Manifestement, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) est plus conciliante que l'Union africaine vis-à-vis du Burkina Faso. Jeudi 6 novembre à Accra, les chefs d'Etat de la sous-région se sont prononcés contre des sanctions internationales contre le Burkina.
Dans un communiqué, la conférence des chefs de l'Etat ouest-africains lance même un appel à la communauté internationale et aux partenaires afin qu'ils n'imposent pas de sanctions au Burkina Faso « compte tenu des efforts en cours au niveau de la région » et qu"ils continuent à soutenir ce pays en cette « période délicate ».
Dès lundi, l'UA menaçait pour sa part le Burkina Faso de santions si les militaires ne remettaient pas le pouvoir aux civils dans les deux semaines. Délai qui, semble -t-il, n'impressionne pas le lieutenant-colonel Zida qui avouait ce jeudi que ce délai n'engageait que l'Union africaine.
La Cédéao se veut donc compréhensive vis-à-vis du Burkina. Jeudi, les chefs d'Etat ouest-africains ont exprimé leur profonde gratitude envers le lieutenant-colonel Zida et l'armée burkinabè pour leur professionnalisme dans le maintien de la sécurité, de la loi et de l"ordre et pour leur rôle positif dans la mise en place d'un processus de transition dirigé par une personnalité civile.
La Cédéao veut donner sa chance à une expérience qui n'est pas un coup d'Etat militaire mais une insurrection populaire, analyse un diplomate ouest-africain : « ce n'est ni le Niger de Salou Djibo ni le Mali de Sanogo », précise-t-il.
Positions complémentaires
N’y a-t-il pas contradiction, sur ce dossier, entre la position de la Cédéao et celle de l'Union africaine ? Non, car les positions des deux institutions africaines sont complémentaires, assure Edem Kodjo, envoyé spécial de l'Union africaine, au micro de RFI. « La Cédéao est dans son rôle : lorsqu’elle intervient pour trouver une solution à une crise dans un des pays membres, elle a tout intérêt à demander à ce qu’il n’y ait pas de sanctions immédiates. L’Union africaine est également dans son rôle. C’est sur insistance du président en exercice de la Cédéao que Mme Zuma (la présidente de la Commission de l’UA) est intervenue auprès du Conseil de paix et de sécurité pour que l’on donne un délai de quinze jours au Burkina Faso. Elle aurait pu prendre une sanction immédiate, comme cela s’est déjà vu dans le passé, dans d’autres Etats », relève l’envoyé spécial de l’UA.
« C’est le même combat pour l’UA et pour la Cédéao : nous recherchons tous une solution, et nous la voulons vite. Nous voulons un civil pour diriger la transition, et c’est également ce que la Cédéao veut : il n’y a aucune contradiction », estime Edem Kodjo.
Pour mémoire, une commission composée de l'ancienne opposition à Blaise Compaoré, de la société civile et des chefs religieux et traditionnels travaille à l'élaboration d'une charte de la transition. Cette charte devrait être validée demain, samedi, et présentée lundi prochain aux médiateurs internationaux de la troïka ONU-UA-Cédéao.
La Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest a aussi désigné le président sénégalais, Macky Sall, pour conduire le groupe de contact sur le Burkina Faso. Ce dernier semble confiant sur le fait que le colonel Zida va remettre le pouvoir à une personne consensuelle issue de la société civile.
Principale mission du président sénégalais : suivre de près le déroulement de la transition au Burkina Faso jusqu’à l’élection de novembre 2015. Macky Sall devra rendre compte de chaque étape du processus de transition à ses pairs ouest africains et et veiller à ce que la Charte de la transition, en cours d’élaboration, soit respectée.
D’après un membre de sa délégation, « ce sont ses relations personnelles avec chaque acteur de la scène politique burkinabè qui entrent en jeu ». En effet, selon ce responsable sénégalais joint par RFI, Macky Sall connait aussi bien les leaders de l’opposition, que les dirigeants de l’ancien régime. Il a, martèle cette source, une réelle confiance en le lieutenant-colonel Zida, qui lui a assuré, « avoir accepté de transférer le pouvoir ».
Selon son entourage, le facilitateur sénégalais veut « donner du temps » pour permettre le choix d’une personnalité civile consensuelle : « il n’est pas question précise un de ses proches, de choisir quelqu’un dans la précipitation, qui sera par la suite contesté par la rue ».
Enfin, sur la même lancée que la Cédéao, Macky Sall se veut conciliant : « il veut éviter au Burkina, des sanctions de la communauté internationale, explique un diplomate, parce que c’est un pays déjà pauvre et enclavé ».
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