Juillet 2009, le premier président afro-américain de l'Histoire effectue son premier déplacement en Afrique - , six mois après son arrivée à la Maison Blanche. "Le sang de l'Afrique coule dans mes veines, avait déclaré Barack Obama devant les Ghanéens. L'histoire de ma famille comprend à la fois les tragédies et les triomphes de l'histoire plus large de l'Afrique". Une visite pleine d'espoir pour le peuple africain.
Quatre ans plus tard, l'euphorie est retombée pour laisser place à la déception car le président américain n'est pas revenu sur le continent. Pour cette première grande tournée africaine du chef d'État américain, qui se déroulera du 26 juin au 3 juillet et débutera par le Sénégal, se poursuivra en Afrique du Sud puis en Tanzanie, Obama aura donc a cœur de rappeler son message fort délivré à l'époque, selon lequel "les Africains n'ont pas besoin d'hommes forts mais de fortes institutions".
"Les États-Unis se doivent d'être présents"
Si l'actuel locataire de la Maison Blanche s'est, il est vrai, rapidement détourné de son continent d'origine pour privilégier la crise économique, les révolutions du printemps arabe, la fin de l'engagement américain en Irak et en Afghanistan, ou lorgner davantage vers l'Asie, ce voyage aura pour objectif de convaincre les Africains que les États-Unis y possèdent des intérêts vitaux qu'ils entendent bien protéger et faire fructifier. "L'Afrique est un continent où les États-Unis se doivent d'être présents et nous sommes ravis de pouvoir envoyer, en tout début de son second et dernier mandat, un message sur un engagement américain approfondi", a souligné cette semaine Ben Rhodes, conseiller diplomatique de la Maison blanche.
Mais les Africains savent bien que Barack Obama n'est pas prêt de s'engager au point de lancer une grande initiative en matière de santé publique ou de commerce sur le continent, comme l'ont fait ses deux prédécesseurs. Bill Clinton (1992-2000) reste à leurs yeux "leur" président pour avoir été le premier chef de l'exécutif américain à se rendre plus d'une fois sur le continent, et aussi pour avoir promulgué "la loi sur la croissance en Afrique", qui a levé les barrières commerciales sur plus de 6 000 produits d'exportation de 35 pays d'Afrique à destination des États-Unis. Même George W. Bush reste plus populaire chez les Africains qu'Obama, notamment grâce à son grand plan lancé en 2003 pour combattre le sida.
L'ombre de Nelson Mandela
Au cours de ce voyage, durant lequel Obama se rendra en Afrique du Sud du 28 juin au 1er juillet, planera l'ombre de Nelson Mandela, dont l'état de santé est jugé critique. Les spéculations vont bon train sur le fait de savoir si l'agenda du président américain risque d'être modifié, voire carrément interrompu, en cas de décès de l'ancien militant de la lutte anti-apartheid.
La ministre sud-africaine des Affaires étrangères Maite Nkoane Mashebane a affirmé mardi 25 juin que le président américain ne rencontrerait probablement pas Mandela. Barack Obama, qui n'a rencontré Nelson Mandela qu'à une seule occasion en 2005 alors qu'il était jeune sénateur, n'exclut pas de rendre visite à sa famille.
Un déplacement estimé entre 60 à 100 millions de dollars
Seul pays manquant sur le parcours d'Obama lors de cette tournée : le Kenya, terre natale de son père. Un choix qui suscite l’incompréhension d’une partie de la population. Mais l'administration américaine ne cache pas son souhaite de vouloir prendre ses distances avec le nouveau président kenyan élu Uhuru Kenyatta, a indiqué le conseiller diplomatique de la Maison Blanche Ben Rhodes lors d'une conférence de presse. Kenyatta est poursuivi pour crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale pour son implication présumée dans les violences postélectorales de 2007, qui avaient fait plus de 1 000 morts. Son procès, qui devait s’ouvrir le 9 juillet, a été reporté au 12 novembre.
Pendant qu'Obama tente de reconquérir le cœur des Africains, son déplacement fait l'objet d'une vive polémique outre-Atlantique. Son coût est estimé entre 60 et 100 millions de dollars, selon le Washington Post, qui s'est procuré un document confidentiel détaillant un déploiement important (56 véhicules, dont 14 limousines, un navire de l'armée équipé comme hôpital stationné au large des côtes africaines, une centaine d'agents déployés sur place).
avec France 24
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