Le message est en haoussa. Huit minutes d'une voix identifiée par des spécialistes du groupe ex-Boko Haram comme étant celle de Abou Bakr Shekau. Shekau, plus vivant et plus combatif que jamais, défie les présidents Idriss Déby et Muhammadu Buhari.
« On peut lire partout dans les médias mondiaux des infidèles que je suis mort ou que je suis malade et que j'ai perdu mon influence, mais on doit comprendre que c'est faux. C'est un mensonge », lance victorieux Shekau. Selon les experts en renseignements, le message a été enregistré tout récemment, puisqu’ il fait allusion aux dernières déclarations des présidents Déby et Buhari qui datent du 11 et du 13 août dernier.
Evoquant le président tchadien, il parle d'un hypocrite et d'un tyran. Parlant du président nigérian, il le qualifie de « prétentieux et de menteur ». Muhammadu Buhari avait promis jeudi d'éliminer le groupe islamiste dans les 3 mois. Shekau s'amuse : « ça fait trois ans que vous n'avez pas réussi à nous éliminer ».
Dans le message, diffusé dimanche 16 août, le responsable jihadiste parle pour la première fois de lui même comme étant le chef de la branche ouest africaine de l'EI et rend hommage à Abou Bakr al-Baghdadi, le chef du groupe Etat Islamique. L'EI qui, selon des spécialistes, assure désormais la communication des ex-Boko Haram. Le message de Shekau a été immédiatement traduit en arabe pour une plus grande diffusion.
Plan de communication
Selon le chercheur sur les questions islamiques, Romain Caillet, ex-Boko Haram met en oeuvre une nouvelle façon de communiquer illustrant l'allégeance du groupe nigérian à l'Etat islamique : « Dès le départ, ils ont refusé le nom de Boko Haram, considéré comme péjoratif ». Leur nom était, en français, le Groupe sunnite pour la prédication et le jihad. « Ils ont changé de nom après avoir fait allégeance à l'Etat islamique, et sont devenus la wilaya de l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest », explique le chercheur.
« Maintenant, l'Etat islamique a clairement pris en main la communication de ce groupe jihadiste, cet ex-Boko Haram. La communication est maintenant beaucoup plus carrée, beaucoup mieux organisée. Par exemple, on a eu là un message audio dont il y a eu une traduction tout de suite après qui a permis aux arabophones de comprendre l'essentiel du communiqué. Ça démultiplie la force de frappe médiatique de Boko Haram qui, jusqu'à présent, devait donner des vidéos à l'AFP qui, bien sûr, n'en présentait qu'une partie. Désormais, ils ont tous les communicants de l'Etat islamique à leur service. Et la communication est quelque chose de vital pour une organisation jihadiste », souligne Romain Caillet.
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