La fin de l'opération française Serval a entrainé une forte diminution des patrouilles dans le nord du Mali. La fin des ravitaillements quotidiens vers Kidal et Tessalit et des survols d'avions ou de drones, ont libéré le terrain et entraîné un retour des jihadistes qui savent se mêler aux populations.
En juin, il a donc été demandé à la Minusma de se déployer dans toute la région. « Première difficulté » , explique un cadre de la Minusma, « nous n'avons pas les moyens des Français, chaque pays doit faire avec ses capacités. Par exemple, il n'y a pas toujours de blindés pour ouvrir les convois ».
Tâche difficile, il a également été demandé à la force onusienne de créer dix camps secondaires dans le nord du Mali. Un programme ambitieux qui doit durer six mois mais à risque car il faut acheminer tout le matériel : « creuser les puits, monter des miradors, sécuriser, tout est à faire et de fait, ça augmente les possibilités d'attaques sur les pistes », analyse un responsable militaire de la Minusma. Les attaques jihadistes touchent donc les forces armées mais également les civils.
A Gao, certains transporteurs refusent désormais d'emprunter les pistes vers Kidal, la semaine passée, le camion d'une compagnie privée qui a sauté sur une mine transportait du matériel pour les Nations unies.
D'où viennent les mines ?
Selon des experts, dans le nord du Mali, les islamistes fabriquent eux-mêmes des engins explosifs. Et même si leur mode de confection est souvent artisanale, ces engins sont redoutablement efficaces. Par exemple, des mines sont fabriquées sans élément métallique afin de ne pas être détectables par les appareils sophistiqués de la mission de l’ONU.
Outre ces fabrications maison, les islamistes se ravitaillent également à partir de la Libye. D’après un spécialiste, les mines transiteraient par le Niger, pays voisin du Mali, et prendraient la direction de la région de Kidal, avant d’être éparpillées dans tout le nord du Mali. Invisibles, elles sont parfois actionnées à distance, à l’aide d’un téléphone portable. D’autres sont posées tout simplement sur les axes routiers qu’empruntent les équipes de la mission de l’ONU.
Tout le monde le reconnaît : ces engins deviennent de plus en plus un véritable cauchemar pour les forces alliées. En moins de deux semaines, c’est le cinquième casque bleu de nationalité tchadienne, qui meurt, victime d’une mine.