Il faut voir d’abord que l’élection a été bien organisée, malgré le court délai. Mais nous avons une direction générale des élections (DGE) bien rompue à la tâche. Elle a organisé beaucoup d’élections de très haute facture. Maintenant la culture politique de l’opposition sénégalaise c’est quand elle gagne l’élection c’est super quand elle a perdu l’élection elle est volée.
Maintenant qu’ils ont gagné, heureusement pour nous, on ne va pas dire que l'élection est volée.
Maintenant le résultat pour moi, c’est la résultante d’une dynamique. C’est une dynamique de changement qui a été enclenchée depuis le début du second mandat de Macky Sall. Et dont l’aboutissement aujourd’hui est la sanction contre le candidat de Macky Sall. Enfin, n’importe quel candidat présenté par Ousmane Sonko contre le candidat de Macky Sall aurait gagné cette élection. Pour moi, c’était un référendum pour ou contre la continuité, les Sénégalais qui étaient dans une dynamique de changement, étaient pour la rupture ou pour un ordre moral nouveau.
Comment analysez-vous la forte mobilisation des jeunes lors du scrutin de dimanche dernier?
Tout le monde était mobilisé. D’une manière générale, il y a eu des gens de tout âge, les femmes, les jeunes et les vieux qui sont sortis pour aller voter. Vous savez on dit souvent que la réalité n’est pas importante c’est la perception que les gens ont de la réalité qui est importante en politique. Et la perception que les gens ont de la réalité, c’est que les horizons étaient bouchés et ils ont l’impression que c’est la présence de Macky Sall et son équipe qui bouchent les horizons. Donc, il s’est passé beaucoup de choses depuis 2021, l’affaire Adji Sarr, l’affaire Mame Mbaye Niang avec cette histoire de “gatsa gatsa” toutes ces choses-là ont impacté et les Sénégalais étaient pressés d’en finir. La plupart avait envie d’en finir de cette belle manière : par les urnes.
L’élection de Bassirou Diomaye donne-t-il une nouvelle impulsion à la jeunesse?
Certainement que ça fait rêver. On a vu hier, les effusions de joie qu'il y a eu à Dakar et un peu partout au Sénégal. Cela veut dire que beaucoup de Sénégalais sont persuadés d’avoir trouvé quelque chose. C’est vrai qu’ils n'apprennent pas de ce que Cheikh Anta Diop a dit. Comme on dit c’est une lumière qui passe. Une lumière qui aveugle tout le monde. Ce qui est clair, tout ce que le Pastef fait, on peut le ranger aux rayons des promesses de campagne. Charles Pasqua disait que “la promesse de campagne n’engage que ceux qui y croient”.
Est-ce qu’ils auront un temps de répit, au regard du niveau de la barre d’espoir placée aussi haut?
A leur place, je ne serais pas dans un état d’esprit jouissif, je serais plutôt craintif. Quand même, ils ont promis des choses. Ils ont surtout promis un ordre moral nouveau. Ils ont promis de bousculer des habitudes, de renégocier des contrats. Déjà, ce qui est quasiment impossible. Abdoulaye Wade l’a tenté une fois avec cette histoire de Arcélor Mital. Mais cela a coûté tellement cher à l’Etat du Sénégal que les gens ne pouvaient pas avancer. Je sais que si les gens font le monitoring de leurs promesses pour voir si leurs promesses sont tenues réellement, pour voir dans les cent jours de leur gouvernance ce qu’ils vont faire ou ce qu’ils vont pouvoir faire. On aura une idée. Maintenant, le souhait de tout bon président c’est qu’ils réussissent dans leur mission. Maintenant, il faut reconnaître qu’ils ont promis des choses qui ne sont pas faciles à obtenir.
Nous avons vu certaines villes comme Kaolack, Diourbel, Dakar et même Saint-Louis tombées dans l’escarcelle de la coalition Diomaye Président. Quelles en sont les causes ?
Est-ce qu’on est pas en train d’assister au crépuscule des hommes politiques comme Khalifa Sall, Idrissa Seck pour ne citer que ceux-là?