Les motivations des votes exprimés lors des municipales demeurent locales. Mais, derrière les millions de gestes individuels, se dessine, comme si les électeurs s’étaient donné le mot, un message subliminal très clair à l’adresse du chef de l’Etat : il y a encore du chemin à faire. Les élections municipales de 2014 resteront comme l’archétype de ces scrutins intermédiaires assassins pour le pouvoir en place. Le millésime local de 2014 dit également beaucoup de ce Sénégal défiant à l’égard du pouvoir politique.
L'autopsie de la déroute nous enseigne qu'au delà des soit disants responsables, c'est le mi-mandat qui a été sanctionné en plus de certains comportements. Les petites mains qui avaient grandement contribués à l'élection du Président de façon spontanée et avec beaucoup de Yakaar ont été royalement ignorés au profit de transhumants et de recommandés. Cette injustice a fini d'installer la chienlit à tous les niveux dans l'Apr. Des membres du SEN et du Directoire ont été laminés dans leurs «fiefs» s'ils n'y ont échappé pour cause de maladie ou de forclusion. Idem pour les structures affiliées et en particulier chez les cadres plus intéressés par les prébendes, les querelles de borne-fontaines et le cannibalisme politique.
De même ceux qui pensaient qu'avec un poste au gouvernement ou de Dg ou Pca, ils pouvaient se payaient une base et arrachaient un mandat électif ont tout faux. On ne fait pas les choses à l'envers.
Les Sénégalais sont désespérés de certains comportements et responsables politiques, mais sont pas pour autant désespérés de la Politique. C'est le moment ou jamais de passer à la vitesse supérieure en instaurant les mécanismes de la démocratie interne en donnant la parole à la base et en définissant une pensée de pouvoir. Les ambitons du Pr pour le Sénégal vont à l'horizon 2035 et rien que pour cela il a besoin d'une machine politique véritable car BBY et Macky 2012 n'en sont pas une.
Aussi une telle sanction à l’égard du pouvoir est un warning inquiétant pour la présidentielle de 2017. Il ne faut pas chercher plus loin les raisons du choix de Mohamed Boune Abdallah Dionne à la Primature. Le quinquennat s'il est adopté tangue pour ne pas dire est en danger. Le président de la République s’en remet à un technocrate pour que le bilan soit défendable. L'équipe de Mohamed Boune Abdallah Dionne est composée de 33 membres et de Secrétaires d' Etat. Certains piliers du cabinet sortant de Mimi Touré sont maintenus. Dans sa toute première déclaration, le nouveau PM a décliné en quelque sorte sa feuille de route/lettre de mission basée sur 7 secteurs prioritaires.
Néanmoins malgré ces v?ux pieux force est de constater que la montagne a accouché d'une souris. Presque quarante ministres alors qu'on prône la rupture, des doublons et des incohérences dans l'agencement de certains départements sèment le doute dans beaucoup d'esprits. Mais l'autre fait marquant est l'entrée de SJD comme Secrétaire d'Etat en charge des Sénégalais de l'Extérieur. Nomination qui a fait un bug si l'on considère les faits et gestes de la personne et qui sont encore frais dans la mémoire des Sénégalais. Déjà beaucoup d'entre eux n'avaient pas compris depuis sa désignation pour occuper le poste de chef du bureau économique à Bruxelles ensuite Directeur de la communication présidentielle et maintenant Secrétaire d'Etat.
Des compétences à même de piloter ce département,il y a en au niveau des cadres républicains et de la société civile. Des profils qui sont sur le terrain depuis des années tant aussi niveau des assocs que les projets de partenariat. Cependant de par notre Constitution «le PR nomme à toutes les fonctions civiles et militaires» donc nous prenons acte et attendons de voir ce que cela va donner concrétement. Néanmoins la démarche est tout à fait clivante...
Le cabinet Dionne a vu le jour suite aux résultats consécutifs aux élections locales du 29 juin dernier. A côté de l'action gouvernementale qui est un vaste chantier car il ne faudrait pas que les fleurs des promesses ne se fânent et ne s'envolent comme fétu de paille. Le second concerne l'Apr qui doit être enfin structurée comme un véritable parti politique car jusqu'à présent elle fonctionne sur le modèle d'une faction. Car les électeurs sont malins. Le sens de leur vote est avant tout motivé. Donc derrière les millions de gestes individuels, se dessine, comme s’ils s’étaient donné le mot, un message très clair à l’adresse du chef de l’Etat et Président de l'Apr: c'est le moment où jamais de faire bouger les lignes.
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