A force de jouer avec le court terme, la Sar (Société africaine de raffinage) risque tout bonnement de… tourner court. Plus d’assistance technique depuis le mois de mai dernier, date à laquelle le contrat d’assistance technique jusque-là assurée par la compagnie Total qui détient 20% dans le capital de la Sar, est arrivé à terme sans que celui-ci n’ait été renouvelé ni révisé. C’est le statu quo !
Quand on sait l’importance de l’assistance technique notamment d’une compagnie comme Total non seulement pour une raffinerie comme la Sar mais encore aux yeux des potentiels investisseurs et partenaires, on apprécie d’autant plus le danger de la léthargie dans laquelle semblent être plongés les dirigeants de l’entreprise et au-delà l’Etat sénégalais.
Où est la volonté ?
C’est aussi le statu quo pour ce qui est des investissements dont le besoin est davantage impérieux pour remettre à flot une raffinerie qui est aujourd’hui en sous-capacité, produisant tout au plus 500 à 700 000 tonnes de finis pour un objectif de 1,2 million de tonnes. Objectif qui devrait passer d’ailleurs à 3 millions de tonnes, mais dans une Sar reliftée si toutefois l’ambitieux Programme d’extension et de modernisation de la Sar, le fameux PEMS, était mis en œuvre. Or, jusqu’ici, personne n’est en mesure de dire ce qu’il en est de ce PEMS dont on nous parle de pré-pems qui serait une étude de pré-faisabilité. Autrement dit, depuis son installation aux commandes de la Sar, outre les 7 milliards de FCfa pour acquérir 34% du capital de la raffinerie, suivis d’un engagement à mobiliser à terme une enveloppe de 250 milliards FCfa de manière à porter la capacité de raffinage de la Sar à 2,5 ou 3 millions de tonnes, le groupe saoudien Bin Ladin qui par ailleurs envisageait de monter à 51% dans le capital, n’y a pas mis un rond.
Ce Pems devait permettre à la fois de couvrir les besoins du Sénégal dans les 20 prochaines années et d’exporter sur le marché international. De plus, il devait également contribuer à la sécurisation définitive de l’approvisionnement du Sénégal en produits pétroliers et particulièrement les besoins de Senelec et des Ipp.
L’arrivée du Groupe saoudien dans le capital de la Sar, en mars 2010, s’inscrivait dans le cadre de la politique de développement des infrastructures du Sénégal dont l’objectif est de « doter le pays d’un outil industriel stratégique, moderne, performant et capable de soutenir son émergence économique».
Plus de deux ans après, la question qu’on peut valablement se poser est de savoir si le partenaire stratégique et même les autorités de l’Etat ont réellement la volonté de sortir la Sar de l’ornière ? Car dans le même temps, les difficultés actuelles de la raffinerie se conjuguent en trésorerie et en endettement, un cocktail explosif qui appelle un souffle financier et un rythme d’activité conséquents, que la Sar n’a pas, loin s’en faut. L’Etat reste lui devoir quelque dizaine de milliards en termes de subventions sur le gaz butane tandis que la dette commerciale-fournisseur se monterait à quelque 60 milliards de FCfa. Pendant ce temps, les partenaires financiers comme Ecobank ou UBA sont à l’affut pour rentrer dans les fonds qu’ils ont récemment avancés (194 milliards en 2010 et 45 milliards en 2011).
Redistribution des cartes
Entretemps, dans ce contexte sulfureux, certains cadres de l’entreprise n’ont pas demandé leur reste et ont préféré négocié leur départ. Récemment, la direction générale avait parlé de « promotions internes et à venir », avec un « programme d’insertion de nouveaux cadres en cours de finalisation ». Au constat, on a plutôt noté l’arrivée d’un cadre de la Sénélec à la tête du département commercial et Aymérou Ngnigue, certes diplômé de l’Institut Français du Pétrole et des moteurs et de HEC Montréal mais non moins cadre des Industries chimiques du Sénégal(Ics) et militant attitré de l’Apr(Alliance pour la République). De quoi susciter quelques circonspections au niveau des travailleurs de la Sar qui par ailleurs, avaient reçu la promesse d’intégrer le capital de la Sar.
Sous ce rapport, une redistribution des cartes au niveau du capital de la Sar semble être aujourd’hui la voie à emprunter, avec un partenaire stratégique financièrement solide et qui a surtout la ferme volonté de moderniser la Sar, si tant est que l’ambition de l’Etat est de conserver l’outil de raffinage et d’en faire encore le pilier au cœur de la politique énergétique du pays. Dans cette perspective, une ouverture du capital de la Sar aux acteurs nationaux ne serait pas non plus superflue, étant donné qu’aujourd’hui, le réseau de distribution est assuré à 50% par des nationaux. Si bien sûr, à l’instar des majors, ils ne se réfugient pas derrière l’argument de la structure des prix pour ne pas investir dans l’infrastructure.
Quoi qu’il en soit, le conseil d’administration qui se réunit ce mercredi 10 octobre a là, une carte cruciale à jouer. La tendance court-termiste et le statu quo ont assez duré et il va sans dire que, dans la situation de non investissement doublée des problèmes de cash flow, un arrêt prolongé pour ne pas dire une fermeture de la Sar risquerait de plonger le pays dans le noir. La centrale de Kounoune, pour ne prendre que cet exemple, ne peut fonctionner qu’avec le fioul de la Sar…
Source : Sudonline
Quand on sait l’importance de l’assistance technique notamment d’une compagnie comme Total non seulement pour une raffinerie comme la Sar mais encore aux yeux des potentiels investisseurs et partenaires, on apprécie d’autant plus le danger de la léthargie dans laquelle semblent être plongés les dirigeants de l’entreprise et au-delà l’Etat sénégalais.
Où est la volonté ?
C’est aussi le statu quo pour ce qui est des investissements dont le besoin est davantage impérieux pour remettre à flot une raffinerie qui est aujourd’hui en sous-capacité, produisant tout au plus 500 à 700 000 tonnes de finis pour un objectif de 1,2 million de tonnes. Objectif qui devrait passer d’ailleurs à 3 millions de tonnes, mais dans une Sar reliftée si toutefois l’ambitieux Programme d’extension et de modernisation de la Sar, le fameux PEMS, était mis en œuvre. Or, jusqu’ici, personne n’est en mesure de dire ce qu’il en est de ce PEMS dont on nous parle de pré-pems qui serait une étude de pré-faisabilité. Autrement dit, depuis son installation aux commandes de la Sar, outre les 7 milliards de FCfa pour acquérir 34% du capital de la raffinerie, suivis d’un engagement à mobiliser à terme une enveloppe de 250 milliards FCfa de manière à porter la capacité de raffinage de la Sar à 2,5 ou 3 millions de tonnes, le groupe saoudien Bin Ladin qui par ailleurs envisageait de monter à 51% dans le capital, n’y a pas mis un rond.
Ce Pems devait permettre à la fois de couvrir les besoins du Sénégal dans les 20 prochaines années et d’exporter sur le marché international. De plus, il devait également contribuer à la sécurisation définitive de l’approvisionnement du Sénégal en produits pétroliers et particulièrement les besoins de Senelec et des Ipp.
L’arrivée du Groupe saoudien dans le capital de la Sar, en mars 2010, s’inscrivait dans le cadre de la politique de développement des infrastructures du Sénégal dont l’objectif est de « doter le pays d’un outil industriel stratégique, moderne, performant et capable de soutenir son émergence économique».
Plus de deux ans après, la question qu’on peut valablement se poser est de savoir si le partenaire stratégique et même les autorités de l’Etat ont réellement la volonté de sortir la Sar de l’ornière ? Car dans le même temps, les difficultés actuelles de la raffinerie se conjuguent en trésorerie et en endettement, un cocktail explosif qui appelle un souffle financier et un rythme d’activité conséquents, que la Sar n’a pas, loin s’en faut. L’Etat reste lui devoir quelque dizaine de milliards en termes de subventions sur le gaz butane tandis que la dette commerciale-fournisseur se monterait à quelque 60 milliards de FCfa. Pendant ce temps, les partenaires financiers comme Ecobank ou UBA sont à l’affut pour rentrer dans les fonds qu’ils ont récemment avancés (194 milliards en 2010 et 45 milliards en 2011).
Redistribution des cartes
Entretemps, dans ce contexte sulfureux, certains cadres de l’entreprise n’ont pas demandé leur reste et ont préféré négocié leur départ. Récemment, la direction générale avait parlé de « promotions internes et à venir », avec un « programme d’insertion de nouveaux cadres en cours de finalisation ». Au constat, on a plutôt noté l’arrivée d’un cadre de la Sénélec à la tête du département commercial et Aymérou Ngnigue, certes diplômé de l’Institut Français du Pétrole et des moteurs et de HEC Montréal mais non moins cadre des Industries chimiques du Sénégal(Ics) et militant attitré de l’Apr(Alliance pour la République). De quoi susciter quelques circonspections au niveau des travailleurs de la Sar qui par ailleurs, avaient reçu la promesse d’intégrer le capital de la Sar.
Sous ce rapport, une redistribution des cartes au niveau du capital de la Sar semble être aujourd’hui la voie à emprunter, avec un partenaire stratégique financièrement solide et qui a surtout la ferme volonté de moderniser la Sar, si tant est que l’ambition de l’Etat est de conserver l’outil de raffinage et d’en faire encore le pilier au cœur de la politique énergétique du pays. Dans cette perspective, une ouverture du capital de la Sar aux acteurs nationaux ne serait pas non plus superflue, étant donné qu’aujourd’hui, le réseau de distribution est assuré à 50% par des nationaux. Si bien sûr, à l’instar des majors, ils ne se réfugient pas derrière l’argument de la structure des prix pour ne pas investir dans l’infrastructure.
Quoi qu’il en soit, le conseil d’administration qui se réunit ce mercredi 10 octobre a là, une carte cruciale à jouer. La tendance court-termiste et le statu quo ont assez duré et il va sans dire que, dans la situation de non investissement doublée des problèmes de cash flow, un arrêt prolongé pour ne pas dire une fermeture de la Sar risquerait de plonger le pays dans le noir. La centrale de Kounoune, pour ne prendre que cet exemple, ne peut fonctionner qu’avec le fioul de la Sar…
Source : Sudonline
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