Il s'agit bien plus qu’un simple passage de témoin. Les troupes ouest-africaines ne se contentent pas d’adopter le casque bleu des missions de maintien de la paix onusiennes, elles sont rejointes par d’autres troupes, africaines et internationales, envoyées, notamment, par le Burundi, le Bangladesh, la Chine, ou encore le Honduras, la Suède et la Norvège.
Les postes de commandement sont changés et l’effectif total des troupes passe de plus de 6 000 à plus de 12 000 hommes, le double, même s’il faudra plusieurs mois avant d’atteindre ce chiffre. Un effectif justifié par les objectifs très délicats dont se voit chargée la Minusma. C’est elle en effet qui devra superviser le cantonnement des combattants touaregs du MNLA dans la ville de Kidal. Un prélude à leur désarmement, aussi technique sur le plan logistique que politique, tant le sujet est sensible au Mali.
Ce cantonnement est la première phase du désarmement des combattants des groupes armés qui doit rendre au possible la tenue de l’élection présidentielle, toujours prévue pour le 28 juillet. Là encore, les forces onusiennes sont sollicitées. Ce seront elles qui devront veiller à la sécurisation du scrutin. Un scrutin à hauts risques dont les jihadistes chassés du nord du Mali pourraient profiter pour lancer de nouvelles attaques terroristes.
Gao en pleins préparatifs
La transition se prépare surtout sur le terrain. C’est notamment le cas à Gao, la première ville du nord du Mali, dont le camp militaire va accueillir une base tactique de commandement de la Minusma, un hôpital militaire, ainsi que du personnel civil. Une nouveauté onusienne.
Le colonel Gabriel commande le contingent du Niger positionné à Gao. Il confie se préparer depuis des semaines à la transition, notamment pour certaines questions d’intendance, aussi pratiques que symboliques. « Au niveau du contingent que je commande, nous avons déjà reçu un certain nombre de matériels de l’ONU, notamment les bérets et tous les insignes pour commencer dans la foulée l’appartenance à l’ONU », indique-t-il.
Les soldats ouest-africains en poste à Gao sont aujourd’hui plus d’un millier, un nombre qui augmentera sensiblement sous mandat onusien, avec par exemple de bataillons chinois, même si on ne dispose encore d’aucun chiffre ni calendrier précis.
Les Bamakois partagés sur l'arrivée des nouvelles troupes
A Bamako, les Maliens interrogés se disent curieux de voir comment la Minusma va prendre le relais de la Misma. Qu’est-ce qui va changer ? Va-t-on voir des drapeaux des Nations unis partout ? Va-t-on avoir des patrouilles dans toute la ville de Bamako et à l'intérieur du pays ?
D'autres Maliens, plutôt patriotes, craignent de voir le Mali mis sous tutelle. Quel sera le rôle de notre armée nationale ? Notre souveraineté sera-t-elle respectée ? Quelle sera la durée de la présence de la Minusma ?
Et puis il y a les pragmatiques, qui s'intéressent davantage aux retombées économiques que va engendrer ce passage de flambeau et la multiplication des effectifs. « Les affaires vont reprendre, et c'est une bonne chose, il y aura de nouveaux emplois pour de nombreux jeunes Maliens », disent certains. Enfin, il y a ceux qui applaudissent cette arrivée. Grâce aux forces onusiennes, le pays va être davantage sécurisé.