Amnesty International termine une mission de deux semaines en Centrafrique et prévient que les atrocités sectaires s’intensifient. Ses trois délégués sur place ont reccueilli des témoignages sur les exactions commises depuis que les violences ont éclaté à Bangui le 5 décembre. Ils ont appris que dans certains quartiers, les anti-balaka sont passés de maison en maison et ont tué une soixantaine d’hommes musulmans. En représailles les forces de l’ex-rébellion Seleka ont, elles, assassiné près de 1 000 hommes en deux jours, pillant systématiquement les maisons des civils.
La haine entre Centrafricains
L’un des auteurs de ce rapport, Christian Mukosa appelle donc la communauté internationale à intensifier son action et pas seulement à Bangui : « Les deux jours d'attaque du 5 et 6 décembre ont créé la haine entre les gens : la haine du voisin qui est chrétien, la haine du voisin qui est musulman. Et ça c'est une dimension pas très facile à gérer en terme de sécurité. Nous, notre appel final c'est qu'il faut qu'il y ait une force robuste de maintien de la paix sous les bannières des Nations unies, où tous les pays du monde vont contribuer pour aider à sécuriser la population et à protéger la population en Centrafrique et pas uniquement à Bangui ». Amnesty International, qui appelle aussi les Nations unies à accélérer leur projet de mise en place d’une commission d’enquête pour établir la responsabilité des crimes commis par toutes les parties en conflit et ainsi mettre un terme à l’impunité qui prévaut dans ce pays depuis des décennies.
Une situation « pré-génocidaire »
L'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU Samantha Power s'est rendu hier en Centrafrique, le jour où la mission Misca, mandatée par l'ONU, a pris le relais des forces africaines Fomac pour sécuriser le pays. La visite de Samantha Power visait notamment à pousser les dirigeants du pays à mettre fin aux violences. Washington s'inquiète fortement de la dégradation de la situation avec la flambée de violences entre anti-balaka et ex-seleka, avec des règlements de compte entre chrétiens et musulmans. C'est une situation « pré-génocidaire » avait déclaré il y a quelques jours l'administration américaine. L'ambassadrice s'est rendue dans un hôpital où sont soignées des victimes. Elle a rencontré des leaders religieux, mais elle a également eu un entretien avec le président centrafricain Michel Djotodia, l'ancien chef de la Seleka arrivé à la tête du pays lors du coup d'Etat de mars dernier. Elle lui a bien fait comprendre que les crimes commis en Centrafrique ne devaient pas rester impunis
Source : Rfi.fr