Prix Nobel de la paix 2006, il va bientôt gouverner son pays. Mercredi 7 août, s'apprêtant à quitter Paris, Muhammad Yunus a dit avoir "hâte" de prendre les rênes d'un gouvernement intérimaire au Bangladesh, avec pour objectif d'engager un "processus démocratique" menant à des élections rapides.
Le nouveau gouvernement dirigé par cet économiste de 84 ans devrait prêter serment dès jeudi "vers 20 h (14 h GMT)" au cours d'une cérémonie "en présence a priori d'une centaine de personnes", a annoncé le chef de l'armée, le général Waker-Uz-Zaman.
Dans un discours télévisé à la nation, l'officier s'est dit "certain" que Muhammad Yunus serait "capable de mener un beau processus démocratique dont nous tirerons les bénéfices".
Ce dernier, qui a lancé un "vibrant appel au calme" à ses compatriotes après des violences qui ont fait plus de 400 morts depuis début juillet, a embarqué de Paris pour un vol à destination de Dubaï, où il fera escale avant d'arriver au Bangladesh.
"Je vous demande de vous abstenir de toute forme de violence", a ajouté Muhammad Yunus dans un communiqué, après la fuite, lundi, de la Première ministre démissionnaire Sheikh Hasina et la dissolution du Parlement.
Vers des "élections libres et équitables"
Le Prix Nobel a écrit mercredi dans le magazine britannique The Economist qu'il ferait tout pour que des "élections libres et équitables soient organisées dans les prochains mois" mais qu'il fallait que les jeunes "ne soient pas obsédés par les règlements de comptes, comme l'ont été trop de nos gouvernements précédents".
Tarique Rahman, le président par intérim du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), le principal mouvement d'opposition à Sheikh Hasina, a lui aussi appelé à l'organisation d'un scrutin "le plus vite possible", dans un discours vidéo adressé de son exil londonien à une immense foule dans la capitale Dacca.
Dans un alignement du calendrier, le retour de Muhammad Yunus dans son pays a été facilité par son acquittement mercredi dans un procès en appel pour infraction au droit du travail. Sa condamnation en première instance en janvier, la seule prononcée contre lui sur plus de cent procédures pénales le visant, était considérée comme politique par ses défenseurs.
Il était alors parti à l'étranger après avoir été condamné à six mois de prison, tout en restant libre en attendant l'appel.
La décision de "former un gouvernement intérimaire (...) avec Muhammad Yunus comme chef" a été prise à l'occasion d'une rencontre entre le président Mohammed Shahabuddin, de hauts dignitaires de l'armée et des responsables du collectif Étudiants contre la discrimination, le principal mouvement à l'origine des manifestations déclenchées début juillet, a expliqué mercredi la présidence bangladaise.
L'économiste, connu pour avoir sorti des millions de personnes de la pauvreté grâce à sa banque de microfinance, pionnière en la matière, s'était attiré l'inimitié persistante de Sheikh Hasina, qui l'accusait de "sucer le sang" des pauvres.
Pour Nahid Islam, le meneur du collectif estudiantin qui a participé à la réunion avec le chef de l'État, Muhammad Yunus aura le titre de conseiller en chef.
Le président Shahabuddin a dissous mardi le Parlement, comme le réclamaient les étudiants protestataires et le BNP. Lundi, il avait ordonné la libération des personnes arrêtées pendant les manifestations et des prisonniers politiques. Y compris Michael Chakma, un militant défenseur des minorités ethniques incarcéré dans une prison secrète depuis 2019, a assuré mercredi son parti, le Front démocratique du peuple uni.
Lundi a été la journée la plus meurtrière depuis le début des actions de contestation, avec au moins 122 morts, tandis qu'au moins dix autres personnes ont été tuées mardi, portant le bilan total à au moins 432 morts, selon un décompte de l'AFP reposant sur des sources policières, gouvernementales et médicales.
Ce mouvement a abouti au départ de Sheikh Hasina, 76 ans, contrainte de s'enfuir en hélicoptère dans un lieu inconnu, après avoir "transité" par New Delhi, selon un haut responsable indien.
Revenue au pouvoir en 2009, Sheikh Hasina avait remporté en janvier un cinquième mandat à l'issue d'élections sans réelle opposition.
Le principal syndicat de policiers du Bangladesh a quant à lui demandé "pardon" pour les tirs sur des étudiants, dans un communiqué diffusé mardi.
"Nous nous engageons à mener une enquête juste et impartiale sur chaque meurtre récent d'étudiants, de simples citoyens et de policiers", a déclaré à la presse Mainul Islam, le nouveau chef de la police bangladaise, un jour après sa nomination. Il a également présenté ses excuses pour la conduite des policiers.
Des militaires rétrogradés
Son prédécesseur a été limogé par le président Shahabuddin et l'armée a procédé à plusieurs remaniements parmi ses gradés de haut rang, notamment en rétrogradant certains d'entre eux jugés proches de Sheikh Hasina.
Après l'annonce lundi de la formation future d'un gouvernement intérimaire, des millions de Bangladais étaient descendus dans les rues de Dacca. Les manifestants avaient envahi le Parlement, incendié des chaînes de télévision progouvernementales et brisé des statues du père de la Première ministre déchue, Sheikh Mujibur Rahman, le héros de l'indépendance.
Les bureaux de la Ligue Awami, le parti de Sheikh Hasina, ont été incendiés et pillés à travers le pays. Des commerces et des maisons appartenant à des hindous – un groupe considéré par certains comme proche de Sheikh Hasina – ont également été attaqués, ont raconté des témoins.
L'Inde voisine, les États-Unis et l'Union européenne ont fait part de leur inquiétude après des informations faisant état d'attaques contre des minorités.
Les manifestations avaient commencé début juillet après la réintroduction d'un régime réservant près d'un tiers des emplois dans la fonction publique aux descendants d'anciens combattants de la guerre d'indépendance. Le gouvernement Hasina avait été accusé par les organisations de défense des droits humains de mettre à son service les institutions pour asseoir son emprise et éradiquer toute dissidence.
L'ex-Première ministre et cheffe de l'opposition Khaleda Zia, 78 ans, a été libérée mardi, selon son parti. Grande rivale de Sheikh Hasina, la cheffe du BNP avait été condamnée à 17 ans de prison pour corruption en 2018.
Pour Thomas Kean, du groupe de réflexion International Crisis Group, les nouvelles autorités font face à un formidable défi, celui de "rebâtir la démocratie au Bangladesh, qui a été gravement abîmée ces dernières années".
Avec AFP
Le nouveau gouvernement dirigé par cet économiste de 84 ans devrait prêter serment dès jeudi "vers 20 h (14 h GMT)" au cours d'une cérémonie "en présence a priori d'une centaine de personnes", a annoncé le chef de l'armée, le général Waker-Uz-Zaman.
Dans un discours télévisé à la nation, l'officier s'est dit "certain" que Muhammad Yunus serait "capable de mener un beau processus démocratique dont nous tirerons les bénéfices".
Ce dernier, qui a lancé un "vibrant appel au calme" à ses compatriotes après des violences qui ont fait plus de 400 morts depuis début juillet, a embarqué de Paris pour un vol à destination de Dubaï, où il fera escale avant d'arriver au Bangladesh.
"Je vous demande de vous abstenir de toute forme de violence", a ajouté Muhammad Yunus dans un communiqué, après la fuite, lundi, de la Première ministre démissionnaire Sheikh Hasina et la dissolution du Parlement.
Vers des "élections libres et équitables"
Le Prix Nobel a écrit mercredi dans le magazine britannique The Economist qu'il ferait tout pour que des "élections libres et équitables soient organisées dans les prochains mois" mais qu'il fallait que les jeunes "ne soient pas obsédés par les règlements de comptes, comme l'ont été trop de nos gouvernements précédents".
Tarique Rahman, le président par intérim du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), le principal mouvement d'opposition à Sheikh Hasina, a lui aussi appelé à l'organisation d'un scrutin "le plus vite possible", dans un discours vidéo adressé de son exil londonien à une immense foule dans la capitale Dacca.
Dans un alignement du calendrier, le retour de Muhammad Yunus dans son pays a été facilité par son acquittement mercredi dans un procès en appel pour infraction au droit du travail. Sa condamnation en première instance en janvier, la seule prononcée contre lui sur plus de cent procédures pénales le visant, était considérée comme politique par ses défenseurs.
Il était alors parti à l'étranger après avoir été condamné à six mois de prison, tout en restant libre en attendant l'appel.
La décision de "former un gouvernement intérimaire (...) avec Muhammad Yunus comme chef" a été prise à l'occasion d'une rencontre entre le président Mohammed Shahabuddin, de hauts dignitaires de l'armée et des responsables du collectif Étudiants contre la discrimination, le principal mouvement à l'origine des manifestations déclenchées début juillet, a expliqué mercredi la présidence bangladaise.
L'économiste, connu pour avoir sorti des millions de personnes de la pauvreté grâce à sa banque de microfinance, pionnière en la matière, s'était attiré l'inimitié persistante de Sheikh Hasina, qui l'accusait de "sucer le sang" des pauvres.
Pour Nahid Islam, le meneur du collectif estudiantin qui a participé à la réunion avec le chef de l'État, Muhammad Yunus aura le titre de conseiller en chef.
Le président Shahabuddin a dissous mardi le Parlement, comme le réclamaient les étudiants protestataires et le BNP. Lundi, il avait ordonné la libération des personnes arrêtées pendant les manifestations et des prisonniers politiques. Y compris Michael Chakma, un militant défenseur des minorités ethniques incarcéré dans une prison secrète depuis 2019, a assuré mercredi son parti, le Front démocratique du peuple uni.
Lundi a été la journée la plus meurtrière depuis le début des actions de contestation, avec au moins 122 morts, tandis qu'au moins dix autres personnes ont été tuées mardi, portant le bilan total à au moins 432 morts, selon un décompte de l'AFP reposant sur des sources policières, gouvernementales et médicales.
Ce mouvement a abouti au départ de Sheikh Hasina, 76 ans, contrainte de s'enfuir en hélicoptère dans un lieu inconnu, après avoir "transité" par New Delhi, selon un haut responsable indien.
Revenue au pouvoir en 2009, Sheikh Hasina avait remporté en janvier un cinquième mandat à l'issue d'élections sans réelle opposition.
Le principal syndicat de policiers du Bangladesh a quant à lui demandé "pardon" pour les tirs sur des étudiants, dans un communiqué diffusé mardi.
"Nous nous engageons à mener une enquête juste et impartiale sur chaque meurtre récent d'étudiants, de simples citoyens et de policiers", a déclaré à la presse Mainul Islam, le nouveau chef de la police bangladaise, un jour après sa nomination. Il a également présenté ses excuses pour la conduite des policiers.
Des militaires rétrogradés
Son prédécesseur a été limogé par le président Shahabuddin et l'armée a procédé à plusieurs remaniements parmi ses gradés de haut rang, notamment en rétrogradant certains d'entre eux jugés proches de Sheikh Hasina.
Après l'annonce lundi de la formation future d'un gouvernement intérimaire, des millions de Bangladais étaient descendus dans les rues de Dacca. Les manifestants avaient envahi le Parlement, incendié des chaînes de télévision progouvernementales et brisé des statues du père de la Première ministre déchue, Sheikh Mujibur Rahman, le héros de l'indépendance.
Les bureaux de la Ligue Awami, le parti de Sheikh Hasina, ont été incendiés et pillés à travers le pays. Des commerces et des maisons appartenant à des hindous – un groupe considéré par certains comme proche de Sheikh Hasina – ont également été attaqués, ont raconté des témoins.
L'Inde voisine, les États-Unis et l'Union européenne ont fait part de leur inquiétude après des informations faisant état d'attaques contre des minorités.
Les manifestations avaient commencé début juillet après la réintroduction d'un régime réservant près d'un tiers des emplois dans la fonction publique aux descendants d'anciens combattants de la guerre d'indépendance. Le gouvernement Hasina avait été accusé par les organisations de défense des droits humains de mettre à son service les institutions pour asseoir son emprise et éradiquer toute dissidence.
L'ex-Première ministre et cheffe de l'opposition Khaleda Zia, 78 ans, a été libérée mardi, selon son parti. Grande rivale de Sheikh Hasina, la cheffe du BNP avait été condamnée à 17 ans de prison pour corruption en 2018.
Pour Thomas Kean, du groupe de réflexion International Crisis Group, les nouvelles autorités font face à un formidable défi, celui de "rebâtir la démocratie au Bangladesh, qui a été gravement abîmée ces dernières années".
Avec AFP