La marche projetée, pour se tenir le 15 mai 2010, par les jeunesses du Rassemblement des houphouetistes pour la paix et la démocratie (Rhdp), en vue, selon son slogan « de délivrer la Côte d’Ivoire des Refondateurs pour l’organisation immédiate de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire » n’aura plus lieu à cette date. Elle ne se tiendra, peut-être, plus. Cette annulation surprise, qui est en passe de faire voler en éclats, la famille houphouetiste, tient à la seule volonté de M. Aimé Henri Konan Bédié, ancien chef de l’Etat et président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-rda). Le Rdr a signé le communiqué contre son gré, pour sauver l’union sacrée... L’Udpci d’Abdallah Mabri Toikeusse et le Mfa d’Anaky Kobena se sont mis en retrait, momentanément, du groupe. Le président du Pdci-rda, à la réunion du 10 mai 2010, avait notamment évoqué, sans trop convaincre les autres leaders du Rhdp, des questions organisationnelles liées aux conditions pratiques de cette marche, qui ne seraient pas réunies, mais aussi et surtout, la tenue des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (Bad). Mais, en grattant un peu la paille, au terme de nos investigations, il ressort que les motivations du président du Pdci sont bien loin de l’argumentaire qu’il a développé. En effet, tout est parti de la rencontre que le chef de l’Etat a eue avec le « Sphinx de Daoukro » dans la matinée entre 11 h et 13 h le lundi 10 mai en la résidence de ce dernier. C’est à l’issue de cette rencontre que le sort de la marche a été scellé. Il faut dire que les observateurs de la vie politique ivoirienne, qui ont qualifié cette « visite d’Etat » de Gbagbo chez Bédié, de « visite de la zizanie », n’ont pas eu tort. Car, en se rendant chez Bédié, à l’insu des autres composantes du Rhdp, le « Woody Mama », réputé grand « jongleur politique devant l’Eternel », avait la conscience claire sur deux objectifs majeurs à atteindre : créer, au sein de la famille du Rhdp, un climat de suspicion généralisé. Puis, faire avorter la marche du 15 mai, par les leaders du Rhdp, sans que lui, Gbagbo, n’ait à prendre un quelconque décret d’interdiction. Preuves et aveux gênants Le chef de l’Etat, qui, depuis le déclenchement de la rébellion a toujours su se tirer des situations quelques fois inextricables, vient de réussir son coup. Pour emballer le président du Pdci-rda, Gbagbo a tout simplement appuyé sur le point sensible de l’ex-président de la République. La présence massive des étrangers sur la liste électorale provisoire des 5.300.000 millions électeurs. Gbagbo lui a remis des preuves irréfutables de l’implication du Rassemblement des républicains (Rdr) dans ces fraudes. Le chef de l’Etat a fait voir notamment au président du Pdci, des extraits d’acte de naissance vierges émanant d’une mairie en zone Cno et signés du Maire Rdr, Fanny Ibrahima avec « des aveux de celui-ci », selon notre source. En outre, Gbagbo a remis au président du Pdci, la photocopie d’une liste de 14.000 personnes présente sur la liste des 5.300.000 personnes enrôlées, mais, qui en réalité, sont de nationalité étrangère. Cette liste aurait eu la certification des Ambassades des pays concernés, reconnaissant ces personnes comme étant les citoyens de leurs pays respectifs. M. Boureima Badini, représentant du Facilitateur, présent à cette rencontre aurait soutenu Gbagbo, dans le sens de convaincre Bédié. Laurent Gbagbo ne s’est pas arrêté là. Il a par ailleurs remis à Bédié, une liste comparative des personnes enrôlées de Korhogo et celle de Bouaké, fief du Pdci-rda. Bédié est tombé des nus, en constatant que « Korhogo est deux fois plus peuplé que Bouaké » en termes d’électeurs. Il a donné, également, quelques statistiques de certaines villes du « sud » où l’électorat, sous un regard faciès, est proche du Rassemblement des républicains. Evoquant une de ses rencontres avec un ancien ministre proche de l’opposition, Gbagbo aurait dit, selon notre source, à Bédié, que celui-ci « est fortement impliqué dans les coups d’Etat en préparation et qu’il a un lien étroit avec la découverte des armes à Anyama le 5 mai 2010 ». Certaines personnes arrêtées à Anyama l’auraient nommément mis en cause... Au cours de cette audience avec le chef de l’Etat, cet ancien ministre, selon notre source, « a reçu une volée de bois vert de la part de Gbagbo », qui aurait « menacé de le faire arrêter », s’il n’arrêtait pas ses actes de subversion. Le chef de l’Etat a aussi révélé à son hôte, avec preuves à l’appui, que « c’est dans un cabinet informatique, appartenant à cet ancien ministre que le fichier des 429.000 personnes avait été confectionné et mis à la disposition de la Cei. Selon notre source le ministre en question serait passé aux aveux » face au chef de l’Etat, Laurent Gbagbo. Lequel a rapporté ces aveux à Bédié. Et comme cerise sur le gâteau, Gbagbo aurait dit à Bédié que « le coup d’Etat qui venait d’être déjoué, visait non seulement les institutions de la République, mais aussi des personnalités politiques dont le président du Pdci-rda ». Et Gbagbo de dire : « Ne soit pas le dindon de la farce de ces gens-là. Ne te laisse pas manipuler par eux. Aide-moi à nettoyer cette liste ». En tout, ce sont plusieurs pages de détails scabreux sur le Rdr et des révélations que Gbagbo a livrés à Bédié. Réussissant du coup à le retourner contre son allié. En quittant son hôte, le chef de l’Etat lui a laissé « un dossier classé confidentiel concernant les fraudes du Rdr sur la liste électorale ». Toutes ces preuves, dites « irréfutables », ont été remises à Bédié qui les a remises à son tour, à Alphonse Djédjé Mady, secrétaire général du Pdci. Elles ont été présentées, vaguement, aux leaders du Rhdp, le lundi 10 mai dernier au cours de leur réunion. Mais, Alphonse Djédjé Mady, qui les tenait s’est refusé de les mettre à leur disposition, selon notre source. Ce qui a accru la tension au sein de cette coalition, aujourd’hui, au bord de l’éclatement. Voici comment Gbagbo a réussi à faire avorter cette marche...
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