Arabie saoudite: des quartiers de Riyad paralysés par la fièvre répressive des expulsions

Une semaine après l’expulsion de centaines de milliers de travailleurs illégaux, les conséquences économiques et humaines commencent à se faire ressentir dans le royaume. Des scènes d’émeutes ont opposé, il y a deux nuits, la police saoudienne à des expatriés en situation irrégulière. Ces heurts ont fait deux morts, 68 blessés et 561 interpellations. Est-ce que le calme est revenu dans ce quartier très défavorisé ?



Des travailleurs éthiopiens rassemblés près des bus de la ville, à Manfouha, un quartier de Riyad, attendent d'être expulsés du royaume saoudien, le 10 novembre 2013. REUTERS/Faisal Al Nasser
Ces derniers jours, le quartier de Manfouha où résident de nombreux travailleurs illégaux originaires de l’Afrique, était en ébullition. La campagne d’expulsion d’immigrés sans-papiers, menée par les autorités saoudiennes depuis le début de la semaine, a largement agité les ruelles de ce quartier déshérité du sud de Riyad.
 
A la suite de ces émeutes meurtrières entre forces de l’ordre et habitants du quartier, de nombreux travailleurs clandestins ont décidé de se rendre à la police. Avec femmes et enfants, ils ont pris les bus mis à leur disposition direction les centres d’accueil et d’hébergement pour immigrés afin de diligenter les procédures d’expulsion.
 
Les travailleurs en situation irrégulière avaient sept mois pour régulariser leurs papiers. Beaucoup ne l'ont pas fait. Des centaines de milliers de travailleurs immigrés illégaux sont donc expulsés du pays depuis une semaine. Des patrouilles de police et des inspecteurs du ministère du Travail continuent de perquisitionner les entreprises.
Conséquences radicales de cette campagne de répression, les clandestins ont peur. Ils ne sortent plus de chez eux, restent cloîtrés.
 
La vie quotidienne perturbée

 
Autre constat, des boutiques de Batha, un quartier de Riyad à forte population étrangère, ont été obligées de baisser leur rideau. On trouve de moins en moins d’éboueurs et les ordures s’entassent dans les rues de la capitale, devant les écoles.
 
On note aussi une pénurie d’enseignantes dans les écoles privées, et pour cause ! Condamnées à ne pas conduire les femmes ne peuvent plus se déplacer faute de chauffeurs.
 
→ A (RE)LIRE: Un jeune Saoudien tourne en dérision l'interdiction faite aux femmes de conduire

 
Autre constat, la main d’œuvre bon marché a déserté les chantiers qui tournent désormais au ralenti.
Les autorités saoudiennes sont persuadées qu’en réduisant le nombre d’immigrés, estimés à 9 millions sur une population de 27 millions d’habitants, cela va favoriser l’emploi des Saoudiens dans le royaume, sachant que le taux de chômage est de 12,5%.
 
De leur côté, des experts saoudiens sont persuadés que le départ forcé de tous ces travailleurs étrangers devrait être bénéfique dans les années à venir pour l’économie du royaume.

Source :Rfi.fr

Dépeche

Lundi 11 Novembre 2013 11:48


Dans la même rubrique :