« Nous nous sommes tous sentis agressés ». C’est en ces termes que les trois chefs d’Etat ont réagi face aux menaces de Boko Haram. Face au sursaut des Nigériens, le président togolais Faure Gnassingbé s’est dit impressionné : « Nous devons saluer le sursaut du peuple nigérien, et, surtout, féliciter et saluer la bravoure, la combativité des forces armées du Niger qui ont su repousser les différentes attaques ».
Pour le président béninois Boni Yayi, solidaire du Niger dans l’épreuve qu’il traverse, la guerre contre Boko Haram n’est pas négociable. « Nous sommes déterminés à en finir, a-t-il déclaré. La guerre contre Boko Haram pour nous n’est plus négociable. La guerre contre Boko Haram devient maintenant une affaire de résistance populaire. La guerre contre Boko Haram exige l’union sacrée de toutes les forces politiques, de la société civile, de toutes les populations. »
En remerciant ses frères togolais, béninois et ivoirien, le chef de guerre nigérien, comme l’a si gentiment rappelé le président togolais, s’est dit déterminé à éradiquer Boko Haram dans l’espace sahélo-saharien. « Nous sommes déterminés à éradiquer Boko Haram dans la sous-région. Boko Haram sera vaincu. Inch’Allah. Je n’ai aucun doute », a répété Mahamadou Issoufou. En attendant les 8 500 hommes de la force multinationale, Boko Haram vient de faire de nouvelles victimes : deux soldats nigériens ont trouvé la mort mardi à Bosso, leur véhicule a sauté sur une mine.
■ Nigeria : Amnesty International tire la sonnette d’alarme
C'est un rapport très sombre que dresse pour 2014 l'ONG Amnesty International : une année noire pour les droits humains avec une multiplication des conflits et la montée en puissance de groupes armés, tels que l'organisation Etat islamique ou Boko Haram au Nigeria. Ces groupes ont les moyens de contrôler de larges portions de territoires et imposent des destructions et des exactions terribles aux populations civiles.
Dans le cas de Boko Haram, Amnesty International dénonce la passivité et l'inaction de la communauté internationale. « Au Nigeria après l’enlèvement des jeunes lycéennes, tout d’un coup, on a eu l’impression que le monde découvrait ce qui se passait dans le nord-est du Nigeria. Mais après cet enlèvement, il y a eu la conférence de Paris, explique Geneviève Garrigos, présidente d'Amnesty International France. Les chefs d’Etat de la région sont venus, les Etats-Unis, tout le monde s’est engagé à aider. Qu’est-ce qui s’est passé dans les mois qui ont suivi ? Pratiquement rien. »
« Du côté français, on nous disait : "on a amélioré le renseignement". Sauf que pendant tous ces derniers mois, ce qu’on a vu, c’est que les exactions de Boko Haram, les enlèvements, les meurtres, ont continué, poursuit Geneviève Garrigos. Les exactions, les meurtres, la torture par l’armée nigériane, c’était la même chose. Que ce soit au niveau des instances occidentales, mais au niveau des instances africaines et d’autres régions, on voit qu’il y a une inertie totale et ça laisse propager, ça laisse se développer, justement, tous ces conflits qui sont particulièrement meurtriers et particulièrement violents. »