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Alerte sur l'ENVIRONNEMENT : nous ne sommes pas sur la trajectoire du développement soutenable, changeons de paradigme (Par Dr Aliou Gori Diouf)



Alerte sur l'ENVIRONNEMENT : nous ne sommes pas sur la trajectoire du développement soutenable, changeons de paradigme (Par Dr Aliou Gori Diouf)
Introduction
La motivation principale des initiatives actuelles en matière d’environnement et de développement durable prises par les Etats africains reste la satisfaction des besoins socio-économiques au détriment de la préservation de l’intégrité des écosystèmes. En effet, les actions étatiques sont anthropocentrées. Cette approche anthropocentrique néglige de fait la question de l’absolue nécessité de la résilience et la pérennité des systèmes écologiques, compromettant ainsi l’équilibre des écosystèmes mais aussi l’équilibre entre les écosystèmes et les systèmes humains. Pour illustrer notre propos, nous prenons l’exemple de trois secteurs stratégiques pour le développement durable/soutenable de nos Etats, à savoir l’eau, l’agriculture et les mines.

1. Gestion intégrée des ressources en eau : une approche centrée sur l’humain La gestion intégrée des ressources en eau est fréquemment présentée comme une réponse au changement climatique, visant principalement à satisfaire les divers usages humains de l’eau. Cependant, cette approche accorde peu d’attention à la résilience et à la pérennité de la ressource en elle-même. Les projets du secteur de l’eau se concentrent rarement sur la préservation, voire le développement, des ressources hydriques, mettant ainsi en péril leur durabilité.

2. Secteur agricole : productivité versus intégrité des sols Dans l’agriculture, l’accent est mis sur l’augmentation de la productivité pour répondre aux besoins alimentaires croissants. Cette focalisation sur le rendement néglige souvent la préservation de l’intégrité et de la durabilité des sols. Les pratiques agricoles actuelles tendent à ignorer l’importance de maintenir l’équilibre des flux internes des sols et leurs interactions avec les autres composantes des écosystèmes. Cette négligence peut entraîner une dégradation des sols, compromettant leur fertilité et, par conséquent, la sécurité alimentaire à long terme.

3. Secteur minier : l’exploitation minière au détriment des écosystèmes L’exploitation minière se concentre principalement sur l’extraction des ressources minérales, accordant peu d’importance à la préservation des flux d’énergie et des échanges physico-chimiques au sein des sols, de la végétation, de la faune et des écosystèmes aquatiques. Cette négligence perturbe l’équilibre écologique millénaire, essentiel à la formation des ressources minérales convoitées. Contrairement aux secteurs de l’eau et de l’agriculture, où la production dépend directement de la santé des écosystèmes, l’industrie minière ne considère pas l’état actuel des écosystèmes comme un facteur déterminant pour l’extraction. Cette perspective réduit l’attention portée à la préservation des équilibres écologiques, menant souvent à des pratiques destructrices pour l’environnement. Par exemple, l’extraction minière contribue fortement à la dégradation des écosystèmes, entraînant sécheresse, déforestation, perte de biodiversité et destruction des habitats naturels.

4. Approche anthropocentrique : une vision à court terme L’approche anthropocentrique, centrée sur la satisfaction immédiate des besoins humains, adopte une perspective à court terme. Elle vise des résultats rapides et spectaculaires, souvent au détriment de la santé des écosystèmes. Cette vision courttermiste peut conduire à une exploitation excessive des ressources naturelles, menaçant leur disponibilité pour les générations futures. C’est dans cette approche qu’il faut loger les évaluations environnementales actuelles, notamment les études d’impact environnemental et social.

5. Les limites des études d’impact environnemental et social actuelles : une approche devenue formelle au détriment des équilibres écologiques Les études d’impact environnemental et social (ÉIES) sont conçues pour évaluer les conséquences potentielles des projets sur les écosystèmes et les communautés locales y compris leurs moyens de subsistance. Cependant, au fil des années, ces évaluations semblent davantage répondre à des exigences formelles et légales pour obtenir des financements et lancer les projets, plutôt qu’à une réelle préoccupation pour la préservation des écosystèmes et la viabilité à moyen et long terme de ka rellation entre sociosystèmes et écosystèmes. De nombreuses ÉIES se concentrent sur le respect des cadres juridiques et réglementaires en vigueur, adoptant une approche presque mécanique pour satisfaire aux obligations légales. Cette orientation a le risque conduire à une évaluation superficielle des impacts écologiques, négligeant les effets cumulatifs et à long terme des activités projetées. Par conséquent, les véritables enjeux environnementaux et sociaux peuvent être sous-estimés ou ignorés, compromettant la santé des écosystèmes et le bien-être des populations concernées. Les ÉIES actuelles évaluent rarement les impacts écologiques des activités, qu’ils soient individuels ou cumulatifs, sur des horizons temporels moyens et longs. Cette lacune empêche une compréhension approfondie des perturbations potentielles des écosystèmes et de leur résilience face aux pressions anthropiques. Sans une telle perspective, les mesures proposées peuvent s’avérer inadéquates pour assurer la pérennité des systèmes écologiques et de leurs services écosystémiques.

Une compréhension approfondie des processus écologiques spécifiques aux sites concernés par les interventions des Etats ou de leurs partenaires est essentielle pour élaborer des mesures d’atténuation efficaces. Cependant, les ÉIES mettent souvent peu l’accent sur l’étude détaillée des flux d’échanges au sein des écosystèmes locaux et qui assurent leur équilibre. Par exemple, dans les écosystèmes des Niayes au Sénégal, la réhabilitation des dunes ou des cuvettes interdunaires à leur état pré-projet nécessite une connaissance précise des processus écologiques en jeu. Sans cette compréhension, les efforts de restauration risquent de ne pas restituer les fonctions écologiques essentielles de ces habitats à la mise en place et au fonctionnement particulièrement complexes.
L’objectif principal des évaluations environnementales devrait être la restauration et la préservation des processus écologiques fondamentaux. Cela implique une analyse détaillée des interactions entre les composantes biotiques et abiotiques des écosystèmes, ainsi que des impacts potentiels des projets sur ces interactions. Des mesures d’atténuation basées sur une telle analyse seraient plus à même de rétablir les équilibres écologiques et d’assurer la durabilité des projets.

Pour que les ÉIES remplissent véritablement leur rôle de protection des systèmes écologiques et de promotion du bien-être des communautés, il est crucial de dépasser une approche purement formelle et de s’engager dans des évaluations approfondies, intégrant une perspective à moyen et long terme. Une meilleure compréhension des processus écologiques locaux permettra de concevoir des mesures d’atténuation plus efficaces, contribuant ainsi à la préservation des écosystèmes et au bien-être des populations.

6. Approche centrée sur les écosystèmes : une alternative durable Contrairement à l’approche anthropocentrique, l’approche centrée sur les écosystèmes « écolocentrée » se concentre sur la préservation des écosystèmes tout en répondant aux besoins humains. En mettant l’accent sur le maintien de l’équilibre écologique, cette approche assure la pérennité des ressources naturelles. En préservant l’intégrité des sols et des écosystèmes, elle crée les conditions nécessaires pour une production agricole durable et une satisfaction à long terme des besoins humains.

Conclusion : pour garantir un développement véritablement soutenable, il est crucial de dépasser l’approche anthropocentrique et d’adopter une perspective écosystémique. Cette transition permettra de concilier la satisfaction des besoins humains avec la préservation des écosystèmes, assurant ainsi leur viabilité et le bien-être des générations présentes et futures.

Par Dr Aliou Gori Diouf Géographe Spécialiste en environnement et changement climatique aliou.diouf@gmail.com 

Babou Diallo

Mercredi 26 Février 2025 - 00:27


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