« Je tenais à venir ici au Cameroun, a déclaré François Hollande. Il y avait presque quinze ans qu'un président de la République française n'était pas venu en visite officielle dans vote pays Monsieur le président. Je tenais à y venir aussi parce qu'il y a des liens humains qui unissent nos deux pays. Certains de ces liens plongent loin dans notre histoire. Ils peuvent être douloureux et la France regarde toujours avec lucidité son passé pour mieux préparer son avenir et c'est ce que nous avons fait. »
En conférence de presse ce vendredi soir, François Hollande a en effet notamment évoqué la mémoire douloureuse des relations franco-camerounaises. « C’est vrai qu’il y a eu des épisodes tragiques dans l’histoire. Il y a eu une répression dans la Sanaga-Maritime en pays Bamiléké et je veux que les archives soient ouvertes pour les historiens », a-t-il déclaré. Une référence aux épisodes tragiques des années 1950 et 1960 où plusieurs dizaines de milliers de militants indépendantistes pro-UPC ont été massacrés d’abord par l’armée française, puis après 1960 par la jeune armée camerounaise encadrée par des officiers français.
Cette déclaration est la première d’un chef d’Etat français sur ce drame de l’histoire franco-camerounaise. Jamais un président français ne s’était prononcé sur cette grave blessure dans l’histoire des deux nations. C’est un événement historique et un tabou qui est brisé.
Le dossier Lydienne Yen Eyoum
Le deuxième point sensible abordé par les deux présidents concerne le cas de Me Lydienne Yen Eyoum, cette Française d’origine camerounaise emprisonnée à Yaoundé suite à une condamnation de 25 ans pour malversation financière. François Hollande a dit que tous les dossiers avaient été mis sur la table entre Paul Biya et lui, y compris les dossiers humanitaires comme celui-ci.
Le président camerounais a ensuite pris la parole pour dire qu’il s’agissait d’un dossier qui regardait la justice camerounaise et que celle-ci était indépendante, mais qu’il verrait ce qu’il pourrait faire dans le cadre de ce que la Constitution lui permettrait le moment venu. Il n’a donc pas fermé la porte à ce geste humanitaire que demande son homologue français.
Un signe d'espoir pour une libération, estime Caroline Wassermann l'une des avocates de Lydienne Yen Eyoum : « C'est un signe d'espoir assez fort parce qu'on peut comprendre qu'une amnestie peut éventuellement être décidée prochainement. Donc c'est le signe de quelque chose qui se décoince, d'un apaisement du côté de l'Etat camerounais, souligne-t-elle. Maintenant il faut voir dans les faits ce qui va se produire et dans quels délais. »
Il y a une dizaine de jours, la défense de l'avocate d'origine camerounaise avait été reçue à l'Elysée pour enjoindre le président à évoquer le cas Lydienne Yen Eyoum lors de sa visite au Cameroun. C'est donc chose faite. Les choses avancent dans le bon sens. On se souvient, rappelle l'avocate « du précédent Michel-Thierry Atangana, libéré après 17 ans grâce à l'intervention présidentielle notamment et à une décision des Nations unies ».
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