Les élections législatives du 28 septembre ont rendu leur verdict : vous avez la majorité, mais votre parti, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), n’obtient qu’une majorité relative. Etes-vous tout de même satisfait des résultats ?
Alpha Condé : Je suis surtout satisfait du comportement du peuple de Guinée qui a voté massivement sur l’ensemble du territoire sans qu’il y ait un seul incident, malgré les oiseaux de mauvais augure qui prédisaient la catastrophe, etc. Jamais on a eu des élections aussi tranquilles en Afrique.
Deuxièmement, la mouvance présidentielle, ce n’est pas seulement le RPG. La mouvance présidentielle couvre d’autres partis. Mon problème à moi, c’est qu’on tourne la page de la transition. Il n’y a pas de démocratie sans Parlement. Donc aujourd’hui, les débats sont au Parlement et non pas dans la rue.
Certains partis menacent de ne pas siéger dans la future Assemblée. Cela vous inquiète-t-il ?
Chacun est libre d’avoir le comportement qu’il veut. Mon problème aujourd’hui, c’est m’atteler maintenant au développement du pays pour le grand profit des jeunes, des femmes et des larges couches populaires.
L’opposition appelle à une journée « ville morte » pour lundi. Comment réagissez-vous à cette attitude de l’opposition ?
J’ai prévenu que désormais l’Etat, tout en préservant les libertés fondamentales, va aussi jouer son rôle de protecteur des citoyens. On ne permettra plus que l’on casse les biens des citoyens ou que l’on s’en prenne aux citoyens. Il faut trouver une solution en Guinée.
→ A (RE)LIRE: Guinée: le gouvernement dénonce la journée «ville morte» prévue par l’opposition
Y a-t-il des négociations en cours ou envisagées pour répartir les rôles au sein de la future Assemblée, notamment en ce qui concerne les commissions ?
Cela regarde les députés. Moi je ne suis pas député.
Le RPG va-t-il briguer la présidence de l’Assemblée nationale ?
Posez la question aux responsables du RPG, c’est eux qui sont mieux placés pour cela.
Vous savez très bien que votre parti vous consulte quand même de temps en temps ...
Ils ne sont pas obligés de me consulter ! Je ne dirige plus le parti. Le parti a ses dirigeants. Je suis président de la République, je suis président de tous les Guinéens, président de la nation, donc le RPG est libre de se déterminer.
Quels sont les textes que devrait examiner, selon vous, en priorité ce Parlement ?
Le budget. On a pris beaucoup de retard. Comme nous sommes en programme avec le Fonds monétaire pendant encore un an, il est donc important que, après l’accord avec le Fonds sur le budget, ce dernier puisse être voté par le Parlement pour être mis en exécution. Le reste, on verra après.
A nouveau Parlement, dit-on, nouveau gouvernement. Allez-vous procéder à un remaniement ministériel ?
Napoléon disait qu’« un chef militaire qui donne à l’avance les divisions de ses troupes est sûr de perdre la guerre » .
Sur les révélations de coup d’Etat par la presse durant la fin de la campagne, l’Etat guinéen a-t-il ouvert une enquête ? Et si oui, des personnes ont-elles été arrêtées ?
Il y a une enquête qui est ouverte aux Etats-Unis. Moi, je suis exécutif, je ne me mêle pas de la justice. Je laisse la justice faire son travail.
Bény Steinmetz, a-t-il réellement monté un complot pour vous renverser ?
Moi, je ne parle pas des hommes. Je suis là pour défendre l’intégrité et la souveraineté de la Guinée. Et la Guinée ne sera pas déstabilisée.Steinmetz rejette les accusations et affirme qu’il a acquis le plus légalement possible du monde les droits sur les deux blocs de la mine de Simandou. Que lui répondez-vous ?
J’ai mis en place un processus : un Comité technique est chargé de faire la revue de tous les contrats de faits et de propositions au commissaire stratégique [Comité technique de revue des titres et conventions miniers (CTRTCM), soumis au Comité stratégique, ndlr]. Donc le président n’est pas concerné. C’est pour le moment le Comité technique qui est concerné.
Le même Steinmetz vous accuse dans une interview parue dans L’Opinion le 10 octobre, « de vouloir salir sa réputation » pour lui reprendre son bien. Ce n’est pas tout, il accuse également les autorités guinéennes d’avoir monté de toute pièce cette affaire de complot. Vous-même et la justice, avez-vous des preuves contre ce monsieur ?
Je n’ai jamais fait de déclaration concernant ce monsieur. S’il a affaire à la justice, moi je n’ai rien à voir dedans. Je ne suis pas Américain, je ne suis pas du FBI. Moi, je ne suis qu’un président de la Guinée, pas président des Etats-Unis qui peut donner des ordres au FBI.
Mais l’avez-vous reçu ?
Il disait que j’étais contre lui. Je l’ai reçu pour lui dire que je ne suis contre personne, et je ne suis pour personne. Tous les contrats qui sont dans l’intérêt du peuple de Guinée, je les accepte. Ceux qui ne respectent pas le code, on les soumet à l’appréciation du Comité technique. Je n’ai rien contre sa personne, ni rien ! C’est pourquoi je l’ai laissé, pour montrer que je n’ai aucune hostilité. Mon seul problème, c’est le fait de la revue de tous les contrats. Je ne favorise personne. Je ne défavorise personne.
Etes-vous en négociation avec lui, comme on le répand ?
Mais comment voulez-vous que je négocie ? Je mets en place une structure de transparence. En aucun cas, je ne peux négocier : oo il y a la transparence, donc tout se passe à travers le Comité technique, ou il n’y a pas de transparence.
Vous avez décidé d’envoyer des soldats supplémentaires au Mali. Combien seront-ils ? Et où seront-ils déployés ?
Nous sommes en train d’arriver à un peu plus de 900. Ils sont déployés au Nord. Je souhaite que les négociations réussissent, mais il faut aussi que le Mali ait les moyens de défendre l’intégrité de son territoire et la Guinée intervient dans ce sens-là.
Pourquoi cette décision alors que la France est en train de se retirer progressivement du Mali ?
Nous remercions beaucoup la France d’être intervenue, parce si la France n’était pas intervenue, tout le pays serait déstabilisé aujourd’hui. Mais est-ce que vous ne pensez pas que c’est humiliant, que 50 ans après nos indépendances, on soit obligé de féliciter la France d’être intervenue ? Donc, il faut que l’Afrique prenne son destin en main. Il faut qu’on soit capable aujourd’hui de défendre notre souveraineté. Beaucoup de chefs d’Etat en ont pris conscience. Aux dernières sommet de l’Union africaine, nous avons décidé qu’il faudrait maintenant avoir une force d’intervention rapide.
Source : Rfi.fr
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