En marge d’une manifestation de l’opposition mardi 10 août, un militaire français en poste au Togo s'en est pris à un photoreporter togolais qui l'avait pris en photo. Il l'a menacé, abusant de sa position, et a demandé aux gendarmes de le mettre en prison. L'incident a rapidement pris de l'ampleur, notamment sur Internet où une vidéo de la scène a été postée.
Le photoreporter, Didier Ledoux, a décidé vendredi 13 août d'engager des poursuites judiciaires, malgré les excuses du coopérant français, Romuald Letondot. Les deux hommes se sont rencontrés dans les locaux de l'ambassade de France à Lomé, jeudi. Mais le journaliste du quotidien d'opposition Liberté estime que le militaire n'était « pas sincère » lorsqu’il lui a présenté ses excuses. Dans une interview donnée plus tard à Lexpress.fr, l'officier a en effet affirmé : « J’ai réagi comme quelqu’un d’agressé. » « Il faut comprendre que je n’avais pas d’alternative et que je me suis fait piéger. »
Sanction disciplinaire
À la lecture de ces déclarations, le journaliste togolais a décidé de porter l'affaire devant la justice. « Cette affaire ne va pas s’arrêter là. Je remets en cause ses excuses et décide de porter plainte contre M. Letondot », a-t-il indiqué.
Dans la foulée, Romuald Letondot a été rappelé à Paris. « Une sanction disciplinaire de dix jours d'arrêt a été notifiée hier au lieutenant-colonel Romuald Letondot, pour atteinte au renom de l'armée française », a indiqué vendredi Christine Fages, la porte-parole adjointe du ministère des Affaires étrangères.
L’ambassade de France avait d’abord publié un communiqué dans lequel elle expliquait le contexte de l’altercation : « Le véhicule d'un officier français, membre de la mission de coopération militaire, qui se trouvait fortuitement aux abords d'un rassemblement, a fait aujourd'hui l'objet de jets de pierres. Après avoir signalé les faits au détachement de gendarmerie qui se trouvait à proximité, l'officier n'a pas souhaité qu'un photographe fasse une prise de vue. »
Mais jeudi, le ministère français de la Défense s’était désolidarisé de l’attitude de son représentant, mettant en avant la nécessité du respect de la liberté de la presse.