Plusieurs centaines d’hommes étaient massés devant le palais du gouvernement à Alger dans la soirée, mardi. Ces hommes, ce sont les forces de maintien de l’ordre, les brigades que l’on envoie pour sécuriser les matchs de foot, contenir les émeutes ou encadrer les manifestations. Les premiers d’entre eux sont arrivés en fin d’après-midi mardi en combinaison de tissu bleu, sans casque ou équipement de protection. Ils sont venus à pied de leur caserne de la banlieue est d’Alger à une quinzaine de kilomètres.
Au fur et à mesure de la soirée, ils ont été rejoints par d’autres groupes, d’autres brigades comme leurs collègues de Ghardaïa, qui ont manifesté lundi et hier après-midi. Ils réclament de meilleures conditions de travail, des augmentations de salaire et des permissions plus régulières. Dans leurs slogans, ils demandent le départ du chef de la police, le général Hamel et exigent d’être reçus par le ministre de l’Intérieur.
Plus tôt dans la soirée, le wali d’Alger – le préfet – est venu à leur rencontre, mais tous les policiers se sont retournés pour lui montrer leur dos. C’est aussi ce geste qu’avaient fait les manifestants à Ghardaïa hier. Un policier a expliqué que depuis plusieurs mois ils essayaient de faire entendre leurs revendications à leurs chefs, mais que ces derniers n’écoutaient pas.
Manifestions inédites
Selon Kamel Kachemad, correspondant d'El Watan à Ghardaïa, un tel mouvement est « inédit » dans le pays. « C’est la première fois; jamais en Algérie aucun corps constitué ne s’est soulevé, souligne-t-il. Il faut reconnaître une chose, ils ont été très organisés. Aucun d’eux ne porte d’arme, aucun d’eux ne porte de matraque, ils n’ont rien dans les mains. Ils ne gênent pas la circulation. Ils ont réussi à mobiliser autour d’eux grâce à cette organisation et cette solidarité entre eux. Il y a des unités de 28 wilayas [départements, NDLR] qui sont ici. Ce sont les événements de Ghardaïa qui ont conduit à cette situation ».