Contrairement au vote à l'Assemblée nationale, le texte contre les violences faites aux femmes a été adopté sans protestation par les sénateurs algériens. Les chefs de groupes parlementaires s'étaient même mis d'accord pour adopter le projet de loi intégralement, sans passer par le vote article par article.
Les sénateurs se sont dits heureux de ce vote. Le ministre de la Justice, satisfait, a estimé que le texte comblait les vides juridiques.
Blocages
Pourtant, il a fallu neuf mois pour que le texte soit programmé au Sénat. Neuf mois au cours desquels deux faits divers ont fait polémiques : le viol d'une migrante camerounaise et l'assassinat d'une jeune femme qui avait refusé les avances d'un automobiliste. La presse privée et les associations critiquaient l'immobilisme du Parlement.
Puis, au mois de novembre, la ministre de la Solidarité s'est exprimée pour la première fois en accusant les partis islamistes de blocage. Il est vrai que ce texte était violemment contesté par des députés de l'Alliance de l'Algérie verte, une coalition de partis islamistes qui dénonçaient une loi contraire à l'islam. Sauf que les députés avaient rétorqué qu'ils n'avaient pas la majorité, ni à l'Assemblée, ni au Sénat et ne pouvaient donc bloquer aucun texte.
Les associations soulagées
On ne sait pas ce qui a permis au texte d'être programmé puis adopté finalement jeudi. Mais les associations se disent soulagées que le vote ait pu avoir lieu. Même s'il faut encore attendre les décrets d'application.
« C’est une couverture juridique qui va vraiment aider la femme à avoir plus de droits et plus d’équilibre, aussi bien à l’intérieur de son foyer conjugal que sur les lieux publics, se réjouit Dalila Aoudj, présidente du Rachda (Rasemblement contre le mépris et le droit des Algériennes). Il faudra qu’il y ait une application réelle de cette loi sur le terrain, premièrement, deuxièmement, il faudrait qu’il y ait aussi un suivi des victimes pour savoir exactement quelle est la portée de cette loi. Troisièmement, il me semble qu’il serait hyper important qu’il y ait un discours politique qui accompagne cette loi pour que les choses soient effectives sur le terrain.
C’est un droit de l’homme que de pouvoir être protégé aussi bien dans le foyer conjugal, que sur les lieux publics ou au travail. Il faut dire que les violences peuvent aussi être financières parce qu’il y a des femmes qui travaillent et qui ne perçoivent pas leur salaire. Aujourd’hui, grâce à l’adoption de cette loi, elle peut revendiquer son salaire dans la légalité. »
Source : Rfi.fr