Connue pour sa nature verdoyante avec ses nombreux cours d’eau, la région naturelle de la Casamance couvre une superficie de plus de vingt-huit mille quatre cent soixante-quatre kilomètres carrés (28 464 km2).
Elle possède d’importants atouts pour son développement économique grâce à un potentiel touristique intéressant et à la diversité de ses ressources agricoles, halieutiques et minières réparties entre les trois (03) régions administratives (Ziguinchor, Kolda et Sédhiou) qui la composent actuellement.
Malheureusement, depuis trente-huit (38) années, la zone est déchirée par un conflit fratricide opposant la rébellion du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC) à l’État du Sénégal.
De par sa durée, cette rébellion est, aujourd’hui, considérée comme la plus vieille en Afrique même si, au regard de son évolution, elle est qualifiée de « conflit à basse intensité ».
Toutefois, la violence de cette lutte n’est plus à démontrer avec un triste bilan marqué par des pertes en vies humaines et des populations déplacées. Cette situation engendre inévitablement un lot de souffrances insoutenables.
Aujourd’hui, nous constatons une relative accalmie que certains qualifient de période de « ni paix, ni guerre ». Tout peut, toutefois, basculer dans un sens ou dans un autre, et à tout moment. C’est pourquoi, il faut agir pour ne plus courir le risque de retourner aux heures sombres de la crise.
Nous ne voulons plus de la guerre ! Les victimes, qu’elles soient des hommes ou des femmes, des enfants ou des adultes, qu’elles soient sénégalaises ou pas, sont humaines. Et aucun être humain ne mérite de mourir dans ces conditions.
Nous ne voulons plus de la guerre ! Les conséquences négatives sur les personnes et l’environnement sont multiples. Parmi celles-ci, le déplacement des populations engendre des problèmes, notamment au niveau de l’état-civil. Ce qui, par ricochet, influe de façon désastreuse sur la scolarisation des enfants, la reconnaissance légale des naissances, des mariages et des décès. Ainsi que l’obtention de tous les autres documents légaux nécessaire à un citoyen, qu’il s’agisse de la délivrance d’un certificat de nationalité à fournir dans le cadre d’un concours à des emplois nationaux ou de l’inscription au fichier électoral dans le but d’exercer son droit de vote.
Cette anormalité aboutit peu à peu à la déstructuration de la société à travers l’éclatement de la cellule familiale. Il y a, aussi, les impacts négatifs sur l’environnement avec une « économie de la guerre » qui se construit autour du trafic des ressources forestières et la destruction de la faune. L’utilisation des mines anti personnelles interdit tout aussi l’exploitation agricole, l’élevage, l’apiculture, la pisciculture, entre autres, et empêche par conséquent l’atteinte de l'autosuffisance alimentaire. Une telle situation nuit au développement et entraîne une déliquescence des infrastructures de base.
Nous ne voulons plus de la guerre ! Nous, sénégalais, dans toute notre diversité, du nord au sud, de l’est à l’ouest et en toute union, nous ne voulons plus de la guerre.
Le Sénégal est connu pour être un pays de paix et de ‘’teranga’’. Un pays caractérisé par le cousinage à plaisanterie qui est un pont nous permettant de dépasser nos divergences et nos incompréhensions.
Nous sommes frères et nous voulons la paix. Une PAIX définitive.
Nous souhaitons entendre le Président de la République lancer un appel aux frères et sœurs du MFDC et voir ceux-ci sortir partager avec nous cette richesse dont regorge la forêt de la plus belle des régions.
A travers la présente, nous souhaitons que la paix qui caractérise le Sénégal ne soit plus entachée par ce vieux conflit. En effet, citoyens sénégalais et amoureux fous de la Casamance, nous ne pouvons-nous contenter de cette situation de ni paix ni guerre. Nous ne nous suffirons que de la paix définitive. Celle-ci est une demande citoyenne.
Ainsi, nous appelons l’État du Sénégal et le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance à initier ou à poursuivre le dialogue dans le sens de la résolution définitive du conflit.
Il est impératif, tout autant, d’accélérer les opérations de déminage des zones inaccessibles à la population pour leur permettre de retrouver leurs villages et de reprendre leurs activités.
Au-delà des populations, cette sécurisation permettra l’entière reprise des activités touristiques car la région naturelle de Casamance regorge de potentialités importantes et intéressantes.
Cette région doit entrer dans une nouvelle ère, celle de la PAIX DEFINITIVE parce qu’aucun sénégalais ne doit être menacé peu importe l’endroit où il se trouve.
Du fond du cœur, et en cette journée internationale de la paix, nous appelons toutes les autorités concernées à s’engager POUR UNE PAIX DEFINITIVE car rien ne nous sépare, tout nous unit.
Fait à Dakar, le 21 septembre 2020
Signataires :
Monsieur Cheikh Diop, Secrétaire général de la Confédération nationale des Travailleurs du Sénégal, Forces du Changement (CNTS/FC)
Le Mouvement Y’en a Marre
Monsieur Ibrahima Hamidou Dème, Président du Mouvement Ensemble
Me Mamadou Gueye, avocat
Monsieur Cheikh Fatma Diop, analyste financier/entrepreneur
Monsieur Bakary Dansokho, Contrôleur du Trésor
Madame Jaly Badiane, Bloggeuse, militante sociale et culturelle
Monsieur Daouda Keita, archiviste
Monsieur Basile Diomaye Faye, Inspecteur du Trésor
Monsieur Ma Diakhate NIANG, Inspecteur du Trésor, Président du Mouvement And Sopi Thies
Monsieur Muhammad Mustapha NDIAYE, Contrôleur du Trésor