Il était l’homme le plus recherché d’Europe. Salah Abdeslam est soupçonné d’avoir été le logisticien des attentats de Paris et Saint-Denis. C’est lui qui avait réservé les chambres d’hôtel utilisées avant les attentats. C’est aussi lui qui avait loué en Belgique la Polo qui a été utilisée pour l’attaque du Bataclan et une Clio avec laquelle il est suspecté d’avoir convoyé les trois kamikazes du Stade de France.
Le vendredi 13 novembre, à 22h30, Salah Abdeslam se trouve dans un cybercafé de la rue Doudeauville, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Avait-il l’intention de s’y faire exploser ? Le communiqué de l’organisation Etat islamique diffusé le lendemain revendique une attaque dans cet arrondissement, mais il n’en a rien été.
Entre les mailles du filet
Salah Abdeslam appelle ensuite deux amis, Mohamed Amri et Hamza Attou. Tous deux habitent à Molenbeek où ils sont des habitués du café que Salah Abdeslam tient avec ses frères. Il les convainc de venir le chercher à Paris. Rendez-vous est pris à Châtillon, au sud de la capitale. Dans la commune voisine de Montrouge, une ceinture d'explosifs sera retrouvée plus tard dans une poubelle.
Les trois hommes regagnent la Belgique en voiture le 14 novembre au matin. Ils sont contrôlés à trois reprises sur le trajet. Mais le nom de Salah Abdeslam n'avait pas encore été relié aux attaques de la veille. Ils parviennent dans la capitale belge, dans le quartier de Schaerbeek précisément. A ce moment-là, Salah Abdeslam évite Moleenbek, sachant que les enquêteurs concentreraient leurs recherches.
En décembre, lors d’une perquisition dans un appartement de Schaerbeek, les enquêteurs découvrent des empreintes digitales qui correspondent à celui qui est alors l'homme le plus recherché d'Europe. Des traces d'explosifs et des ceintures cousues à la main sont également retrouvées. Mais le fugitif, lui, n'y est plus.
Les enquêteurs retrouvent également des traces de Salah Abdeslam dans un logement de Charleroi, au sud de Bruxelles, près de la frontière française. Mais ils pensent qu'elles datent d'avant le 13 novembre.
Une perquisition déterminante à Forest
En tout, ce sont une centaine de perquisitions qui ont été menées. Mais rien. La piste « refroidit ». Elle se réchauffe brutalement le mardi 15 mars. L'ADN et des empreintes digitales appartenant à Salah Abdeslam sont retrouvés sur un verre dans un appartement perquisitionné à Forest, une autre banlieue de Bruxelles. Lors de cette perquisition, les policiers sont pris pour cible par des tirs d'armes automatiques. Deux hommes réussissent à prendre la fuite. Salah Abdeslam était-il l’un d’eux ? C’est en tout cas ce que les derniers événements semblent l’indiquer.
Un troisième est abattu. Son nom : Mohamed Bekaïd. Selon le parquet fédéral belge, cet Algérien de 35 ans aurait apporté un soutien logistique aux attentats de novembre. Il serait celui qui, sous un faux nom, aurait envoyé de l'argent à la cousine d'Abdelhamid Abaaoud. Il serait proche de Salah Abdeslam qui serait allé le chercher personnellement à la frontière austro-hongroise au début du mois de septembre.
Cette perquisition du 15 mars mène les enquêteurs vers l'appartement de Molenbeek où celui qui est considéré comme étant le dixième homme des commandos du 13 novembre a donc été arrêté ce vendredi. Blessé à la jambe, mais vivant. Hospitalisé dans la nuit, il est sorti ce samedi matin de l'hôpital Saint-Pierre de Bruxelles. Il devrait être rapidement entendu par la police et un juge d'instruction.
Source: Rfi.fr