L’expression du suffrage universel peut-elle s’accommoder du refus de certains élus de respecter la volonté populaire qui les a portés à l’Assemblée nationale et d’occuper effectivement leur poste de député du Sénégal ? A moins de 72 h de l’installation de la 12ème législature, forte de 150 députés, dont 119 de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar au pouvoir, force est de constater que les désistements et défections continuent d’agiter la nouvelle Assemblée nationale. Dernière en date : la décision de Serigne Modou Kara Mbacké du Pvd de céder son siège de député à Abdoulaye Makhtar Diop, son suppléant sur la liste nationale, ancien ministre des Sports et secrétaire général des SURS (un parti d’obédience socialiste). Loin d’être originale, la pratique est en passe de faire florès dans le landerneau politique. Pape Diop et Mamadou Seck de la coalition Bokk Gis Gis, respectivement Présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, comme Ousmane Tanor Dieng, le secrétaire général du Parti socialiste (Ps), avaient choisi, eux aussi, de ne pas occuper leur poste de député.
Ces désistements, démissions ou défections semblent faire désordre, pour bien d’observateurs de la scène politique. Même s’ils sont fondés en droit, ces poids lourds de la scène politique et/ou religieuse, élus au suffrage universel, donnent l’impression de détourner la volonté populaire sollicitée le 01 juillet dernier et d’instrumentaliser le suffrage universel qui les a élus au sein de l’hémicycle comme députés. En refusant de siéger et en optant de se désister au profit de leurs suppléants sur la liste nationale ou départementale, ils auraient tourné le dos aux électeurs qui leur ont exprimé leurs suffrages. Or, les élections législatives consacrent la rencontre des populations à la base avec leurs futurs représentants parlementaires. Une fois élus, ces derniers se retrouvent dépositaires de la volonté populaire et tissent avec leurs mandants une sorte de lien ombilical ne pouvant être rompu, sur un plan purement éthique, par de simples calculs politiciens ou des tripatouillages électoraux.
Il semblerait, malheureusement, que les acteurs politiques qui refusent de siéger comme députés sont bien loin de telles préoccupations morales et éthiques. Après avoir capté les suffrages des électeurs qui leur ont apporté leurs voix, ces responsables (Pape Diop, Mamadou Seck, Ousmane Tanor Dieng et autre Serigne Kara Mbacké) ont transféré les voix des suffragants vers des membres de leur coalition politique qui n’auraient certainement pas bénéficié du choix des citoyens au même titre que leurs têtes de liste aux législatives. Un détournement de la volonté populaire et/ou un hold up électoral, serait-on tenté de dire pour des leaders qui sont allés à la pêche aux voix alors même qu’ils savaient pertinemment qu’ils n’allaient pas siéger à l’Assemblée ! Ce faisant, ils ont envoyé des « seconds couteaux » dans une Assemblée nationale censée « de rupture » par rapport aux anciennes pratiques de la 11ème législature de triste mémoire, dominée par les Libéraux.
DES POSTES…MAL ACQUIS
Pape Diop et Mamadou Seck, présidents du Sénat et de l’Assemblée, anciens pontes du Pds et ténors de Bokk Gis Gis, ont tourné le dos à la 12ème législature, sous le fallacieux prétexte de laisser d’autres membres de leur coalition se confectionner un pédigrée parlementaire. Leurs sièges devraient échoir, sauf incident de dernière minute, au maire de Ziguinchor Abdoulaye Baldé (avec tout le malaise que cela a suscité au sein de la coalition) et à Alioune Abatalib Guèye (coordonnateur du comité électoral des FAL 2012). Or, ces anciens leaders du Pds ont perdu les suffrages des électeurs à Ziguinchor comme à Saint-Louis, lors du second tour de la présidentielle.
Ousmane Tanor Dieng, le secrétaire général du Parti socialiste, a assuré la gagne électorale dans son département de Mbour avant de céder son poste de député au responsable des jeunesses socialistes du département. Or, tout le landerneau politique était convaincu que le leader socialiste, ancien ministre d’Etat chargé des Services et affaires présidentiels, sous le régime de Diouf, n’allait pas être écarté dans le partage des strapontins que Macky Sall avait à distribuer à ses alliés du second tour de la présidentielle. N’empêche, Ousmane Tanor Dieng qui serait d’ailleurs pressenti, selon certaines indiscrétions, comme futur président du Sénat, la deuxième institution de l’Etat, a bénéficié de la volonté des suffragants avant de céder son poste à un responsable de seconde zone.
Serigne Modou Kara Mbacké n’en a pas fait moins. Le responsable religieux a fait élire deux députés pour son parti (le Pvd), probablement sur la base de son audience auprès des populations sénégalaises, pour ne pas dire de son attrait sur ses fidèles, avant de céder son siège à l’Assemblée. Paradoxe : le poste est revenu à Abdoulaye Makhtar Diop, son suppléant sur la liste nationale qui a rejoint à la dernière minute la coalition et qui fut ministre socialiste sous le régime de Diouf, ministre d’Etat, ministre de la Fonction publique sous le régime libéral de Wade.
Aujourd’hui secrétaire général des SURS, un parti d’obédience socialiste qui a retrouvé une seconde jeunesse sous la bannière d’une coalition dirigée par un …marabout, Abdoulaye Makhtar reste le principal bénéficiaire des voix des électeurs du Pvd. De là à conclure à une instrumentalisation manifeste du suffrage universel, il n’y a qu’un pas qu’on peut aisément franchir.
Source : Sudonline
Ces désistements, démissions ou défections semblent faire désordre, pour bien d’observateurs de la scène politique. Même s’ils sont fondés en droit, ces poids lourds de la scène politique et/ou religieuse, élus au suffrage universel, donnent l’impression de détourner la volonté populaire sollicitée le 01 juillet dernier et d’instrumentaliser le suffrage universel qui les a élus au sein de l’hémicycle comme députés. En refusant de siéger et en optant de se désister au profit de leurs suppléants sur la liste nationale ou départementale, ils auraient tourné le dos aux électeurs qui leur ont exprimé leurs suffrages. Or, les élections législatives consacrent la rencontre des populations à la base avec leurs futurs représentants parlementaires. Une fois élus, ces derniers se retrouvent dépositaires de la volonté populaire et tissent avec leurs mandants une sorte de lien ombilical ne pouvant être rompu, sur un plan purement éthique, par de simples calculs politiciens ou des tripatouillages électoraux.
Il semblerait, malheureusement, que les acteurs politiques qui refusent de siéger comme députés sont bien loin de telles préoccupations morales et éthiques. Après avoir capté les suffrages des électeurs qui leur ont apporté leurs voix, ces responsables (Pape Diop, Mamadou Seck, Ousmane Tanor Dieng et autre Serigne Kara Mbacké) ont transféré les voix des suffragants vers des membres de leur coalition politique qui n’auraient certainement pas bénéficié du choix des citoyens au même titre que leurs têtes de liste aux législatives. Un détournement de la volonté populaire et/ou un hold up électoral, serait-on tenté de dire pour des leaders qui sont allés à la pêche aux voix alors même qu’ils savaient pertinemment qu’ils n’allaient pas siéger à l’Assemblée ! Ce faisant, ils ont envoyé des « seconds couteaux » dans une Assemblée nationale censée « de rupture » par rapport aux anciennes pratiques de la 11ème législature de triste mémoire, dominée par les Libéraux.
DES POSTES…MAL ACQUIS
Pape Diop et Mamadou Seck, présidents du Sénat et de l’Assemblée, anciens pontes du Pds et ténors de Bokk Gis Gis, ont tourné le dos à la 12ème législature, sous le fallacieux prétexte de laisser d’autres membres de leur coalition se confectionner un pédigrée parlementaire. Leurs sièges devraient échoir, sauf incident de dernière minute, au maire de Ziguinchor Abdoulaye Baldé (avec tout le malaise que cela a suscité au sein de la coalition) et à Alioune Abatalib Guèye (coordonnateur du comité électoral des FAL 2012). Or, ces anciens leaders du Pds ont perdu les suffrages des électeurs à Ziguinchor comme à Saint-Louis, lors du second tour de la présidentielle.
Ousmane Tanor Dieng, le secrétaire général du Parti socialiste, a assuré la gagne électorale dans son département de Mbour avant de céder son poste de député au responsable des jeunesses socialistes du département. Or, tout le landerneau politique était convaincu que le leader socialiste, ancien ministre d’Etat chargé des Services et affaires présidentiels, sous le régime de Diouf, n’allait pas être écarté dans le partage des strapontins que Macky Sall avait à distribuer à ses alliés du second tour de la présidentielle. N’empêche, Ousmane Tanor Dieng qui serait d’ailleurs pressenti, selon certaines indiscrétions, comme futur président du Sénat, la deuxième institution de l’Etat, a bénéficié de la volonté des suffragants avant de céder son poste à un responsable de seconde zone.
Serigne Modou Kara Mbacké n’en a pas fait moins. Le responsable religieux a fait élire deux députés pour son parti (le Pvd), probablement sur la base de son audience auprès des populations sénégalaises, pour ne pas dire de son attrait sur ses fidèles, avant de céder son siège à l’Assemblée. Paradoxe : le poste est revenu à Abdoulaye Makhtar Diop, son suppléant sur la liste nationale qui a rejoint à la dernière minute la coalition et qui fut ministre socialiste sous le régime de Diouf, ministre d’Etat, ministre de la Fonction publique sous le régime libéral de Wade.
Aujourd’hui secrétaire général des SURS, un parti d’obédience socialiste qui a retrouvé une seconde jeunesse sous la bannière d’une coalition dirigée par un …marabout, Abdoulaye Makhtar reste le principal bénéficiaire des voix des électeurs du Pvd. De là à conclure à une instrumentalisation manifeste du suffrage universel, il n’y a qu’un pas qu’on peut aisément franchir.
Source : Sudonline
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