Au Sénégal, la religion occupe une place prépondérante dans la vie des individus. Elle est toutefois bien modérée dans le vécu collectif. Mais, quand l’initiative individuelle et citoyenne entraîne avec elle la dimension ou la fonction religieuse, le cliché devient tout autre. Elle (l’initiative individuelle) porte automatiquement le caractère social lorsqu’elle instaure une association et se manifeste à travers celle-ci. C’est précisément le cas des Imams. Ils se sont organisés en collectif pour battre le macadam et interpeller le gouvernement sur leurs préoccupations (factures d’électricité salées).
L’initiative individuelle devient aussi une force politique si les motivations sont essentiellement citoyennes. Leur présence dans l’espace public est donc problématique. Ceux-ci, pourvus d’une certaine crédibilité acquise de par leur statut d’officiant pour la prière, ne peuvent pas produire fortuitement, de par leur comportement, un acte insensé.
Ont-ils utilisé leur manteau d’homme religieux pour faire valoir leurs droits de citoyen ? Pourquoi ont ils posé ces actes ?
La religion a longtemps mêlé le savoir et la foi. Pour simplement justifier la formation que doit détenir l’officiant, pour ne pas dire l’imam, afin de tenir un sermon correct à l’endroit des fidèles. Le discours soutenu jusque là, à la connaissance que nous avons de son contenu, ne convoque pas les recommandations de Dieu voire de l’Islam comme moyen de pression pour avoir gain de cause auprès de la SENELEC et du gouvernement. Ce sont aujourd’hui les hommes, croyants musulmans qui voient, en l’image de ces hommes et à leur stature, les valeurs de l’islam. En effet, le fait qu’ils soient des modèles, de surcroît en situation, peut être la source d’un mouvement social important. Toutefois le risque pour que cela arrive est moindre.
D’un sens, les religions sont des organisations. Si l’on accepte la distinction et l’interdépendance entre fidèles et officiants, entre les finalités proprement religieuses et les finalités collectives. Le Sénégal quant à lui, en connaît une forme particulière. Les confréries sont fortement présentes et les marabouts qui sont à la tête de celles-ci, constituent l’exclusive sociale douée de puissance coercitive qui régule le religieux et demeure le seul à s’imposer sur le terrain politique. Les Imams sont donc, de simples membres de ces entités religieuses. Ce qui réduit par conséquent leur marge de manœuvre. Car, sans la caution du guide religieux toute action de leur part serait découragée.
L’autre raison pour laquelle les conséquences sociales ne seront pas grave, est la divergence de point de vue que l’on retrouve aussi bien dans le rang des imams que chez les populations qui suivent de près cette affaire. Qu’il y ait des Imams qui se soient alignés politiquement ou pas, ce qui est indéniable c’est que, l’ensemble des sénégalais se sont retrouvés dans le geste des Imams. Et cela, d’où sa particularité, s’est fait non pas par solidarité mais par reconnaissance de droit. Autrement dit, les sénégalais sont d’accord avec cette sortie mais ne rejoindront pas les rangs du collectif des Imams, du fait qu’ils ne sont pas traversés par ce vent de solidarité, pour ne pas évoquer cette obligation morale d’assistance et d’association. Dès le début des manifestations, les citoyens se sont limités tout simplement à acquiescer de la tête pour dire qu’ils ont raison (Ndlr : les Imams). Cela ne favorise pas la mobilisation, source de mouvements sociaux importants. Osons dire que nous sommes loin, pour ce cas, de l’implication d’une société religieuse et de l’enjeu d’une morale sociale.
Pour les libéraux du 19e siècle, la religion est bonne pour le peuple. Ce qui est aussi une variante conservatrice. Mais la variante radicale est illustrée par la fameuse formule marxiste sur la religion c'est-à-dire «l’opium du peuple». Les perspectives politiques et sociales de l’activité du collectif des Imams sont maigres même en cas de récupération politique. En définitive, il importe d’avertir, au bénéfice de tous, que la religion est de ce qu’il y a de plus sérieux pour nos sociétés. Par conséquent, on devrait bien choisir, ce qui serait notre espace de jeu.
Pascal Oudiane
Doctorant en sociologie
L’initiative individuelle devient aussi une force politique si les motivations sont essentiellement citoyennes. Leur présence dans l’espace public est donc problématique. Ceux-ci, pourvus d’une certaine crédibilité acquise de par leur statut d’officiant pour la prière, ne peuvent pas produire fortuitement, de par leur comportement, un acte insensé.
Ont-ils utilisé leur manteau d’homme religieux pour faire valoir leurs droits de citoyen ? Pourquoi ont ils posé ces actes ?
La religion a longtemps mêlé le savoir et la foi. Pour simplement justifier la formation que doit détenir l’officiant, pour ne pas dire l’imam, afin de tenir un sermon correct à l’endroit des fidèles. Le discours soutenu jusque là, à la connaissance que nous avons de son contenu, ne convoque pas les recommandations de Dieu voire de l’Islam comme moyen de pression pour avoir gain de cause auprès de la SENELEC et du gouvernement. Ce sont aujourd’hui les hommes, croyants musulmans qui voient, en l’image de ces hommes et à leur stature, les valeurs de l’islam. En effet, le fait qu’ils soient des modèles, de surcroît en situation, peut être la source d’un mouvement social important. Toutefois le risque pour que cela arrive est moindre.
D’un sens, les religions sont des organisations. Si l’on accepte la distinction et l’interdépendance entre fidèles et officiants, entre les finalités proprement religieuses et les finalités collectives. Le Sénégal quant à lui, en connaît une forme particulière. Les confréries sont fortement présentes et les marabouts qui sont à la tête de celles-ci, constituent l’exclusive sociale douée de puissance coercitive qui régule le religieux et demeure le seul à s’imposer sur le terrain politique. Les Imams sont donc, de simples membres de ces entités religieuses. Ce qui réduit par conséquent leur marge de manœuvre. Car, sans la caution du guide religieux toute action de leur part serait découragée.
L’autre raison pour laquelle les conséquences sociales ne seront pas grave, est la divergence de point de vue que l’on retrouve aussi bien dans le rang des imams que chez les populations qui suivent de près cette affaire. Qu’il y ait des Imams qui se soient alignés politiquement ou pas, ce qui est indéniable c’est que, l’ensemble des sénégalais se sont retrouvés dans le geste des Imams. Et cela, d’où sa particularité, s’est fait non pas par solidarité mais par reconnaissance de droit. Autrement dit, les sénégalais sont d’accord avec cette sortie mais ne rejoindront pas les rangs du collectif des Imams, du fait qu’ils ne sont pas traversés par ce vent de solidarité, pour ne pas évoquer cette obligation morale d’assistance et d’association. Dès le début des manifestations, les citoyens se sont limités tout simplement à acquiescer de la tête pour dire qu’ils ont raison (Ndlr : les Imams). Cela ne favorise pas la mobilisation, source de mouvements sociaux importants. Osons dire que nous sommes loin, pour ce cas, de l’implication d’une société religieuse et de l’enjeu d’une morale sociale.
Pour les libéraux du 19e siècle, la religion est bonne pour le peuple. Ce qui est aussi une variante conservatrice. Mais la variante radicale est illustrée par la fameuse formule marxiste sur la religion c'est-à-dire «l’opium du peuple». Les perspectives politiques et sociales de l’activité du collectif des Imams sont maigres même en cas de récupération politique. En définitive, il importe d’avertir, au bénéfice de tous, que la religion est de ce qu’il y a de plus sérieux pour nos sociétés. Par conséquent, on devrait bien choisir, ce qui serait notre espace de jeu.
Pascal Oudiane
Doctorant en sociologie