tombeau du poète au cimetière de la Joyau, dans les hauteurs de Fort-de-France : « la pression atmosphérique ou plutôt historique/agrandit démesurément mes maux/même si elle rend somptueux certains de mes mots… ». Il est raisonnable de penser que les futurs chercheurs remercieront le duo Véron et Hale d’avoir su si bien baliser le chemin escarpé qui mène des maux aux mots « somptueux » du poète.
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