La série d’arrestations se poursuit au Sénégal depuis le 16 mars et bien avant. Après l’arrestation du journaliste Pape Ndiaye de Walf TV, plusieurs autres s’en sont suivies. Mais cette fois, ce sont des militants et responsables politiques de Pastef, parti de l’opposant Ousmane Sonko, des élèves, enseignants et médecin qui sont visés. Une situation qui plonge le pays dans une inquiétude. Dans une interview accordée à PressAfrik, le directeur exécutif de Anmesty International section Sénégal, Seydi Gassama a exprimé sa crainte d’un mécontentement généralisé. Il a invité le président Macky Sall à privilégier le dialogue pour apaiser le climat. INTERVIEW
PressAfrik : M. Gassama, ces multiples arrestations que nous constatons ces temps-ci ne constituent-elles une menace pour la démocratie sénégalaise ?
Seydi Gassama : Ces arrestations massives qui ressemblent beaucoup à des rafles constituent une menace pour démocratie, mais aussi une menace pour stabilité du pays. Ça ne fait qu'exacerber les tensions. Le président (Macky Sall) estime qu'avec la police et la gendarmerie, il pourra imposer l'ordre. Mais s'il n'arrête pas les atteintes aux libertés notamment la liberté d'expression et de manifester, le mécontentement va s'agrandir et il ne pourra pas compter sur les forces de l'ordre pour mater les Sénégalais. Ce n'est pas leur rôle. Donc il faut qu'il respecte les libertés et sorte un dialogue. Il doit comprendre que l'usage de la force n'est pas la meilleure voie pour gérer la situation actuelle.
Faut-il craindre le pire si cela continue ?
Il faut craindre le pire évidemment. On risque d'avoir une situation de mécontentement généralisé. Macky ne disposera ni suffisamment de policiers ni de gendarmes pour gérer. Il n'a pas ces forces de sécurité. Donc, il faut qu'il sache que le calme peut revenir par le dialogue, le respect des droits et les libertés des citoyens. Et non pas par l'usage des forces de l'ordre. On a tous vu dans différents pays, au Mali, en Tunisie, en Égypte. Les forces de l'ordre étaient beaucoup plus équipées. Mais face à des révoltes généralisées, ces pays sont tombés dans l'instabilité. Donc, il ne faudra pas qu'il suive cette voie qui est sans issue. Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est de ramener la paix par le dialogue.
Cette affaire (procès Sonko vs Mame Mbaye Niang) qui enflamme le pays depuis plusieurs temps est censée être privé. Mais il en fait une affaire d'État. Dans toute l'histoire politique du Sénégal, à chaque fois qu'un homme politique est convoqué au tribunal ou à la police, il a été accompagné par ses militants en prenant le trajet qu'il veut. On a jamais cherché à imposer un trajet ni à Macky Sall lui-même dans le passé ni à Idrissa Seck ni à Abdoulaye Wade. Ils ont tous pris le trajet qu'il voulait et accompagné de leurs militants pour aller répondre à la convocation. Pourquoi veut-il imposer coûte que coûte à Sonko des règles qui ne correspondent pas du tout à celles qui ont prévalu dans le passé et dans la gestion des situations pareilles.
Donc, nous estimons que c'est Macky Sall lui-même qui est responsable de la tension. Et il faut qu'il arrête. L'arrestation du Docteur Niang prouve qu'il est prêt à toutes les dérives. On ne peut pas arrêter un médecin parce qu'il a reçu un malade dans sa clinique. Il n'a jamais fait un communiqué pour parler de la maladie de Sonko. On ne peut aujourd'hui le convoquer et le placer en garde-à-vue pour soit disant obtenir des informations sur l'état de santé de Sonko. C'est totalement inacceptable. Ce médecin doit être libéré immédiatement.
Quelle solution adoptée pour apaiser les tensions ?
Le dialogue a tout le temps prévalu au Sénégal. Pendant les pires moments d'oppositions entre Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Wade a été condamné plusieurs fois par les tribunaux sénégalais. Mais Abdou Diouf n'a jamais utilisé ces condamnations pour l'empêcher de se présenter à l'élection présidentielle. Jamais ! Alors que Wade avait été poursuivi dans des affaires extrêmement gaves. Il est inacceptable aujourd'hui qu'on puisse profiter des délits comme la diffamation pour écarter un candidat à l'élection présidentielle. Surtout le droit international écarte la peine de prison pour ce genre de délit. La Cour africaine des droits de l'homme et des peuples, la Cour de la CEDEAO, ont demandé aux États de supprimer les peines de prisons pour ces genres de délits.
PressAfrik : M. Gassama, ces multiples arrestations que nous constatons ces temps-ci ne constituent-elles une menace pour la démocratie sénégalaise ?
Seydi Gassama : Ces arrestations massives qui ressemblent beaucoup à des rafles constituent une menace pour démocratie, mais aussi une menace pour stabilité du pays. Ça ne fait qu'exacerber les tensions. Le président (Macky Sall) estime qu'avec la police et la gendarmerie, il pourra imposer l'ordre. Mais s'il n'arrête pas les atteintes aux libertés notamment la liberté d'expression et de manifester, le mécontentement va s'agrandir et il ne pourra pas compter sur les forces de l'ordre pour mater les Sénégalais. Ce n'est pas leur rôle. Donc il faut qu'il respecte les libertés et sorte un dialogue. Il doit comprendre que l'usage de la force n'est pas la meilleure voie pour gérer la situation actuelle.
Faut-il craindre le pire si cela continue ?
Il faut craindre le pire évidemment. On risque d'avoir une situation de mécontentement généralisé. Macky ne disposera ni suffisamment de policiers ni de gendarmes pour gérer. Il n'a pas ces forces de sécurité. Donc, il faut qu'il sache que le calme peut revenir par le dialogue, le respect des droits et les libertés des citoyens. Et non pas par l'usage des forces de l'ordre. On a tous vu dans différents pays, au Mali, en Tunisie, en Égypte. Les forces de l'ordre étaient beaucoup plus équipées. Mais face à des révoltes généralisées, ces pays sont tombés dans l'instabilité. Donc, il ne faudra pas qu'il suive cette voie qui est sans issue. Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est de ramener la paix par le dialogue.
Cette affaire (procès Sonko vs Mame Mbaye Niang) qui enflamme le pays depuis plusieurs temps est censée être privé. Mais il en fait une affaire d'État. Dans toute l'histoire politique du Sénégal, à chaque fois qu'un homme politique est convoqué au tribunal ou à la police, il a été accompagné par ses militants en prenant le trajet qu'il veut. On a jamais cherché à imposer un trajet ni à Macky Sall lui-même dans le passé ni à Idrissa Seck ni à Abdoulaye Wade. Ils ont tous pris le trajet qu'il voulait et accompagné de leurs militants pour aller répondre à la convocation. Pourquoi veut-il imposer coûte que coûte à Sonko des règles qui ne correspondent pas du tout à celles qui ont prévalu dans le passé et dans la gestion des situations pareilles.
Donc, nous estimons que c'est Macky Sall lui-même qui est responsable de la tension. Et il faut qu'il arrête. L'arrestation du Docteur Niang prouve qu'il est prêt à toutes les dérives. On ne peut pas arrêter un médecin parce qu'il a reçu un malade dans sa clinique. Il n'a jamais fait un communiqué pour parler de la maladie de Sonko. On ne peut aujourd'hui le convoquer et le placer en garde-à-vue pour soit disant obtenir des informations sur l'état de santé de Sonko. C'est totalement inacceptable. Ce médecin doit être libéré immédiatement.
Quelle solution adoptée pour apaiser les tensions ?
Le dialogue a tout le temps prévalu au Sénégal. Pendant les pires moments d'oppositions entre Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Wade a été condamné plusieurs fois par les tribunaux sénégalais. Mais Abdou Diouf n'a jamais utilisé ces condamnations pour l'empêcher de se présenter à l'élection présidentielle. Jamais ! Alors que Wade avait été poursuivi dans des affaires extrêmement gaves. Il est inacceptable aujourd'hui qu'on puisse profiter des délits comme la diffamation pour écarter un candidat à l'élection présidentielle. Surtout le droit international écarte la peine de prison pour ce genre de délit. La Cour africaine des droits de l'homme et des peuples, la Cour de la CEDEAO, ont demandé aux États de supprimer les peines de prisons pour ces genres de délits.